Jugement Chaoulli – La FTQ est pour le recours à la clause de dérogation
23 mai 2006
La Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ) se prononce fermement contre la levée
de linterdiction de lassurance privée même bien encadrée en
guise de réponse au jugement Chaoulli rendu pas la Cour suprême le
9 juin 2005.
«On aurait souhaité que le gouvernement recoure à la clause de
dérogation mais notre préoccupation majeure, à partir de
maintenant, cest quon trouve rapidement des solutions concrètes
pour régler les problèmes qui subsistent dans notre système de
santé, et quon évite ainsi de se retrouver à nouveau devant les
tribunaux», a fait valoir le président de la FTQ, Henri Massé,
devant la Commission des affaires sociales, en après-midi
aujourdhui.
Les salles dopération des établissements
publics sous-utilisées
«Je ne comprends pas quun ministre aussi dynamique que le Dr
Couillard ne soit pas capable de régler le problème de
fonctionnement des salles dopération dans les hôpitaux. Plusieurs
chirurgiens nous lont confirmé: ils nopèrent quune journée par
semaine, à raison de cinq ou six heures. Cela na aucun bon
sens!
«Il me semble que ce nest pas trop demander au ministre de
sattaquer au vrai problème et douvrir les salles dopération huit
ou neuf heures par jour et sept jours par semaine? À elle seule,
cette mesure résoudrait une bonne partie des problèmes actuels,
sans avoir besoin de recourir à des cliniques spécialisées
privées», a indiqué le président de la FTQ.
Les cliniques spécialisées privées: un cercle vicieux
La FTQ estime que les cliniques spécialisées privées proposées par
le ministre Couillard mènent tout droit à un cercle vicieux.
«Rien, dans cette mesure, nencouragera les établissements
publics à mieux performer et on peut sattendre à ce que ces
derniers se dégagent de certaines de leurs responsabilités pour les
transvaser dans les cliniques spécialisées.»
En effet, avant dinvestir des montants importants, les parties
intéressées aux cliniques spécialisées vont exiger et obtenir
des garanties de volume dinterventions, ce qui pourrait en outre
encourager plusieurs professionnels de la santé à délaisser les
établissements publics pour ces cliniques privées, ramenant la
situation vers la case départ.
Laccès: de la porte dentrée jusquà la sortie
Garantir laccès dans des délais raisonnables une fois les
bénéficiaires inscrits sur la liste dattente des médecins
spécialistes, cest bien, mais le garantir au départ auprès des
médecins généralistes, cest mieux.
«Le Document de consultation insiste beaucoup sur la prévention.
Nous croyons que pour bien faire, cest à la porte dentrée quil
faut agir. Laccès aux médecins de famille, aux omnipraticiens,
cest là que ça commence et quand il y a blocage, les problèmes
font boule de neige, on va daggravation en aggravation
Il faut
donc mettre le paquet là où le bât blesse», dajouter Henri
Massé.
La pénurie de ressources
Tout au long de la Commission parlementaire, on a entendu le
ministre évoquer le problème de la pénurie des ressources, des
infirmières, des anesthésistes, des préposés en salles dopération,
notamment. Mais sil y a pénurie de ressources dans le public, cela
devrait être aussi vrai pour les cliniques privées. La solution
réside alors dans la formation et laccroissement des admissions
dans les cégeps et les universités, ainsi que dans lintroduction
de bonnes mesures dattraction et de rétention des ressources.
Le problème du financement: prendre le taureau par les
cornes
La FTQ sest toujours opposée à une solution de financement à la
sauce présentée la semaine dernière par Claude Castonguay, à savoir
le paiement de 25$ par visite chez les professionnels de la santé.
En termes pratico-pratiques, cela est synonyme, clairement, dune
privatisation complète du système médical et dun encouragement
tout aussi clair à la surenchère du nombre de visites prescrites,
surtout quand on sait quune visite courante chez le médecin coûte
aujourdhui 16,25$.
«Nous sommes quant à nous daccord avec la mise sur pied dune
caisse santé séparée du fonds consolidé dans la province où les
contributions seraient à la mesure des revenus des individus et des
entreprises. Les employeurs au Québec disposent à ce chapitre
dénormes avantages sils se comparent avec ce qui se passe
ailleurs, avantages dont ils continueraient à bénéficier même en
payant un peu plus au système de santé. Il faut donner un coup de
barre de ce côté là», a fait valoir le président de la FTQ.
Enfin, la FTQ avance quune solution durable réside dans une
véritable politique de développement économique, avec de la
création demplois, des investissements publics et privés, de la
production de richesse.
En conclusion, le président de la FTQ rappelle que la centrale na
jamais prôné le statu quo face aux problèmes vécus par le système
de santé public. «Mais pour peu quon fasse preuve
dimagination, nous sommes convaincus que les solutions existent au
sein même des établissements publics.»