Quebecor au ban des accusés
6 février 2008
(MMQ)Quebecor Média, la Corporation Sun Media
(Journal de Québec), le
portail Internet Canoë et son journaliste Hubert Lapointe ont
comparu, mardi, pour répondre à une accusation davoir transgressé
une ordonnance du tribunal en identifiant publiquement une victime
dagression sexuelle.
Les trois entreprises appartenant à Quebecor, de même que lhomme
de 26 ans, étaient tous représentés par une avocate de Montréal, Me
Isabel Schurman, qui a enregistré des plaidoyers de non-culpabilité
en leurs noms devant le juge Michel Babin, sans offrir plus de
commentaires.
Le journaliste qui est visé par une plainte devant la Commission
des relations de travail par les employés en lock-out du
Journal de Québec, étant
soupçonné dagir comme briseur de grève, tout comme 16 autres
journalistes et photographes dont les articles ou les photos sont
publiés dans ce quotidien en conflit de travail – brillait par son
absence au palais de justice de Québec. Les trois entités
conjointement inculpées avec lui navaient délégué aucun autre
représentant que leur avocate sur place. Le dossier reviendra
devant le tribunal, le 15 avril.
Selon le libellé de laccusation portée par la
procureure de la poursuite, Me Lyne Morais, linfraction a été
commise le 6 juillet dernier. Canoë avait alors publié un article
dHubert Lapointe portant sur la condamnation dun militaire de
Valcartier, Pier-Olivier Boulet, à une peine de 15 mois de
détention à purger dans la collectivité pour avoir agressé
sexuellement une jeune femme de 18 ans.
Le nom de la victime y apparaissait en toutes lettres, et ce,
malgré une ordonnance de non-publication prononcée par le tribunal
afin de préserver lidentité de la jeune femme.
Le Journal de Québec a
également imprimé le même article, sans toutefois que son auteur y
soit identifié, comme cest le cas avec les nouvelles de ce
quotidien depuis le début du lock-out déclenché par sa direction,
le 22 avril dernier.
Lordonnance en question est pourtant réclamée systématiquement par
la poursuite en matière de crime sexuel. Les victimes ne sont
jamais identifiées dans les médias, à moins den faire expressément
la demande à un juge, comme ce fut notamment le cas avec Nathalie
Simard, les filles du boxeur Dave Hilton ou encore certaines des
sept victimes du «bourreau de
Sainte-Croix», Michel Bédard.
Dans le cas de larticle dHubert Lapointe publié sur Canoë et dans
le Journal de Québec, la
victime a appris que son identité avait été révélée en se
présentant à son travail, au lendemain de la condamnation de son
agresseur. Surprise et choquée, elle a rapidement communiqué avec
la Couronne pour se plaindre. Son histoire a non seulement été
étalée aux yeux de ses collègues de travail, mais aussi dans toute
sa famille, dont certains membres lignoraient.
Cest
une enquête de la Sûreté du Québec, ponctuée par une
perquisition aux bureaux du Journal de Québec, au 450, avenue
Béchard, le 11 juillet, qui a mené au dépôt de cette accusation.
Une accusation rarement portée contre des médias au Québec.