La FTQ lance un sérieux avertissement aux élus
11 juin 2007
Cest en termes très durs que la FTQ réagit au
dépôt par lADQ dun projet de loi qui forcerait les sociétés de
transport en commun à maintenir 80% des services lors des conflits
de travail. «Cest un projet de
loi bâclé, rédigé dans un objectif purement opportuniste et
populiste et qui dénote une méconnaissance grave du
dossier», a lancé Henri Massé, président de la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).
«Mario Dumont se berce
dillusions sil croit régler quoi que ce soit en sattaquant à un
des droits fondamentaux des travailleurs et travailleuses. Le chef
de lADQ joue aux apprentis sorciers. Son projet porte atteinte à
la libre négociation, bouleverserait les relations de travail et
sattaque de façon insidieuse au droit de grève de milliers de
salariés», a poursuivi le président de la FTQ.
Aucune grève
en 20 ans
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ), qui
représente près de 7000 employés dans le transport en commun
partout au Québec, ne comprend pas cette initiative de lADQ, rien
ne justifiant de jeter par terre un processus qui fonctionne bien.
«Depuis 20 ans, les chauffeurs
dautobus, opérateurs de métro et changeurs nont fait aucune
grève. Zéro, rien. Où est le drame? Où est lurgence? On ne peut
pas dire que nous avons abusé de nos droits. On ne parle pas non
plus dune épidémie», soutient Claude Benoît, président du
syndicat.
Une formule gagnante pour les deux
parties
Pour la FTQ, cest la preuve que le régime actuel fonctionne et
quune modification risquerait simplement daccroître les risques
de dérapage. «Dans les deux
dernières décennies, nos membres ont toujours réussi à sentendre
avec lemployeur. Des conventions négociées, sans conflit, ont
toujours été signées. La formule actuelle est gagnante pour les
deux parties», souligne Henri Massé.
«Comment voulez-vous régler un
conflit avec 80% du service rendu? Cette mesure ne ferait que
prolonger les conflits de travail et pourrir les relations entre
les parties. Il ny aurait plus de pression sur personne! Pas
dincitatif à régler ni pour une partie ni pour lautre. Est-ce que
cest cela quon veut?», sinterroge le président de la FTQ.
Services essentiels
La FTQ affirme que Mario Dumont joue sur les mots et oublie
volontairement la définition légale dun service essentiel.
«Au Québec, un service est jugé
essentiel lorsque son absence met en danger la santé ou la sécurité
de la population. Quune grève dans les transports en commun
provoque des désagréments, cest évident et cest normal. Faire une
grève qui ne dérange personne ne constituerait pas un moyen
daction très efficace pour les travailleurs. Ceci étant dit, on
est loin dune menace à la santé des citoyens», plaide
Claude Benoît.
Un système performant à
Montréal
Malgré un sous-financement chronique qui se poursuit depuis le
début des années 1990, le service rendu aux citoyens de Montréal se
compare toujours avantageusement par rapport aux autres grandes
villes du monde rappelle la centrale syndicale. En effet, une étude
réalisée en 2004 par le Collège impérial de Londres concluait que
la métropole québécoise se classait parmi les plus performantes
tant en ce qui a trait à la fiabilité du réseau, au nombre dheures
travaillées par kilomètre parcouru ou à lutilisation optimale des
actifs en terme de capacité de transport.
Un appel aux autres partis
«Ce projet de loi n’apporte rien
pour régler les conflits de travail potentiels et nie à toutes fins
pratiques le droit de grève, ce qui pourrait faire en sorte qu’on
se retrouve avec d’autres sortes de conflits larvés qui vont
pourrir les relations du travail. La FTQ n’a jamais réclamé
l’arbitrage parce que nous croyons à la libre négociation mais,
encore une fois, mieux vaudrait l’arbitrage que les solutions
amenées dans ce projet de loi».
La FTQ demande finalement aux autres formations présentes à
lAssemblée nationale de bloquer ce projet législatif de lADQ.
«Une pareille loi, une attaque
aussi claire contre les droits des travailleurs, rencontrerait une
vive opposition de la part de la FTQ et, jen suis sûr, de tout le
mouvement syndical québécois», a conclu Henri Massé.