Deux cents syndicalistes du milieu universitaire canadien se réunissent à Montréal pendant trois jours
13 octobre 2006
Les travaux de la réunion nationale du secteur
universitaire du SCFP ont commencé jeudi soir à Montréal.
Soulignons que le SCFP compte environ 70,000 membres dans le
secteur postsecondaire, ce qui en fait la plus important
regroupement syndical dans ce secteur, d’où limportance de cette
première grande rencontre de coordination pancanadienne.
Pour louverture de cette session de travail, les participants
accueillaient comme tout premier conférencier Bruno Julliard,
président de lUnion nationale des étudiants de France (UNEF).
Dans son allocution, le leader étudiant français a rappelé
limportance du «travail en commun» entre syndicats de
salariés et organisations étudiantes qui, pour lessentiel,
partagent les mêmes valeurs et les mêmes objectifs. «Trop
souvent ces dernières années, a-t-il précisé, jeunes et salariés
menaient des combats distincts sans sappuyer les uns sur les
autres et sans remporter de victoires significatives.»
Mais pour lui les victoires restent possibles.
La crise sociale survenue en France lan dernier autour de la
question des contrats de première embauche (CPE) lui a servi
dillustration. On se souviendra quaprès plusieurs semaines de
crise, face à la mobilisation de la jeunesse et des grandes
organisations syndicales, le gouvernement français recula et retira
son projet.
«Le CPE était une véritable insulte faite aux jeunes. Avec sa
période dessai de deux ans, il constituait une nouvelle mesure
dexception qui allait conduire de manière dramatique la jeunesse à
une plus grande précarité. Sans aucune justification, les
employeurs pouvaient licencier leurs jeunes salariés de moins de 26
ans du jour au lendemain.
Les conséquences de cette dérogation au code du travail auraient
été dévastatrices: comment accéder à un logement lorsque nous ne
sommes pas certains dêtre encore salariés le lendemain? Comment
construire son avenir dans une insécurité quotidienne? Comment oser
se syndiquer alors que lemployeur peut vous licencier sans raison?
Le gouvernement prétendait quen augmentant la flexibilité du
contrat de travail, on allait mécaniquement créer de lemploi.»
[
]
«Non seulement le CPE naurait pas créé demplois, mais il
naurait été que le début dune destruction du droit du travail
français. Car après les jeunes salariés de moins de 26 ans, cest
lensemble des salariés qui auraient été concernés.
Nous avons assisté à une grande mobilisation unitaire pour faire
échec à cette démarche. Dès le début, lensemble des syndicats de
salariés et les organisations de jeunesse ont uvré à ce que le
mouvement rassemble le plus largement possible. Chacun avait
conscience que la division syndicale aurait servi le gouvernement.
Mais ce mouvement restera aussi marqué, au-delà de lunité
syndicale, dune intensité exceptionnelle : des manifestations
massives, jusquà 3 millions de personnes, des grèves dans les
universités pendant près de huit semaines
»
[
]
«Les périodes de mobilisation, a-t-il conclu, sont des
moments privilégiés pour lunité des syndicats. Il y a une évidente
complémentarité entre les mobilisations étudiantes et les
mobilisations de salariés. Jespère que chacun saura prendre en
compte la leçon que nous apporte cette victoire. Unis, nous sommes
plus forts. Il y a tellement dautres batailles à mener que nous
avons le devoir de poursuivre cette unité.»