Cri du coeur du secteur : « une tragédie pour l’éducation! »
7 juillet 2025
Cette période de l’année, habituellement synonyme de repos bien mérité, s’ouvre cette fois sur une toile d’incertitude. Les règles budgétaires ministérielles dévoilées récemment annoncent des compressions majeures dans l’ensemble du réseau scolaire, et nos centres de services scolaires en sont la cible. Déjà, des signaux inquiétants émergent : restructurations, menaces sur les ressources, révisions d’effectifs… Tout cela dans un climat d’anxiété palpable pour nos milieux.
Les coupes annoncées ne sont pas que des chiffres : elles entraîneront des conséquences concrètes sur notre travail, sur notre capacité à offrir des services de qualité et, ultimement, sur la réussite des élèves.
Normalement ont lieux les séances d’affectations ou les renouvellements de contrat dans plusieurs centres de service à ce moment de l’année. Les membres du personnel de soutien sont fébriles à savoir s’ils vont travailler avec les mêmes collègues, auprès de la même clientèle ou ils sont motivés par la possibilité d’explorer de nouveau défi et vivre une nouvelle aventure dans le monde merveilleux qu’est celui de l’éducation.
Cette année, ce n’est pas le même tableau qui se dessine, ce sont plutôt des gens qui pleurent pour des contrats non-renouvelés. Des professionnels conscients des services que les élèves n’auront pas. Ce sont des éducateurs et éducatrices en éducations spécialisés qui détenaient un poste depuis plusieurs années, qui se voit dans l’obligation de déplacer leurs collègues de travail sur la liste de rappel puisqu’il n’y a pas d’autres choix à la hauteur de ce qu’ils ou elles détenaient. Ce sont des ouvriers qui étaient sur des projets spécifiques qui voient leur contrat se terminer, parce que dans le fond nos écoles ne sont pas en si mauvais état, attendons qu’elles s’écroulent pour les reconstruire au lieu de les entretenir.
Face à l’ampleur des défis qui s’annoncent, nous ne pouvons pas rester silencieux ni immobiles. Chaque poste perdu, chaque service amputé, chaque élève privé d’un accompagnement nécessaire, c’est une blessure infligée à notre système public d’éducation. Mais c’est aussi un appel à l’action.
Notre force réside dans notre capacité à nous unir, à dénoncer ce qui est inacceptable, et à proposer des solutions porteuses de sens. Ensemble, faisons front commun pour défendre ce qui doit l’être : la dignité des travailleuses et travailleurs, la stabilité dans les écoles, la qualité des services, et surtout, le droit fondamental à une éducation équitable pour chaque élève, peu importe son parcours ou son code postal.
Gardons en tête que ce sont les voix nombreuses et déterminées qui font bouger les lignes. Refusons de normaliser la précarité, refusons de laisser l’austérité redessiner nos écoles. Continuons de nous battre, ensemble, pour un réseau scolaire à la hauteur de nos aspirations.
Car malgré tout, l’école demeure un puissant vecteur d’espoir. Et cet espoir, c’est à nous de le protéger.
Michelle Poulin
Présidente du Conseil provincial du soutien scolaire
Vice-présidente secteur de l’éducation SCFP-QC