IMPRESSIONNANTE MANIF À QUÉBEC
27 novembre 2003
Venus de toutes les régions du Québec, plus de
7000 syndiqués de la FTQ, de la CSQ et de la CSD se sont
rassemblées mercredi midi devant l’hôtel du parlement, à Québec.
Ils protestaient contre la série de projets de loi déposés
récemment et que le gouvernement libéral entend adopter d’ici la
mi-décembre. La manifestation est la plus importante à s’être tenue
depuis l’élection du gouvernement Charest.
Gonflés à bloc, les manifestants ont même franchi les barrières qui
avaient été érigées pour les tenir à bonne distance du parlement.
Même si quelques ufs ont été lancés contre l’édifice, la
manifestation s’est déroulée paisiblement.
Quelques heures plus tard, les représentants de la FTQ ont déposé
un mémoire à la commission parlementaire chargée d’étudier le
projet de loi 31 qui porte sur les modifications au Code du
travail.
«Le message que nous voulons passer n’est pas compliqué: du
temps, du travail sont nécessaires de même que des analyses
rigoureuses des conséquences sociales et économiques de
modifications à l’article 45 du Code du travail comme s’apprête à
en faire ce gouvernement. Ce projet de loi comporte de si
nombreuses et importantes lacunes qu’il est impossible de le rendre
acceptable dans les très courts délais qu’on nous accorde pour
tenter de le faire», a déclaré le président de la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), M. Henri Massé,
en marge de la présentation du mémoire de la centrale devant la
commission parlementaire de l’économie et du travail, présentation
qui a eu lieu après la manifestation.
Un potentiel de conflits importants
«Vouloir bulldozer 40 ans de paix sociale et industrielle, de
jurisprudence et de décisions des différents tribunaux en quelques
semaines, ce n’est pas une preuve de courage mais bien de témérité
pour ne pas dire plus. C’est du jamais vu et ça apporte un
potentiel de conflits importants. En ce qui a trait aux arguments
en porte-à-faux qu’on nous présente pour justifier le largage des
protections dont bénéficient les salariés, surtout les plus
fragiles, le moins qu’on puisse dire est qu’ils ne tiennent pas la
route et nous le démontrons clairement dans notre mémoire», a
ajouté le président de la FTQ.
Museler les organisations qui défendent les travailleurs
«La soi-disant dérive jurisprudentielle, l’absence de
compétitivité, la mise au diapason de nos lois du travail avec
celles du reste du Canada masquent une volonté patronale et
gouvernementale de fragiliser les relations de travail, de museler
les organisations qui défendent les travailleurs en leur enlevant
des leviers essentiels à leur action. Les vrais enjeux, ils ont été
posés par le président du Conseil du patronat, Gilles Taillon, dans
le quotidien Le Devoir, le 18 septembre dernier: «On sait déjà
qu’il y a beaucoup de sous-traitance au Québec. On sous-traite
massivement, même. Par contre, il y a un coût énorme que les
entreprises doivent payer. Il faut acheter cette sous-traitance
ici».
«Ce même représentant nous parlait hier de la création de 66,000
emplois avec les modifications suggérées. Ce qu’il ne dit pas,
c’est que ces emplois de cheap labour seraient créés sur les ruines
des mises à pied massives inévitables si ce projet de loi est
adopté dans sa forme actuelle», a indiqué Henri Massé.
Des questions à aborder? si on nous en donne le temps
«Nous le répétons, il est impossible de rendre potable ce projet
de loi dans les délais qu’on veut nous imposer. Mais si on nous en
donnait le temps, voici quelques questions qu’on pourrait
aborder:
– La possibilité de rouvrir les conventions collectives pour les
renégocier en fonction des amendements au Code;
– Que les changements ne s’appliquent à l’égard de chaque unité
de négociation qu’à compter de la signature d’une nouvelle
convention collective;
– L’obligation pour un employeur de négocier avec le syndicat
avant d’échapper à l’application de l’article 45;
– Introduire les notions de vente d’entreprise et d’employeur
unique qu’on retrouve ailleurs au Canada;
– L’élimination de l’obligation du transfert de la plupart des
caractéristiques pour que l’article 45 s’applique;
– L’application automatique de l’article 45 dans les cas de
transfert d’employés.
«Comprenons-nous bien, de telles discussions sont carrément
impossibles dans le contexte de précipitation et d’improvisation
que tente de nous imposer le gouvernement. S’il fallait que le
gouvernement cède aux demandes du patronat et impose le bâillon sur
ce projet de loi avant Noël, on ne pourra pas appeler ça du courage
mais plutôt de la servilité», a conclu le président de la
FTQ.