Douloureuses compressions à TQS
31 octobre 2007
(MMQ Albert Ladouceur) – Le télédiffuseur
TQS, une coentreprise de Cogeco (60%) et CTVglobemedia (40%),
supprime une quarantaine demplois dans son réseau et,
inévitablement, la station de Québec néchappe pas à la guillotine.
Il sy perdra autant demplois quà Montréal, 15, bien que le
personnel soit moins nombreux dans la Vieille Capitale. Sherbrooke,
Trois-Rivières et Saguenay souffrent également de cette importante
réduction des frais dexploitation et de réduction des effectifs.
Cette décision administrative est la réponse à la crise
industrielle qui touche lensemble des chaînes généralistes privées
canadiennes. En dautres mots, TQS prétend payer le prix pour le
déséquilibre criant entre les revenus des canaux spécialisés et des
télés généralistes, ces dernières nencaissant pas de redevances
dabonnement.
«Cette iniquité constitue un
facteur aggravant des problèmes de rentabilité auxquels les chaînes
privées comme la nôtre sont confrontées. Ce nest pas de gaieté de
cur que nous prenons cette décision. Nous avons choisi dagir dès
maintenant en réduisant nos coûts dexploitation récurrents, tout
en protégeant la grille de programmation, sans quoi lentreprise
pourrait être forcée de prendre des mesures encore plus
sévères», a expliqué dans un communiqué René Guimond,
président et chef de la direction de TQS.
À Québec, le service de linformation nest
pas touché. Cest majoritairement le personnel des équipes en
studio qui encaisse les coups. Des employées comme la maquilleuse
et la réceptionniste perdront leur emploi ou verront leurs heures
diminuer considérablement. Dautres employés, habituellement sur le
terrain, verront leurs charges de travail augmenter dans les
studios.
Lémission du midi à TQS Québec deviendra entièrement montréalaise
dans son contenu, sauf si un événement impose un reportage ou une
participation du service de linformation de Québec. Lémission
matinale Caféine ne
présentera plus de nouvelles régionales à Québec, un autre effet
pervers de la «montréalisation» des médias de la Vieille Capitale.
Ces coupes, qui réduisent la couverture de lactualité à Québec,
sajoutent à celles déjà très nombreuses dans les médias
dinformation locaux sans que la population et les annonceurs sen
plaignent. Ils se laissent envahir sans mot dire. Les 252 employés
du Journal de Québec
mènent actuellement cette bagarre contre Quebecor.
Le Soleil na pas remplacé
des employés à la retraite. Global, la station de télévision
anglophone de Québec, a fermé ses portes. TVA annoncerait aussi des
coupes sous peu.
Moments tristes à TQS
Lheure nétait pas aux réjouissances, hier, dans les locaux de TQS
au centre-ville. «Nous voyons
partir des collègues avec qui nous travaillons depuis une quinzaine
dannées. Ce nest pas un moment heureux», a dit le
journaliste sportif Stéphane Turcot.
«Cest vraiment triste, a
affirmé le journaliste Mario Vaillancourt, président du syndicat.
Comme nous nous trouvons
présentement en période de négociation, nous tentons, de concert
avec notre employeur, de nous donner toutes les chances de
minimiser limpact de ces compressions. Il faut quelles fassent le
moins mal possible au produit que nous mettons en ondes.»
TQS, le numéro trois de la télévision au Québec, connaît une
période sombre. Lundi, au moment du dévoilement des résultats pour
lexercice 2006-2007, Cogeco et CTVglobemedia annonçaient quils
avaient demandé à Marchés mondiaux CIBC dexaminer les options
stratégiques possibles. La vente du réseau fait partie de ces
options comme lengagement dun troisième partenaire. Lors de la
conclusion de partenariat en 2002, linvestissement de Cogeco se
chiffrait à 107,6 millions contre 72,3 millions pour CTVglobemedia.
Au quatrième trimestre, qui sest terminé le 31 août, la perte
dexploitation du secteur médias de Cogeco se chiffrait à 3,3
millions, mais le bénéfice net sélevait à 30,4 millions contre
10,3 millions en 2006. TQS na connu que deux années de rentabilité
depuis son lancement.