Plus de questions que de réponses
2 septembre 2004
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du Conseil FTQ Muricie/Centre-du-Québec, Robert Pilotte
animateur-vedette de CHLN, Serge Alarie journaliste et Linda Craig
du Service de la recheche du SCFP, lors du point de presse tenu en
après-midi à Trois-Rivières. Photos Daniel Jalbert
Alors que, à compter de mardi, le Conseil de
la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) se
penchera sur la transaction concernant le réseau Radiomédia, pour
les employés de CHLN, à Trois-Rivières, l’avenir de la station de
radio devient de plus en plus nébuleux. Et les récentes sorties
publiques de la direction de Corus ont apporté plus
d’interrogations que de réponses.
«C’est très inquiétant, a commenté Robert Pilotte,
animateur-vedette de CHLN. On se demande ce qu’il restera de
CHLN. La production locale sera limitée à quatre heures par jour,
c’est-à-dire 20 heures par semaine, et on ne sait pas ce qu’il
adviendrait d’une émission d’affaires publiques comme Omnibus ou
encore de la nouvelle émission de retour à la maison. C’est
vraiment très inquiétant. On voit mal comment cela pourrait être un
plus pour la Mauricie, a-t-il ajouté.»
Dans une lettre ouverte parue vendredi dernier
dans le quotidien Le Nouvelliste, la direction de Corus écrivait
que «CHLN, la seule station AM de la région, serait axée
uniquement sur l’information à raison de quatre heures
locales par jour, soit entre 7 h et 9 h le matin, de 12 h à 13 h et
de 17 h à 18 h. [?] La formule serait orientée « nouvelles d’abord
» et affaires publiques si nécessaire.» (C’est nous qui
soulignons.)
Le plan de Corus
Selon le plan de Corus Entertainment, la salle de nouvelles de
CKAC, la tête du réseau Radiomédia, passerait de 20 à trois
journalistes. La plus vieille radio privée francophone deviendrait
une station « sport et santé ». D’autre part, Corus a précisé
exclure tout contenu controversé ou politique de la programmation
de CKAC. Est-ce à dire que la discussion des décisions
gouvernementales en matière de santé n’aurait plus sa place? Et
qu’en serait-il de CHLN? Est-ce que ces restrictions seraient
imposées à tout le réseau? Autant de questions qui restent, à ce
jour, sans réponse.
Toujours selon Corus, CHLN pourrait s’alimenter en contenu à trois
sources externes pour compenser la perte de production locale. Ces
trois sources seraient INFO 690, CKAC (ses trois journalistes) ou
le nouveau FM parlé 98,5. Ces trois sources étant montréalaises, on
estime que le contenu diffusé sur les ondes trifluviennes sera
nécessairement très « montréalisé ».
La FTQ s’inquiète elle aussi
Manon Lupien, présidente du conseil régional FTQ
Mauricie-Centre-du-Québec, nourrit les mêmes inquiétudes que le
personnel de CHLN. «Déjà qu’une partie de la population est
privée de ses nouvelles locales à la télévision, ce serait vraiment
dommage qu’en plus nous perdions nos émissions de radio
locales, a-t-elle déploré. Dans les rencontres que je fais, peu
importe les secteurs, que ce soit dans l’éducation, les services
sociaux ou encore les municipalités, les gens me disent qu’ils
veulent plus de contenu local, pas moins, a précisé Manon Lupien
qui a assuré les employés de CHLN du soutien de la FTQ.
D’ailleurs, a-t-elle ajouté, il faut féliciter la
direction locale de CHLN qui a récemment décidé d’ajouter une
nouvelle émission en fin d’après-midi. »
Des appuis
À la grandeur du Québec, les appuis en faveur des employés de
Radiomédia se sont multipliés. La campagne Internet Sauvons
Radiomédia a permis d’obtenir l’appui de 7200 personnes à ce
jour. Localement, au sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, une pétition a
recueilli près de 1000 noms avant d’être transmise au CRTC.
Plusieurs groupes ont aussi soulevé de vives inquiétudes au sujet
de la transaction qu’examinera le CRTC. Parmi eux, soulignons la
Fédération professionnelle des journalistes du Québec et le
gouvernement du Québec qui, de façon exceptionnelle, s’est adressé
au CRTC. De nombreux appuis sont aussi venus de députés (ou de
caucus) de tous les partis politiques provinciaux.
CHLN et Radiomédia
Fondée en 1937, CHLN a d’abord été la station du journal Le
Nouvelliste pour devenir, au fil des années, la station de
référence en Mauricie. CHLN a accueilli derrière ses micros de
jeunes animateurs dont les noms font désormais partie de la grande
histoire québécoise, Félix Leclerc, Lise Payette, Pierre Bourgault
et Georges D’Or y ont travaillé. Aujourd’hui, CHLN reste la seule
station de radio parlée de Trois-Rivières et l’un des principaux
lieux des débats publics de la Mauricie.
Le réseau Radiomédia est né en 1995 de la fusion des réseaux
Télémédia et Radio Mutuel. Cette fusion visait à consolider
financièrement les grandes stations de radio AM du Québec et leurs
services d’informations. Il est le seul réseau privé d’information
radio d’envergure nationale au Québec. Ce service est une source
indépendante et dessert une cinquantaine de stations de radio dans
toutes les régions de la province.
Les audiences du CRTC
Les audiences publiques du CRTC commenceront le mardi 7 septembre.
Les personnes intéressées à suivre ces délibérations pourront le
faire sur Internet en se branchant sur le
site du CRTC (http://www.crtc.gc.ca).