Un syndicat forcé d’avoir recours à la Loi d’accès à l’information
11 février 2010
Il est difficile de répliquer quand le
gouvernement cache les études quil utilise pour sattaquer aux
coûts de fonctionnement dHydro-Québec constate un des syndicats de
la société dÉtat. «On commence à
en avoir assez dêtre la cible de politiciens ou déconomistes qui
veulent « dégraisser » Hydro-Québec», scande Claude
Arseneault, président du Syndicat des employé-es de techniques
professionnelles et de bureau (SCFP 2000). «Surtout quand leurs données sont gardées
secrètes! On exige la transparence, cest pourquoi nous allons
entamer une procédure daccès à linformation.»
Cette organisation représente, entre autres,
les employés des services à la clientèle dHydro-Québec, un
département particulièrement visé par le «fascicule 2», préparé
dans le cadre la consultation sur les finances publiques du Québec.
Aux pages 47 et 48 de ce récent document, on affirme que les
comparaisons létalonnage – avec des entreprises comparables sont
désavantageuses pour Hydro-Québec Distribution. Là où le bât blesse
aux yeux du syndicat est quil est impossible dobtenir ces études
comparatives, et ce, malgré des demandes répétées logées à
Hydro-Québec. «On veut bien être
comparés, mais on veut être sûr quon compare des pommes avec des
pommes. Qui sont ces autres entreprises? Quels sont les critères
utilisés? Quelles sont les obligations sociétales de ces firmes?
Est-ce que le bas coût de lélectricité au Québec est pris en
compte dans lévaluation de la performance? Nous navons aucune
réponse. Il faudrait les croire sur parole, ce nest pas
sérieux», clame Claude Arseneault. Cette étrange situation
explique aujourdhui la demande effectuée par ce syndicat en vertu
de la Loi daccès à linformation.
Des chiffres insensés
Le SCFP 2000 souhaite également réfuter un des chiffres présenté
dans ce fascicule. En effet, selon les comparaisons effectuées, si
pour le service à la clientèle, «
Hydro-Québec Distribution avait des coûts par abonnement
comparables aux entreprises les plus performantes, ce sont des
économies évaluées à environ 60 millions de dollars quelle aurait
réalisées ». Une évaluation qui a entraîné de nombreux
commentaires, dont ceux du critique péquiste Nicolas Garceau, qui a
exigé un dégraissage de la société dÉtat.
Cette estimation fait bondir le secrétaire général du SCFP 2000,
Guy Poirier. «Non seulement on ne
sait pas doù viennent ces 60 millions mais ce chiffre est absurde
à sa face même. Pour atteindre une telle économie, il faudrait
mettre dehors tous les employés des services à la clientèle! Et
encore, on arriverait en dessous du montant. Cest nimporte quoi.
Soit ils ne savent pas écrire, soit ils ne savent pas
compter», explique le dirigeant syndical. En effet, un
calcul rapide a permis au syndicat de conclure quil faudrait
couper 937 postes aux services à la clientèle pour arriver à ce 60
millions alors quil nexiste que 820 employés dans ce département.
Les dépenses en informatique
pointées du doigt
Pour le syndicat, sil existe des problèmes de performance au
service à la clientèle, ils proviennent essentiellement de deux
sources : les coûts exorbitants dun nouveau système informatique,
par ailleurs défaillant, et la pénurie de main duvre dans le
département. Instauré en 2006 pour les clients commerciaux et en
2008 pour les clients résidentiels, les coûts du nouveau système
informatique SIC ont explosés. Prévue au départ à environ 270
millions de dollars, la facture sélève aujourdhui à 500 millions
de dollars. «Et comme le système
fonctionne mal et nest pas aussi performant que promis, les coûts
continuent de grimper. Pas plus tard quen août dernier,
Hydro-Québec a versé 4,3 millions de dollars à la compagnie
Accenture pour régler des anomalies du système informatique qui
nauraient jamais dû se produire», indique Claude
Arseneault.
Diminution deffectifs
injustifiée
Afin de répondre à des exigences de rationalisation fixées par la
Régie de lénergie, Hydro-Québec a décidé de ne pas combler 200
postes au service à la clientèle. Une décision qui vient en
contradiction avec lobjectif avoué de diminuer le temps dattente
des clients qui appellent. La direction souhaite faire diminuer le
délai moyen de réponse (DMR) de 200 secondes en 2009 à 90 secondes,
et ensuite à 75 secondes, avec toujours moins de personnel.
«Cest mathématiquement
impossible! affirme Guy Poirier. La direction dHydro doit croire aux
miracles.» De plus, le temps dattente étant parfois très
long, des clients se découragent et raccrochent, et ces appels
abandonnés ne sont pas comptabilisés. «Malgré les belles promesses, Hydro-Québec ne
prend pas réellement les moyens pour améliorer le service à la
clientèle. Préparez-vous à attendre en ligne encore
longtemps», de conclure Claude Arseneault.