La situation est devenue intenable pour les syndiqués du Service des personnes en perte d’autonomie
21 novembre 2013
Tout en respectant leur quart de travail, une
centaine d’employés ont manifesté jeudi midi en face du CLSC de
Saint-Léonard, à Montréal. La manifestation se voulait un appui
sans équivoque à la quarantaine de professionnels et techniciens de
la santé qui dispensent les soins aux personnes en perte
d’autonomie.
Suite à l’embauche d’une firme externe au coût de 426,000$,
Proaction internationale, la direction du Service des personnes en
perte d’autonomie (SPPA) du CSSS de Saint-Léonard et Saint-Michel a
imposé un cadre de pratique aux professionnels et techniciens qui
ne rend service ni aux usagers ni aux employés.
Inspiré de la gestion LEAN et de la «méthode Toyota», ce projet
d’optimisation du CSSS promettait qu’«en revoyant les façons de faire, les
intervenants [allaient être] délestés le plus possible de
[certaines] tâches afin quils passent plus de temps auprès des
usagers».
Or, il n’en est rien si l’on se fie aux professionnels qui, au
quotidien, prodiguent les soins à la population. Loin de livrer les
bénéfices promis, les effets de l’intervention de cette firme
nuisent aux soins et aux services aux usagers.
Les employés font le bilan suivant:
le cadre imposé n’a entraîné aucune diminution de la masse de
documents à compléter ni réduit les démarches bureaucratiques à
effectuer dans le service SPPA;
les cibles à atteindre ont été fixées malgré limpossibilité pour
lensemble des intervenants de les atteindre;
il y a eu ajout d’un logiciel supplémentaire et dune rencontre
hebdomadaire pour le suivi de la performance attendue des employés;
de nombreux départs de personnel sont survenus et des postes sont
toujours vacants;
plusieurs ordres professionnels (travailleurs sociaux,
physiothérapeutes, ergothérapeutes) ont par ailleurs émis un avis
conjoint soulignant la nécessité de permettre au personnel
professionnel de maintenir les exigences en matière de normes et
standards de pratique et de déontologie. «En particulier, lobligation de sabstenir
dexercer dans des conditions susceptibles de compromettre la
qualité des soins et des services et lindépendance professionnelle
sont des notions fondamentales qui garantissent au public la
primauté de ses intérêts sur toutes autres considérations»;
tous les syndicats notent présentement une détérioration notable
du climat de travail;
létablissement, pour sa part, enregistre un déficit de plus de
550,000$ après quatre périodes financières, soit du 1er avril à la
fin juillet.
Le président du syndicat (SCFP 5425) qui
représente les professionnels et techniciens du SPPA, Guy
Jolicoeur, rappelle que ses «membres ne travaillent pas sur une chaîne de
montage, mais bien avec des humains. On en a assez dentendre que
nous sommes responsables des coupes au budget du SPPA parce qu’on
n’atteint pas les cibles».
Maro Lufty, président du Conseil provincial des affaires sociales
(CPAS), s’interroge. «Il faut se
questionner sérieusement sur la pertinence de cette firme qui sème
la grogne partout où elle passe. Il faut se questionner encore plus
face aux administrateurs du réseau de la santé qui, sachant cela,
les engage.»
La manifestation était organisée par le Syndicat canadien de la
fonction publique (SCFP), qui représente plus de 380 syndiqués du
CSSS regroupés au sein de deux syndicats locaux distincts. Une
quarantaine de ces employés sont affectés au SPPA.
Le CSSS de Saint-Léonard et Saint-Michel compte environ 1100
employés au total et est responsable de deux CLSC et de trois
CHSLD.