La présidente du SCFP-Québec réplique à Pierre Karl Péladeau
24 janvier 2010
La récente sortie intempestive de Pierre Karl
Péladeau contre le mouvement syndical nous force à remettre les
pendules à lheure et à rappeler au dirigeant de Quebecor certains
aspects de la réalité. Nous connaissons bien cet employeur pour
avoir négocié avec lui dans plusieurs de ses entreprises au Québec.
Et il est mal placé pour donner des leçons à qui que ce soit. Notre
présence et nos interventions ont permis déviter plusieurs bourdes
que ce «grand gestionnaire» sapprêtait à commettre, comme dans
léchec patent de Quebecor World. Rappelons que sans le SCFP,
Vidéotron se serait départi de son centre dappel et de ses
techniciens, devenus aujourdhui sa marque de commerce et lun des
éléments clés du succès de cette entreprise.
Partout en Amérique du Nord, le lectorat des
journaux est en déclin, sauf au Journal de Québec. Pourquoi? Parce
quau terme dun lock-out de 16 mois, nous avons réussi à maintenir
lexistence dun journal branché sur la communauté de Québec avec
des ressources locales. Sans le SCFP, les petites annonces seraient
gérées en Ontario et le Journal
de Québec serait inondé de pages du Journal de Montréal. Cest nous qui
avons littéralement arraché à cet employeur le maintien à Québec
dun nombre suffisant de journalistes et de photographes. Bien
souvent au Québec, la protection et la création demplois passe par
laction des syndicats.
Qui plus est, Pierre Karl Péladeau travestit les faits et dévoile
davantage ses propres obsessions quil ne fait un portrait lucide
de la réalité. Ne lui en déplaise, aucune corrélation entre
syndicalisation et faible productivité na jamais été établie. Au
contraire, parmi les pays ayant la plus grande productivité en
termes de PIB par heure travaillée, on retrouve la Norvège. En
passant, la Norvège a un taux de syndicalisation de 55 % et un taux
de chômage qui, en octobre 2009, était de 3,2 %. Le même phénomène
sobserve dans les autres pays scandinaves où lon retrouve une
forte présence syndicale, une très bonne productivité et un niveau
de vie élevé. En fait, cest bien plus linnovation technologique
qui constitue le facteur déterminant pour la productivité, doù
limportance dinvestir en éducation.
En Amérique du Nord, cest au Québec que nous retrouvons le plus
haut taux de syndicalisation avec environ 40 % des travailleurs
organisés, et cest ici que limpact de la récession est le moins
grand. Aujourdhui, notre taux de chômage, bien quélevé (8,4 %),
est plus faible que celui, de lOntario (9,3 %), du Canada (8,5 %)
ou même des États-Unis (10 %). Un hasard? Sûrement pas. Les
syndicats aident à protéger les emplois et contribuent à trouver
des solutions novatrices qui diffèrent des simples licenciements.
Sans compter le rôle incontournable des Fonds dinvestissements des
travailleurs, comme celui de la FTQ, qui injectent des milliards
dans le développement économique du Québec.
En terminant, rappelons à Pierre Karl Péladeau que les syndicats
sont des acteurs sociaux qui font progresser notre société.
Plusieurs mesures sociales qui ont fait du Québec la société la
plus égalitaire en Amérique, comme lassurance-maladie, la santé et
sécurité au travail, les normes du travail, les garderies publiques
ou léquité salariale, nauraient pas vu le jour sans
lintervention de milliers dhommes et de femmes réunis dans le
mouvement syndical.
Lucie Levasseur
Présidente du SCFP-Québec