Le combat de la classe moyenne
13 mai 2002
Depuis le 8 mai, les employés de Vidéotron Ltée (câble et Internet)
sont en conflit de travail. Grève ou lockout, cest comme vous
voulez. À zéro heure une minute les deux syndicats entraient en
grève et 14 minutes plus tard, pour être bien sûr quils ne
rentrent pas au travail, lemployeur déclenchait un lock-out.
Dès les premières heures, le conflit a été marqué par un peu de
brasse-camarade. À Québec, sous le nez des grévistes, des cadres
ont annoncé que des briseurs de grève allaient sortir leurs camions
pour les remettre à Entourage. Ce ne sont pas des camions qui
partaient, mais bien les emplois, les fonds de retraite et, dans
bien des cas, la maison familiale chèrement acquise
Personne
napprouve le bris de matériel, mais encore moins le bris de la vie
de centaines dhonnêtes travailleurs qui ont permis à la compagnie
Vidéotron denregistrer lan dernier, et encore au dernier
trimestre, des profits plus quenviables.
Un conflit de travail vicieux
Parce que cest bien de cela quil sagit! Vicieux parce quun PDG,
Pierre Karl Péladeau, élevé avec une cuiller dargent dans la
bouche, veut maximiser ses profits, quitte à ruiner la vie de
centaines de personnes, dont visiblement il na rien à foutre
Vicieux aussi parce que le gouvernement du Québec sen fait le
complice par son bras financier, la Caisse de dépôt et placement,
et participe à cette charge à fond de train contre les employés.
Tout le monde se souvient de la transaction fumeuse qui a permis à
PKP de mettre la main sur Vidéotron. Mais, qui se souvient des
groupes et personnalités qui ont appuyé cette transaction quand
elle fut soumise au CRTC? Les employés de Vidéotron qui ne le
savent pas déjà, seront « heureux » dapprendre quen mars 2001,
Quebecor se vantait davoir lappui de « 140 organismes et
intervenants publics » à sa demande de transfert des licences
de Vidéotron et TVA.
Parmi ces appuis, on retrouvait le Conseil du patronat du Québec,
la Chambre de commerce du Québec, le Forum pour lindustrie de la
télévision et du cinéma, lauteur Guy Fournier, le directeur des
Hautes Études Commerciales, Jean-Marie Toulouse, titulaire de la
chaire de la Fondation Daniel-Langlois en technologies numériques
et en beaux-arts de lUniversité Concordia, Hervé Fisher, et le
président de Sogestalt, Guy Latraverse. Il serait très certainement
intéressant dentendre aujourdhui toutes ces personnes, qui
gagnent plus quhonorablement leur vie, expliquer aux employés de
Vidéotron pourquoi ils devraient accepter de perdre leur emploi, de
voir leur salaire réduit de 35%, de perdre leurs fonds de retraite,
etc.
Nos politiciens ne seront pas en reste. Évidemment, ils refuseront
de sen mêler, Bernard Landry en tête. Cest ce quil a dailleurs
déjà répondu au journaliste Denis Lessard, de La Presse.
Comme Québécois, on aura vu mieux que Péladeau et Landry.