Climat de violence au CRDI de Québec
1 février 2006
Au Centre de réadaptation en déficience
intellectuelle (CRDI) de Québec, les employés vivent la violence au
quotidien. Au cours de la seule année 2005, les salariés ont fait
rapport de 293 agressions physiques de la part des bénéficiaires,
selon les compilations effectuées par le syndicat des employés
affilié au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ).
«Et ce nest que la pointe de liceberg, soutient Maurice
Cloutier, président du syndicat des employés du CRDI, parce que
ce ne sont pas toutes les personnes qui remplissent les formulaires
et nous ne les recevons pas nécessairement tous.»
Au cours du mois de septembre dernier, voyant leur sécurité
menacée, quatre salariés ont exercé leur droit de refus (dexécuter
le travail), comme cela est prévu à la Loi sur la santé et
sécurité au travail. Tous ces droits de refus ont été reconnus
comme fondés par la CSST. Mais, tous ont aussitôt été contestés par
la direction du CRDI. Or, trois concernaient le même bénéficiaire.
En guise de correctif, la direction a tout simplement transféré le
bénéficiaire dans une autre résidence.
«La situation est devenue carrément
insoutenable, déplore Maurice Cloutier. Nous ne sommes pas
dans une institution où le personnel peut intervenir selon certains
codes. Dans notre cas, les salariés sont isolés, explique-t-il,
et le plus souvent, la seule ressource immédiate cest le
911.»
Une agression prévisible
Le mois dernier, une bénéficiaire en agressait une autre au
couteau. Suite à cette «tentative de meurtre commise dans une
résidence», la direction du CRDI a déclaré que le geste était
«imprévisible». (Le Soleil, édition du 6 janvier, p. A7).
Ces propos, tenus par la direction du CRDI, étonnent les employés
qui, au contraire, estimaient quun événement de la sorte
surviendrait tôt ou tard. Pour les employés, des événements
tragiques sont dautant plus susceptibles de survenir que les
bénéficiaires sont jugés inaptes et vivent une alternance de séjour
en communauté et en urgence psychiatrique (le phénomène des portes
tournantes).
«Que la direction considère comme imprévisible la tentative de
meurtre survenue au début janvier ne me surprend guère! Cest cette
même direction qui conteste toute dénonciation de violence faite
par nos membres, même quand celle-ci est confirmée par la
CSST», souligne Maurice Cloutier.
«On sacharne à vouloir réinsérer en société des personnes qui
ne devraient pas sy retrouver. Cest devenu de la désins
(désinstitutionnalisation) à tout prix. Cest devenu de
lacharnement thérapeutique qui menace la sécurité de tous. La
désins est allée trop loin», estime-t-il.
«Cest devenu une question de sécurité, sécurité des employés,
des autres bénéficiaires et aussi du public en général. Il me
semble que le ministre de la santé, Philippe Couillard, devrait se
pencher sur cette situation le plus tôt possible», de conclure
Maurice Cloutier.
Le CRDI de Québec
Le CRDI de Québec est né en 2001 de la fusion du Centre de
réadaptation La Triade et des Services Barbara-Rourke. Par
lentremise de ses employés, il a pour mission doffrir des
services dadaptation, de réadaptation et dintégration sociale aux
personnes atteintes de déficience intellectuelle ou de troubles
envahissants de développement (comme lautisme). Les services du
CRDI sont offerts à la communauté dans la famille de lusager, dans
des résidences dhébergement, ou par des ressources de type
familial, intermédiaire ou dassistance continue.
Règle générale, les résidence dassistance continue (RAC) du CRDI
hébergent jusquà sept usagers qui requièrent des soins continus
compte tenu de leurs problèmes de comportements. Le personnel de
ces résidences est constitué principalement dintervenants en
milieu résidentiel qui cumulent en bonne partie les attributions
des préposés aux bénéficiaires et celles des auxiliaires familiaux.
Chaque RAC doit compter sur la présence dau moins un intervenant
sept jours sur sept et 24 heures sur 24. Le travail de ces
intervenants est divisé en trois quarts, le jour, le soir et la
nuit.
Le droit de refus
Selon la loi, un travailleur a le droit de refuser d’exécuter un
travail qui présente un danger pour lui ou pour une autre personne.
Il doit aviser immédiatement son supérieur (ou un représentant de
l’employeur), et lui donner les raisons de son refus de travailler.
La CSST enclenche alors une enquête.