Un pas de plus vers le démantèlement de l’État québécois
31 août 2015
À la première lecture du rapport déposé par l’ancienne ministre Lucienne Robillard, présidente de la Commission de révision permanente des programmes, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) s’interroge sérieusement sur la démarche du gouvernement qui, tout en imposant un régime d’austérité à l’État québécois depuis son arrivée au pouvoir, lance aujourd’hui un appel à la performance de celui-ci!
«Mettre sur pied une commission de révision permanente des programmes quand les services publics tentent de survivre malgré les coupes qu’ils subissent depuis des années, c’est un peu comme mettre un diachylon sur une fracture», affirme le président de la FTQ, Daniel Boyer.
Des recommandations simplistes et inquiétantes.
La FTQ se questionne également sur le long et coûteux processus qui a finalement mené à des recommandations bancales telles que de confier à Ottawa la perception de l’impôt au Québec et la fin du monopole de la Société des alcools du Québec (SAQ).
«En proposant de transférer à Ottawa la perception des impôts, on propose carrément la fin de la souveraineté fiscale du Québec. Nous invitons Québec à faire preuve d’un minimum de dignité nationale. C’est quand même depuis Duplessis que le Québec recueille ses propres points d’impôts, contrairement au reste des provinces canadiennes qui laissent Ottawa ramasser le tout et le redistribuer ensuite», s’insurge le président de la FTQ, Daniel Boyer.
En ce qui concerne la SAQ, la FTQ tient à rappeler qu’une plus grande ouverture au privé priverait le Québec de dividendes et que, financièrement, les Québécois et Québécoises en sortiraient donc perdants.
Aujourd’hui, les profits de la SAQ sont tous versés au gouvernement, donc au bénéfice des Québécois et Québécoises. Enlever le monopole de la SAQ bénéficierait à qui? À des intérêts privés et étrangers? De plus, cela aurait des effets dévastateurs sur de nombreux emplois de qualité à travers le Québec.
Une invitation renouvelée au dialogue social
Encore une fois, la FTQ invite le gouvernement à consulter les acteurs de la société civile au lieu d’imposer un dangereux monologue antisocial.
«Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement multiplie les exercices de relations publiques pour tenter de convaincre la population qu’il n’est plus possible de maintenir l’ensemble des services publics et des programmes sociaux, qui a pourtant fait du Québec une société distincte, plus juste et égalitaire. Québec doit se ressaisir et rejeter les recommandations de la Commission qui n’a regardé que d’un côté de la lorgnette; celui des coupes à tout prix sans en évaluer les conséquences sur les services publics et les programmes sociaux», déclare le président de la FTQ, Daniel Boyer.
La FTQ prendra le temps dans les prochains jours pour étudier attentivement le rapport volumineux, mais d’emblée, elle déplore le manque d’imagination de ce gouvernement, obsédé par la colonne des dépenses, mais qui refuse de regarder celle des revenus.
Pourtant, il y a des solutions. Comment se fait-il que 32% des grandes entreprises au Québec (1825) ne paient aucun sou d’impôt? Québec doit, entre autres, instaurer un impôt minimum pour les entreprises, imposer les gains en capital à 100%, imposer les revenus sur les dividendes et reporter l’atteinte de l’équilibre budgétaire.
La FTQ, la plus grande centrale syndicale au Québec, représente plus de 600 000 travailleurs et travailleuses.