La campagne anti-Charest en images
18 février 2004
À l’automne 2003, tous les grands syndicats du Québec ont mené des
campagnes de protestation contre le gouvernement Charest. Il faut
dire que le premier ministre l’avait cherché. Non seulement
mettait-il de l’avant toute une série de mesures de droite qui
frappe de plein fouet les salariés québécois, mais dans une lettre
ouverte aux journaux, arrogant comme rarement un premier ministre a
pu l’être, il n’avait pas hésité à s’en prendre aux organisations
syndicales en les qualifiant de «corporatistes».
Manifestations et assemblées diverses ont par la suite eu lieu dans
toutes les régions du Québec, tant et si bien qu’après les Fêtes de
fin d’année, le gouvernement libéral n’a pu que constater qu’il
était tombé au plus bas dans les sondages d’opinion.
Le 24 novembre 2003, voici ce qu’écrivait Michel Venne, chroniqueur
au journal Le Devoir, sous le titre Ce gouvernement veut
nous briser.
«Le gouvernement de Jean Charest n’est pas un gouvernement
courageux comme le prétendait son chef en fin de semaine. C’est un
gouvernement autoritaire. Celui-ci est en train de briser le
Québec. Les politiques qu’il veut imposer auront pour conséquence
d’affaiblir la société, d’accroître l’insécurité économique, de
conforter le pouvoir des groupes qui sont déjà les plus puissants
et de semer la haine entre les classes sociales. [?] Au profit de
qui? On se le demande encore.
Mais on monte les non-syndiqués contre les syndiqués, les
non-parents contre les parents, la classe moyenne contre les
assistés sociaux, les banlieusards contre les urbains, les
anglophones contre les francophones, la société civile contre les
élus municipaux, la santé publique contre la médecine curative, les
pauvres contre les riches. Ce gouvernement suscite des querelles,
même entre les syndicats, et des jalousies entre groupes sociaux.
[?] Jean Charest a choisi un camp. Il a choisi le camp de ceux qui
sont déjà les plus puissants. Les autres, à ses yeux, défendent des
intérêts «corporatistes» et au lieu de les inviter à sa table, les
incite à prendre la rue. Or les intérêts d’un ouvrier ou d’un petit
fonctionnaire gagnant 15 $ l’heure ne sont pas des intérêts
corporatistes. Ce sont les intérêts d’un honnête citoyen, d’une
courageuse mère de famille, qui peine à joindre les deux bouts et
dont le syndicat lui procure un peu de sécurité que son employeur
ne serait pas toujours enclin à lui donner. Si les syndicats
s’opposent tant à l’ouverture à la sous-traitance sauvage que
permettra la modification de l’article 45 du Code du travail, ce
n’est pas par corporatisme. C’est parce que cette ouverture va
accroître l’insécurité des petits travaillants qui risquent d’aller
grossir les rangs de ceux (déjà le tiers des employés au Québec)
qui ont un emploi atypique, au statut précaire et vulnérable. [?]
Son idéologie, qui réduit l’État à un Wal-Mart des services publics
dont le seul slogan est «le plus bas prix possible» (en anglais,
bas prix se dit cheap), a prouvé partout dans le monde ses
déficiences. Et, pourtant, lui qui prétendait être pragmatique
s’entête à l’appliquer. Il appelle cela du courage. J’appelle cela
de l’aveuglement dont nous paierons tous le prix.»
Où sont donc les vraies valeurs libérales?
Claude Ryan est décédé il y a quelques jours. Il n’est pas inutile
de rappeler le message qu’il a laissé à tous en guise de testament.
«Je souhaite enfin que les gouvernements, les partis politiques,
les associations de toute sorte, les médias et la population se
préoccupent davantage du sort fait aux membres plus faibles de la
société. La vraie démocratie doit savoir concilier les valeurs de
liberté et les valeurs de justice sociale. Or, l’écart entre les
pauvres et les riches a trop souvent tendu à augmenter ces
dernières années. Il y a toujours beaucoup trop d’inégalités
injustifiables dans l’attribution de la richesse et du pouvoir. La
responsabilité de la société politique s’en trouve accrue
d’autant.»