La gouvernance retirée des mains de la communauté universitaire
17 juin 2009
Les membres de la Table des partenaires
universitaires, représentant des organisations de l’ensemble de la
communauté universitaire, s’opposent vivement au mode de
gouvernance imposée par le gouvernement Charest avec le projet de
loi 38 qui reprend presque intégralement la version déposée en
octobre 2008. Devenu majoritaire, ce gouvernement persiste à
proposer un changement dans les pouvoirs et dans la composition des
conseils d’administration (CA) des universités en dépit de la
réprobation généralisée du milieu universitaire que le projet de
loi 107 avait suscitée. Ces changements centraliseront les pouvoirs
entre les mains des représentants externes qui ignorent les
réalités vécues au sein des universités.
Les membres de la Table des partenaires
universitaires (TPU) ne partagent pas cette vision de l’université.
Au contraire, ils croient essentiel de renforcer la collégialité et
la transparence. Pour ce faire, tous les membres de la communauté
universitaire doivent être représentés au conseil d’administration
afin de prendre part aux décisions qui concernent leur université.
C’est cette collégialité qui assure la légitimité et la
transparence nécessaires à la bonne gouvernance et au sentiment
d’appartenance.
La TPU prône un conseil d’administration diversifié qui
représentera la communauté universitaire
En imposant une proportion de 60 % de membres externes dans les
conseils d’administration, le gouvernement Charest met en minorité
et réduit le nombre de membres issus des universités elles-mêmes.
Selon le gouvernement, les membres provenant de l’extérieur de
l’université manifesteraient plus d’indépendance et surtout plus de
compétences en matière de gestion que ceux venant de l’interne.
Pourtant, le gouvernement n’a jamais démontré que c’est sur des
expériences concrètes et solides que repose son projet de loi
plutôt que sur la même idéologie qui anime ses projets de
partenariats public-privé. En quoi les changements proposés dans la
composition des CA et une plus grande centralisation des pouvoirs
seraient-ils garants d’une meilleure gouvernance?
À la lumière des scandales récents mettant en cause l’action de
nombreux conseils d’administration dans les entreprises privées,
comment peut-on croire que les membres provenant du milieu des
affaires auraient la pseudo vertu de mieux gérer les universités?
Comment ne pas craindre qu’ils soient eux-mêmes en conflit
d’intérêt, puisqu’ils représentent des fournisseurs de biens et de
services? Les exemples récents d’erreurs administratives et de
désastres financiers incitent à faire davantage confiance aux
membres internes qui connaissent le mieux leur établissement et qui
ont un réel souci de son avenir. En fait, la crise financière
actuelle nous impose de cesser de sacrifier aux dieux de
l’idéologie.
Au lieu de diminuer le nombre de membres internes dans les CA, il
faut associer plus largement tous les membres de la communauté
universitaire, qu’ils soient professeurs, chargés de cours,
chercheurs, employés de soutien ou professionnels, étudiants
salariés et étudiants, afin de mettre en oeuvre une conception
dynamique de la gouvernance de l’université. La véritable mission
de l’université s’en trouverait renforcée.
L’université n’est pas une entreprise privée et elle ne peut pas
être gouvernée selon les mêmes critères. La collégialité, inscrite
dans une longue tradition qui a fait ses preuves, doit rester au
coeur de la gouvernance universitaire pour assurer la légitimité et
la qualité des décisions administratives et académiques. Il ne faut
pas l’éroder mais au contraire la fortifier pour le bien de
l’université et de la société.
La Table des partenaires universitaires (TPU) représente près de
150,000 membres et réunit les organisations suivantes: la
Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université
(FQPPU), la Fédération nationale des enseignantes et des
enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), la Fédération du personnel
professionnel des universités et de la recherche (FPPU), le Conseil
provincial du secteur universitaire du Syndicat canadien de la
fonction publique (CPSU-SCFP-FTQ), la Fédération des
professionnèles (FP-CSN) et la Fédération étudiante universitaire
du Québec (FEUQ).