Jean Charest veut-il s’immiscer dans le conflit?
12 février 2008
(MMQ) Le jupon du gouvernement libéral
dépasserait-il? Le cabinet du premier ministre Jean Charest est
intervenu auprès de la presse parlementaire, la semaine dernière,
pour enjoindre les journalistes de ne plus demander le retrait des
présumés briseurs de grève de Canoë aux conférences de presse.
Lintervention du personnel du bureau du premier ministre a eu lieu
à la suite de
lincident au cours duquel une journaliste du portail Canoë a été
contrainte de quitter les lieux dune conférence de presse
donnée par la ministre de lÉducation, Michelle Courchesne. Depuis
le déclenchement du lock-out par Quebecor, le 22 avril dernier, les
journalistes de Québec doivent composer avec la présence de
personnes qui font le travail des syndiqués en lock-out du
Journal de Québec. Cette
situation irrite au plus haut point la presse locale. Et
maintenant, le premier ministre veut dicter à la presse
parlementaire comment elle devrait se comporter devant ces
personnes, dont plusieurs font lobjet dune plainte à la
Commission des relations du travail (CRT).
Est-ce que le bureau du premier ministre a
aussi fait des représentations auprès de Quebecor pour lui dire
comment gérer le conflit? Est-ce quon a demandé à lentreprise
déviter dutiliser des journalistes de Canoë à Québec?
Le Journal de Québec fait
lobjet, depuis août 2007, dune ordonnance de la CRT pour avoir
utilisé quatre briseurs de grève. Le bureau du premier ministre
lignore-t-il?
M. Charest devrait savoir que le rédacteur en chef et le directeur
de linformation du Journal de
Québec ont récemment affirmé devant la CRT que les
journalistes de Canoë nétaient pas publiés dans le Journal de
Québec avant le lock-out. Que Quebecor utilise des travailleurs de
remplacement ne semble pas une préoccupation du premier ministre.
Les journalistes de Canoë travaillent à Québec parce que Quebecor a
planifié et décrété un lock-out. Telle est la réalité. De quel côté
penchez-vous M. le premier ministre? Serions-nous en train de
découvrir la couleur de votre jupon? Noubliez pas que Quebecor
Média a décrété une multitude de lock-out ces dernières années,
dont un qui a été déclaré illégal il y a moins de deux ans. Aucune
autre entreprise au Québec ne possède un dossier aussi noir.
Quebecor se spécialise dans la gestion par le conflit. Et cet
empire aurait besoin de votre protection devant 252 travailleurs
lockoutés?
Depuis le début du conflit, les 252 travailleurs lockoutés ont fait
les choses légalement et proprement. Lattitude des syndiqués leur
a valu la sympathie du public et des commentaires positifs de
plusieurs personnalités politiques.
Si le gouvernement désire rester neutre et ne veut pas intervenir
dans le conflit, quil reste à lécart complètement. À linverse,
si vous voulez faire une intervention dans lespoir de régler ce
conflit qui a trop duré, tentez de convaincre Quebecor daccepter
larbitrage. Les 252 travailleurs en conflit sont prêts à faire
trancher le litige par un arbitre neutre. Quebecor refuse parce
quelle sait très bien que ses positions sont indéfendables dans la
situation financière du Journal
de Québec.