Échec total de la déréglementation électrique aux États-Unis
30 septembre 2005
Le célèbre Wall Street Journal,
référence mondiale dans le domaine de lactualité économique et
financière, a publié, le 1er mars 2005, un article de Rebecca
Smith: Le bilan des résultats de la déréglementation de
lélectricité. Larticle soulignait notamment que la
concurrence attendue sur les marchés électriques de 18 États
américains qui ont refusé la régulation des prix, sest avérée un
mythe. Les autorités de ces États ont appliqué exactement les mêmes
méthodes libérales de la réforme du secteur électrique que le
réformateur Tchoubaïs avait appliquées pour la Russie: accorder une
liberté totale aux compagnies génératrices et aux vendeurs de
lénergie, mais garder le contrôle des lignes de transmission de
lélectricité. Malgré les promesses des réformateurs américains, le
coût de lénergie a considérablement augmenté dans tous les États,
ceci indépendamment de larrivée des nouveaux vendeurs ou du
maintien du marché entre les mains des anciens opérateurs.
Par exemple, dans la région dHouston, les
consommateurs sont approvisionnés par 15 compagnies, mais leurs
tarifs sont supérieurs à ceux des autres États. En Pennsylvanie, au
début, beaucoup de nouveaux vendeurs sont venus sur le marché
électrique, dont bon nombre ont aussitôt disparu. Mais ce qui est
plus surprenant, cest que lénergie éolienne est devenue la plus
chère.
Selon le Wall Street Journal, «les experts ont reconnu
que les tentatives de libéraliser le marché au détail de
lélectricité aux USA, afin den réduire les prix, ont totalement
échoué sur tous les plans. Mais ils ignorent ce quils doivent
faire maintenant».
Comme l’avoue le patron de GF Energy, Roger Gale, la concurrence
des électriciens aux États-Unis ne contribue pas à la baisse des
prix. «Nous avons commis une grosse erreur en lacceptant»,
a-t-il déclaré.
Larticle de LOrganisation International de lÉnergie et des Mines
(OIEM) (no 72mai 2005), explique aussi quon commet une grosse
erreur daccorder au marché les vertus de régulation quil ne
possède pas.
Contrairement aux affirmations de ses promoteurs, le marché ne
régule rien du tout, à lui seul.
Le rôle de régulateur appartient à lÉtat et aux
producteurs-vendeurs qui étudient les besoins du marché. Si lÉtat
ne contrôle pas les prix, les vendeurs font alors leurs propres
lois qui consistent à tirer un bénéfice maximum (le scandale
dEnron, par exemple).
Les crises énergétiques à répétition et les pannes délectricité
géantes attestent, bien au contraire, de la pertinence de
lÉtat-nation et de la nécessité impérieuse pour lui dassurer sa
fonction de régulation économique et sociale. Cest le seul moyen
déviter le désastre global.
(NDLR Cet article est tiré du journal Le 2000, vol. 31 no
15, juillet 2005)