La solution au sous-financement des cégeps se trouve dans les transferts fédéraux
4 octobre 2005
Le texte qui suit a été publié comme lettre
d’opinion dans l’édition du journal Le Devoir, ce mardi 4
octobre.
Nous sommes étudiants, enseignants, employés de soutien et
gestionnaires de cégep. Nous n’avons pas l’habitude de parler
publiquement d’une seule voix, mais aujourd’hui nous sommes tous
là, ensemble. C’est parce que nous partageons une même conviction à
l’égard de notre réseau, composante de première ligne de
l’enseignement supérieur, que nous avons mis de côté les
différences de vues qui parfois nous opposent.
Notre conviction commune est ferme: les cégeps ont joué et doivent
continuer de jouer un rôle fondamental en matière de formation
postsecondaire, dont les besoins iront en s’accroissant, et ils
doivent avoir les moyens de l’exercer pleinement. Or, ces moyens ne
sont plus au rendez-vous depuis plusieurs années. Après avoir subi
des compressions budgétaires de 265M $ au cours de la dernière
décennie, les cégeps n’ont pas encore connu de véritable
réinvestissement. C’est à peine si le gouvernement du Québec
parvient d’année en année à couvrir leurs coûts de système,
c’est-à-dire le minimum vital. C’est trop peu, depuis trop
longtemps.
Un sous-financement alarmant
Ce qui rend la situation encore plus critique, c’est que les cégeps
– qui font partie intégrante du réseau public d’éducation et
doivent le demeurer – sont largement tributaires du financement de
l’État québécois, contrairement aux autres réseaux d’enseignement.
La part du financement provenant du gouvernement du Québec dans le
budget des cégeps est de 30% supérieure à celle des universités.
Leur budget découle par ailleurs du gouvernement fédéral dans une
proportion de 0% contre 12% pour les universités. Résultat: chaque
fois que l’État québécois diminue son financement, le réseau
collégial public en est très sévèrement touché.
Nous estimons par conséquent que le sous-financement des cégeps est
tout aussi inquiétant, sinon davantage, que celui des universités.
En effet, les enjeux auxquels les cégeps doivent faire face sont
cruciaux pour l’avenir de notre société.
Peut-on imaginer un seul instant qu’on puisse renoncer à l’objectif
de donner accès à une formation supérieure collégiale de qualité
dans toutes les régions du Québec? À celui de renforcer le
potentiel de recherche et d’innovation de nos cégeps? Voudra-t-on
laisser se dégrader les bibliothèques, les laboratoires et les
équipements technologiques de pointe? Irons-nous jusqu’à
compromettre la réponse aux besoins de qualification des adultes?
Nous ne le pensons et ne le voulons certainement pas. Car c’est
alors tout le Québec qui en souffrirait, à commencer par les jeunes
eux-mêmes.
La part des collèges = 40%
Dans un tel contexte, la hausse des transferts fédéraux à
l’enseignement postsecondaire apparaît déterminante. Il y a là une
solution à côté de laquelle le Québec et ses réseaux d’éducation
postsecondaire – c’est-à-dire les collèges et les universités – ne
peuvent pas passer.
Les collèges devront obtenir leur juste part des sommes qui seront
allouées par le fédéral au gouvernement québécois. Cela signifie
40% de l’enveloppe totale, ce qui correspond à la proportion du
réseau collégial dans le budget du Québec dévolu à l’enseignement
postsecondaire. Si l’on fait l’hypothèse qu’un montant de 550M $
pourrait être accordé par le fédéral au gouvernement québécois, on
arrive à un réinvestissement de l’ordre de 220M $ pour les
collèges. C’est très significatif. Et très attendu.
Notre détermination commune à faire valoir haut et fort
l’importance pour le Québec d’investir dans son réseau collégial
public nous a rassemblés aujourd’hui, par-delà nos différences
d’opinions. Nous le devions aux 149,000 jeunes qui fréquentent un
cégep cet automne et aux 34000 salariés qui y travaillent tous les
jours. Nous le devions aussi à la population, qui compte sur les
cégeps pour répondre aux besoins de formation, occuper le
territoire et développer l’ensemble des régions.
Les signataires
Gaëtan Boucher, président-directeur général de la Fédération des
cégeps
Ginette Bussières, présidente du Conseil provincial des cégeps du
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ)
Ronald Cameron, président de la Fédération nationale des
enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
Marjolaine Côté, présidente du secteur cégep de la Fédération des
employés et employées de services publics (FEESP-CSN); Étienne
Hudon-Gagnon, président de la Fédération étudiante collégiale du
Québec