C’est aux responsables de payer
5 juin 2008
Les quatre syndicats de lUQAM reçoivent avec
satisfaction le Rapport du Vérificateur général du Québec déposé
hier à l’Assemblée nationale. Nous acquiesçons à lidentification
des grands facteurs à lorigine de la situation financière
catastrophique dans laquelle notre Université se retrouve
aujourdhui.
À la lumière du Rapport, il apparaît que la responsabilité de
lancien recteur, de son vice-recteur aux Affaires administratives
et du directeur des Investissements est indéniable, et sil y a
matière à poursuite, le dossier doit suivre son cours. Si leur
responsabilité est indéniable, pour autant, elle nest pas
exclusive, car cest toute la chaîne dapprobation et de contrôle
budgétaire des projets immobiliers de lUQAM qui a failli à la
tâche.
Au premier chef, le Conseil dadministration de lUQAM et, plus
encore, son Comité de vérification qui «na tenu aucune réunion portant sur les
projets immobiliers entre lautomne 2003 et lautomne 2006».
On comprendrait mal, au lendemain du verdict sans appel du
Vérificateur général, que les membres de ce Comité encore en poste
aujourdhui le demeurent, alors que leur tâche était précisément de
vérifier périodiquement létat de lévolution des grandes
enveloppes budgétaires de lUQAM.
Au-delà de lUQAM, le rapport du Vérificateur
général pointe de façon explicite la responsabilité du siège social
de lUQ et de lAssemblée des gouverneurs. Manifestement, ces deux
instances ont fait gravement défaut à leur responsabilité
statutaire dexaminer avec rigueur les projets denvergure que
lUQAM leur a demandé dapprouver. Comme, depuis la mise au jour de
la dérive immobilière, lUniversité du Québec na été, de surcroît,
daucun soutien pour lUQAM, le retrait de notre Université du
réseau de lUQ nous apparaît aujourdhui dune nécessité absolue.
Dorénavant, le seul interlocuteur pour lUQAM, cest le
gouvernement du Québec et son ministère de lÉducation, du Loisir
et du Sport.
À cet égard, après avoir rappelé que le MELS doit sassurer que les
universités disposent dun parc immobilier conforme à leurs
activités denseignement, le Vérificateur général relève avec
justesse labsence de règles adéquates du Ministère pour leurs
projets immobiliers. Tel que souligné dans le rapport, le MELS
manque de critères pertinents et prévisibles et de mesures
daccompagnement pour la gestion des projets immobiliers. En outre,
il ne fait pas de suivi rigoureux de leur situation financière.
Tout en partageant cette analyse, nous faisons le constat, pour
notre part, que depuis plusieurs années le Ministère contraint les
universités à financer autrement que par ses subventions le
développement de leurs projets immobiliers. Par lintermédiaire de
lémission dobligations ou du partenariat public-privé, le montage
financier est devenu un paravent, ensuite une mode et plus
récemment un château de cartes. Dans le cas de lUQAM, celui-ci
sest écroulé. En novembre dernier, le Vérificateur général avait
dailleurs conclu, dans la première partie de son Rapport, à
limpossibilité pour lUQAM de se sortir seule de la crise
financière liée au dérapage de ses projets immobiliers « tout en
respectant sa mission denseignement et de recherche ».
Cest pourquoi, nous continuons à réclamer le retrait annoncé il
y a près de neuf mois mais toujours pas réalisé de lîlot
Voyageur et de sa facture du périmètre financier de lUQAM, ainsi
que le paiement du Complexe des sciences terminé depuis deux ans.
Le Ministère doit enfin procéder sans plus tarder au versement des
subventions conditionnelles et des frais dintérêts engendrés par
les emprunts. Selon le budget actuel de lUQAM, le déficit de
fonctionnement est de moins dun million de dollars, et pourtant 65
millions sont encore retenus en attendant léquilibre !
La dérive immobilière de lUQAM a été engendrée par le
sous-financement chronique que subit notre Université depuis des
années et le déficit despace, causé pour sa part par le
développement soutenu des activités denseignement et de recherche.
Ainsi, seul un réinvestissement public massif et une gouvernance à
la collégialité renforcée sauront permettre à lUQAM de se
développer et de fonctionner adéquatement afin de se sortir du
bourbier dans lequel on la maintient depuis des mois.
En terminant, les quatre syndicats de lUQAM notent également avec
satisfaction que la direction actuelle de lUQAM reconnaît enfin,
dans ses commentaires au Rapport du Vérificateur général, que :
«les étudiants, les professeurs,
les chargés de cours, les employés et les cadres de lUQAM ne
sauraient être punis pour les erreurs commises par dautres et des
faits et gestes sur lesquels ils navaient aucune prise. Au nom de
la justice et du fait quils constituent les uvres vives de
luniversité, ils doivent être tenus indemnes des conséquences
financières de ce quon a appelé la dérive immobilière de
lUQAM».
La communauté de lUQAM na pas à payer : nous le clamons depuis le
début de la crise. La justice et léquité sont ce que nous navons
eu de cesse de revendiquer.