Radio-Canada, une voix indispensable
5 mars 2012
La présidente du SCFP-Québec, Lucie
Levasseur, se porte à la défense de la société d’État dans une
lettre qu’elle a fait parvenir récemment à plusieurs journaux. Les
quotidiens Le Devoir de
Montréal et La Tribune de
Sherbrooke ont publié cette lettre dans leurs éditions du lundi 5
mars.
Un an après avoir fêté le 75e anniversaire de la Société
Radio-Canada, le gouvernement conservateur sapprête à fragiliser
cette institution emblématique en coupant son financement public au
prochain budget fédéral (29 mars).
La situation est dailleurs ironique, car le parti qui veut sabrer
dans le budget de Radio-Canada est celui-là même qui a créé notre
radiodiffuseur public national. En effet, cest en 1932 que le
gouvernement conservateur de Richard B. Bennett a créé la
Commission canadienne de la radiodiffusion (CCR) lancêtre de
Radio-Canada à la suite dune recommandation de la Commission
Aird sur la radio. Cette commission avait conclu quil fallait
créer un réseau radiophonique national afin de contrer linfluence
grandissante de la radio américaine au Canada. En créant la CCR,
qui deviendra la Société Radio-Canada quatre ans plus tard, les
Conservateurs voulaient protéger lidentité canadienne et donner
une tribune à lexpression nationale.
Ces deux objectifs sont toujours dactualité puisquà lère de
lInternet, nous sommes plus que jamais soumis à linfluence des
idées américaines et mondiales. Le mandat de la SRC définit dans la
Loi sur la radiodiffusion oblige dailleurs encore le diffuseur
public à offrir des émissions principalement canadiennes qui
reflètent la diversité culturelle et régionale. De plus,
Radio-Canada a lobligation doffrir ses services partout au pays
et dutiliser les technologies les plus efficaces sur le marché.
Le Canada est un des pays développés où la
concentration des médias est la plus grande. Couper les ressources
du radiodiffuseur public nous expose non seulement à une
américanisation de notre consommation de produits culturels et
dinformation, mais elle met aussi en danger la diversité des voix
et ouvre la porte à la pensée unique.
Les objectifs et le rôle de la Société Radio-Canada doivent
absolument être subventionnés à la hauteur des attentes imposées
par les lois qui lencadrent. Les conservateurs ont le devoir de
protéger ce joyau quils ont eux-mêmes créé.