Entrevue avec le président du syndicat des cols bleus de Montréal
2 octobre 2007
L’entrevue qui suit a été réalisée par Pierre
Dubuc et publiée le 29 août dans le mensuel l’Aut’Journal. Nous
en reproduisons de larges extraits avec l’aimable autorisation de
l’Aut’Journal.
Cest un Michel Parent radieux que nous avons rencontré aux bureaux
des Cols bleus regroupés de Montréal (local 301, SCFP-FTQ) sur la
rue Papineau à Montréal. Cest avec fierté quil me brandit
la déclaration de la Ville de Westmount rendue publique cet été qui
affirme quelle redonne aux cols bleus la gestion de leau, ce
qui lui permettra de faire économiser à ses contribuables plus de
200,000$ par année.
Sur son site Internet, la Ville explique qu«après avoir établi et évalué soigneusement
toutes les contraintes, elle a décidé de ne pas reconduire le
contrat avec Dessau-Soprin, la société dingénieurs-conseils qui
réalise les travaux dentretien courant et durgence des réseaux
daqueduc et dégout à Westmount.»
Michel nous rappelle que la loi 134 adoptée en
2005 par le gouvernement Charest permet aux municipalités de
déléguer à lentreprise privée la gestion et lentretien des
réseaux daqueduc et dégout.
Profitant du remue-ménage des fusions/défusions, les villes de
Westmount et de Côte St-Luc sétaient prévalu de ces nouvelles
dispositions et Westmount avait signé une entente de deux ans avec
la firme Dessau-Soprin dune valeur de 2,1 millions annuellement.
Michel me souligne au crayon feutre le paragraphe du communiqué
dans lequel la municipalité de Westmount salue «la collaboration du syndicat des cols bleus
de Westmount (Local 301)» pour la signature de cette
entente.
«On a gagné sur deux tableaux.
Premièrement, cela a prouvé que nous avions eu raison de dénoncer
la cession de la gestion de leau au privé en disant que ça
coûterait plus cher. Deuxièmement, nous avons démontré une fois de
plus que le syndicat des cols bleus était toujours prêt à sasseoir
avec les autorités municipales pour trouver des solutions
profitables aux deux parties et, en bout de ligne, aux
contribuables».
Bien entendu, les médias ont fait peu de cas de cette entente. Par
contre, souligne Michel Parent, «ils en ont beurré épais cet été sur le
conflit à la plage Doré».
La plage Doré, les médias et la course Nascar
On se rappellera que les médias ont multiplié les reportages pour
accuser les cols bleus de priver les Montréalais de laccès à la
seule plage accessible au cur de Montréal, la plage Doré.
«Nous avons fait quatre jours de
grève, mais rien nobligeait à fermer la plage», soutient le
président des cols bleus.
Le conflit, comme plusieurs des choses qui vont mal présentement à
Montréal, tire son origine de la saga des fusions/défusions.
«Depuis 1Expo de 1967, la Ville
avait assigné 50 employés à ce qui est devenu, au fil des ans, la
Société du parc Jean-Drapeau. Elle les a rapatriés avec les
fusions. Et la société para-municipale ne les a pas tous
remplacés», nous dit Michel Parent. Le syndicat réclame que
les postes soient comblés aux mêmes conditions que celles qui
prévalaient.
«Comme la plage est gérée par les
cols blancs, précise Michel Parent, la Ville a cherché à utiliser
le conflit pour semer la zizanie entre nos deux syndicats. Ce nest
pas étonnant. Tous les employés municipaux sont en négociation avec
la Ville pour le renouvellement de leurs conventions
collectives.»
Pour Michel Parent, le parti-pris anti-syndical des médias ne fait
aucun doute. «Après notre retour
au travail, la Ville a maintenu la plage fermée en invoquant la
tenue de la course Nascar. La plage a été fermée pendant la semaine
la plus chaude de lété. Les médias, si prompts soi-disant à
défendre les Montréalais, ont-ils protesté? Bien sûr que non!»