Privatiser le vent?
31 mars 2006
Mercredi dernier, le 29 mars, Alain Dubuc
signait une autre de ses chroniques à saveur néolibérale. Sous le
titre «Nationaliser le vent ?», il sen prenait à la campagne
actuelle des syndicats dHydro-Québec affiliés au SCFP en faveur du
contrôle public de la production dénergie éolienne. Le célèbre
chroniqueur nous accuse principalement davoir une vision passéiste
et des réflexes purement corporatistes. Il en profitait au passage
pour écorcher tous ceux, comme les dirigeants du Parti québécois,
qui voient dun bon il la nationalisation de cette ressource
naturelle.
Les présidents, et la présidente, des syndicats mis en cause ont
jugé bon de répondre à Alain Dubuc. Notons au passage que La
Presse, refusant la discussion, na toujours pas daigné nous
accorder un espace pour cette réplique.
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Le vent devait souffler fort quand notre message est passé, car
Alain Dubuc na rien vu et rien entendu.
En premier lieu, placer le débat mené par nos syndicats sur un plan
corporatif prouve que le signataire de larticle na lui-même que
cette vision. Où est lintérêt, pour les Québécois et les
Québécoises, de voir la richesse dégagée par la production
dénergie éolienne répartie entre quelques individus, quils soient
actionnaires de compagnies privées ou soucieux de boucler leurs
budgets régionaux? La charge sociale quon impose à Hydro-Québec
est redistribuée à tous les citoyens par un retour sur des tarifs
délectricité, parmi les plus bas en Amérique du Nord. Plus de un
milliard de dollars dans les programmes sociaux, et bientôt 500
millions versés annuellement pour rembourser la dette! Quel
producteur privé serait prêt à consacrer plus de 50 % de ses
bénéfices au service de la population du Québec?
Dautre part, lauteur se méprend sur nos
intentions. Jamais nous navons parlé de construire et dinstaller
des éoliennes. Le modèle que nous proposons est le même que pour la
grande hydroélectricité soit, la construction par le secteur privé
mais la propriété à Hydro-Québec. Ceci afin que cette nouvelle
énergie verte soit exploitée de façon efficace, sans danger pour la
sécurité, et pour assurer la fiabilité de la fourniture
délectricité.
Faut-il laisser léquivalent de la production de Manic 5 et Manic 2
à des entreprises qui ne cherchent quà profiter des collectivités
où elles installeront leurs parcs éoliens? Parlez-en aux
agriculteurs du Bas-du-fleuve!
Faut-il accepter quon installe des parcs éoliens nimporte où et
quensuite, les contribuables soit forcés dassumer, via des
augmentations tarifaires, les frais de branchement au réseau, de
transport, et de démantèlement des installations après leur vie
utile?
Comme laffirme Alain Dubuc, au Québec lénergie est un des moteurs
du développement économique. Ce nest pas une réaction «saurienne»
que de vouloir conserver cet avantage. Le laisser entre des mains
étrangères entraînerait le fiasco à coup sûr, et la perte du
contrôle de notre production délectricité.
Si tenir à ce que les retombées de lénergie éolienne sept
milliards de dollars sur 20 ans profitent à tous les citoyens du
Québec, cest du corporatisme, alors nous en sommes fiers!
Josée Durand, présidente, SCFP 957
Richard Perreault, président, SCFP 1500
Claude Arseneault, président, SCFP 2000
Benoît Bouchard, président, SCFP 4250
Charles Paradis, conseiller syndical SCFP