Hausse inacceptable de 20% des décès reliés au travail
13 mars 2006
La Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ) juge alarmante la hausse de 20% des
décès reliés au travail en 2005 par rapport aux deux années
précédentes.
Une tendance lourde
«On sinquiétait déjà des 175 et 176 décès recensés en
2003-2004, ce qui est déjà trop, mais là avec 225 décès reliés au
travail en 2005, il va falloir que le gouvernement et la CSST
mettent le pied à terre, prennent conscience de la gravité de la
situation, de son caractère durgence, pour faire cesser cette
véritable hécatombe», a déclaré le président de la FTQ, Henri
Massé.
«Et pour ceux qui seraient tentés de ranger
2005 sur la tablette des anomalies statistiques, quils aillent
voir les décès pour la seule période du 1er janvier au 14 février
2006. On y voit une tendance lourde avec une hausse de 52% des
décès reliés au travail en comparaison avec la même période en
2004-2005, soit 34 décès en 2006 contre 19 et 16 pour
2004-2005», a ajouté Henri Massé.
Une véritable aubaine pour les employeurs délinquants: Plus
coûteux de braconner un chevreuil que de tuer un travailleur
Au Québec, une amende de 16,425$, en plus de la saisie de vos
équipements et véhicules, peut vous être imposée si vous chassez du
gros gibier (chevreuil, orignal, etc.) la nuit avec un fusil et une
lumière. Globalement, le montant total des conséquences dépasse
largement les 20,000$.
Et que dire de braconniers, faisant face à des accusations de
possession illégale, de vente et dachat de vésicules biliaires
dours noir qui sont passibles damendes de 300,000$ si leur
culpabilité est reconnue.
Si un employeur, par action ou omission, agit de manière à
compromettre directement et sérieusement la santé, la sécurité ou
lintégrité physique dun travailleur, il risque une amende de
5,000 $ à 20,000$. Cela vaut pour la mort dun travailleur et ces
montants nont pas varié depuis ladoption de la loi il y a 27 ans.
En comparaison, les amendes sont de 1,000,000$ au fédéral, de
500,000$ en Ontario et en Colombie-Britannique et de 250,000$ dans
la plupart des autres provinces. (Étude des mécanismes de
prévention et de participation en santé-sécurité du travail au
Canada, Marcel Simard, Directeur de lÉcole de relations
industrielles de lUniversité de Montréal, décembre 2000.)
«Cest une véritable aubaine pour les employeurs délinquants et
ça ne les incitera certainement pas à faire de la prévention. Le
niveau des amendes au Québec constitue carrément un mépris pour la
vie humaine», a fait valoir pour sa part Michel Arsenault,
directeur québécois du syndicat des Métallos, qui rappelle que
malgré des modifications au Code criminel obtenues par son syndicat
en 2003, aucune poursuite criminelle na été intentée contre un
employeur délinquant au Québec, 610 morts plus tard.
Hausser substantiellement le nombre dinspecteurs
«Le ministre du Travail doit prendre très au sérieux la hausse
des décès reliés au travail et prendre des mesures immédiates comme
augmenter de façon substantielle le nombre dinspecteurs de la CSST
(200) qui ne suffisent pas à la tâche. Dans le seul secteur de la
construction, les 80 inspecteurs suffisent à peine à couvrir 5% des
milliers de chantiers en cours. Cela laisse 95% des chantiers du
Québec sans inspection aucune.
Pendant ce temps, la seule ville de Montréal embauchait 133
policiers supplémentaires pour surveiller la circulation, donner
des contraventions et prévenir les accidents mortels ou autres. Un
décès sur la route serait-il plus grave quun décès au travail?
«En labsence dinspections dignes de ce nom, doit-on se fier à la
seule bonne foi des employeurs, dans la construction ou ailleurs,
dont certains sont souvent tentés de tourner les coins ronds en
matière de prévention pour accélérer les cadences dans un monde où
on voit se développer de plus en plus une compétition sauvage.
«Il faut des ressources et un processus dinspection crédible des
milieux de travail. Sil nagit pas rapidement en ce sens, le
ministre du Travail sera jugé au sort de travailleurs avec la vie
desquels on joue carrément à la roulette russe», a averti le
président de la FTQ.
De la prévention sur papier
Année après année, depuis 27 ans, la FTQ a martelé la nécessité de
lapplication à tous les secteurs dactivité et tous les milieux de
travail des mécanismes de prévention prévus dans la Loi sur la
santé et la sécurité du travail: un agent de prévention, un comité
de santé et sécurité du travail et un véritable programme de santé
et sécurité.
«Malgré nos appels répétés depuis ladoption de la loi en 1979,
quelque 80% des travailleurs et travailleuses du Québec ne sont
toujours pas pleinement protégés par la loi, notamment au chapitre
de la prévention.
«À la vue des dernières statistiques de décès, le gouvernement et
la CSST doivent cesser dagiter un tigre de papier et donner de
véritables dents à cette loi qui était jadis considérée comme à
lavant-garde», ont conclu messiers Massé et Arsenault qui
promettent une présence active de la FTQ, le 28 avril prochain, à
loccasion du 22e anniversaire de la journée internationale de
commémoration des victimes d’accidents du travail.