«De Maîtres chez nous? à locataires chez nous»
4 novembre 2004
– Mario Gervais, président du
SCFP«En 40 ans avec le parti libéral, nous
sommes passés de Jean Lesage à Jean Charest, c’est-à-dire de
Maîtres chez nous à locataires chez nous .» C’est par cette
formule imagée que le président québécois du Syndicat canadien de
la fonction publique (SCFP-FTQ), Mario Gervais, a résumé la
politique gouvernementale sur les partenariats public-privé (PPP),
lors d’un point de presse, en marge d’un rassemblement de plus de
700 militants syndicaux venus de toutes les régions du Québec.Pour le président du SCFP, depuis l’an dernier, le gouvernement
Charest met en place, les uns après les autres, les morceaux d’un
grand casse-tête pour vendre aux multinationales nos propriétés
collectives. «On assiste présentement à la mise en place d’un
plan de dépossession collective comme on ne l’a jamais vu au
Québec», s’est indigné Mario Gervais. L’an dernier, c’était
les modifications au Code du travail, le découpage des unités
syndicales dans la santé, cette année c’est la création de l’Agence
des PPP, la loi sur les pouvoirs municipaux, tout se met en place
pour vendre nos acquis sociaux à l’entreprise privée au mépris de
la vie démocratique. On piège la population québécoise, a-t-il
poursuivi. Ça nous fera une belle jambe de changer de gouvernement
après quatre ans quand les contrats en PPP auront été signés pour
25, 30 ou 40 ans.»Une mise en tutelle?
Pour sa part, le secrétaire général du SCFP-Québec, Pierre Dupuis,
n’a guère été plus tendre à l’endroit du gouvernement Charest. Il a
expliqué que, devant les réticences des administrations publiques à
se lancer tête baissée dans l’aventure des PPP, le gouvernement
Charest a décidé de créer une agence paragouvernementale dominée
par les intérêts privés et caractérisée par le recours systématique
aux firmes d’experts-conseils. En vertu des énormes pouvoirs
conférés par le projet de loi 61, l’Agence des partenariats
public-privé pourra exercer une tutelle de toutes les
administrations publiques, des ministères et sociétés d’État aux
universités en passant bientôt par les municipalités et les
commissions scolaires.«C’est scandaleux, ce qui se passe actuellement, s’est
indigné Pierre Dupuis. Prenez le projet de loi 62 (Loi sur les
compétences municipales). Quand on lit attentivement ce projet de
loi et qu’on fait le lien avec le projet de loi 61 sur les PPP, on
s’aperçoit que les municipalités vont bientôt être dépossédées de
leurs pouvoirs. Chaque développement qui a le moindrement
d’importance, mis de l’avant par une municipalité, devra être
soumis à l’Agence des PPP, sinon les subventions gouvernementales
leur seront tout simplement refusées. Quand j’entends Monique
Jérôme-Forget minimiser constamment l’impact du projet de loi 61,
je ne peux pas la croire.»Le SCFP poursuit sa mobilisation
Du côté du SCFP, le rassemblement d’aujourd’hui représente une
nouvelle étape dans sa mobilisation contre les politiques du
gouvernement Charest. Au terme de la rencontre d’aujourd’hui, les
700 militants repartiront sensibiliser leurs membres sur les
impacts du recours aux PPP. Plus largement, le SCFP mettra de
l’avant une campagne grand public pour expliquer à la population
québécoise que les PPP ne constituent qu’une formidable immixtion
des intérêts privés dans toutes les sphères de l’administration
publique.Le SCFP entend mobiliser ses syndicats locaux pour alerter
l’opinion publique sur les dangers de la privatisation et rappeler
constamment au gouvernement Charest et aux partis politiques
fédéraux, provinciaux et municipaux son opposition farouche au
démantèlement de l’État et des organismes publics.