Jeunes et syndicats: mêmes combats!
19 juin 2013
Martine
Desjardins, ancienne présidente de la Fédération étudiante
universitaire du Québec (FEUQ) et figure de proue du printemps
érable, avait, il y a quelques mois, deux options: quitter lespace
public ou y demeurer. Elle a décidé de revêtir ses gants de boxe et
de sauter dans larène du commentaire politique sur les ondes télé.
Elle a pris la parole au congrès du SCFP-Québec le 19 juin 2013.
Léquipe dAu jour le jour, bulletin du congrès, en a profité pour
linterviewer.
Au jour le jour (AJLJ):
Quel était le message le plus important que vous vouliez livrer aux
congressistes?
Martine Desjardins (MD): Je voulais que le mouvement
syndical comprenne quil y a des jeunes qui veulent simpliquer et
quil faut trouver un moyen de leur laisser de la place.
AJLJ:
Quelle serait la meilleure façon de sy prendre pour les amener à
sengager?
MD: Il faut leur donner des
objectifs concrets. Il faut quils aient des possibilités de
prendre des responsabilités. Il faut que ce soit le fun de
travailler dans un syndicat. Il faut aller les rencontrer un à un.
Lutilisation des tracts, des courriels ou des affiches nest pas
suffisante.
AJLJ: Vous vous êtes
décrite comme une pro-syndicaliste, une militante progressiste et à
gauche. Quest-ce qui fait que ces valeurs sont importantes pour
vous?
MD: Cest davoir vu et
réalisé que latteinte de changements sociaux, ça provient de
laction syndicale et de grèves marquantes. Jai compris quil faut
un regroupement et une solidarité pour atteindre des objectifs. Une
personne seule ne peut y arriver.
AJLJ: Quel est le plus
grand défi du mouvement syndical aujourdhui?
MD: Défendre les travailleurs non syndiqués! Je mexplique.
Les syndicats sont devenus très bons pour défendre leurs
travailleurs, mais cest plus difficile de défendre les non
syndiqués. Il faut sortir des enjeux qui touchent uniquement les
membres. Par exemple, la contestation dans le dossier de
lassurance-emploi est un excellent exemple de revendication qui
touche lensemble des travailleurs.
AJLJ: Vous pensez que les
effets du conflit étudiant se répercuteront sur la personnalité et
le comportement des jeunes lorsquils entreront prochainement sur
le marché du travail. Pouvez-vous élaborer?
MD: Ce ne sont pas tous les
jeunes mais une bonne majorité. Ce qui est important pour eux,
cest quà la fin, on a gagné. Je pense que ça leur a permis de
comprendre comment fonctionne le monde des revendications et que
cest la ténacité qui compte.
Ils vont donc probablement être des travailleurs plus tenaces, des
travailleurs plus ouverts à comprendre leur milieu professionnel.
Je suis convaincue que ça va leur permettre de souvrir à lunivers
de la revendication collective.
Ils vont sûrement être encore appelés à changer fréquemment
demploi. Mais ce qui fait quils vont rester dans un emploi, cest
souvent le sentiment dappartenir à un groupe qui se tient. Cest
une occasion à saisir pour le mouvement syndical.
AJLJ: En terminant, où
Martine Desjardins se voit-elle dans cinq ans?
MD: Je nen ai aucune idée.
Je nai pas de plan de carrière à suivre. Ce qui est certain, cest
que je vais rester dans un milieu dans lequel limplication sociale
est possible, un milieu où je peux militer. Je ne ferme jamais de
porte, je prends le temps de réfléchir chaque fois quon me propose
quelque chose.