Contre la réforme Couillard-Charest
12 décembre 2006
Un important regroupement d’organisations
syndicales et communautaires toutes membres de la Coalition
Solidarité Santé, dénonce la contre-réforme Couillard-Charest en
santé et services sociaux, qui a cours depuis l’arrivée au pouvoir
du gouvernement libéral en 2003. Avec l’adoption probable du projet
de loi 33, cette contre-réforme connaîtra une soudaine
accélération. Pour le regroupement, le gouvernement Charest ramène
le système de santé québécois 30 ans en arrière.
Avec le projet de loi 33 à la veille d’être adopté, un important
dérapage est à craindre. Ouvrant la porte aux assureurs privés pour
obtenir des soins chirurgicaux privés comme c’était le cas avant la
venue de l’assurance-maladie du Québec en 1970, les médecins
entrepreneurs privés pourront compter sur l’aide de fonds
gouvernementaux pour se développer aux dépens des services publics.
S’il est adopté, le projet de loi 33 permettra par contrat ou
entente de référer des patients pour se faire opérer dans des
cliniques privées. Lesquelles seront remboursées par les fonds
publics.
Si pour l’heure, le recours au secteur privé
ne serait autorisé qu’à un certain nombre de chirurgies, rien
n’empêchera le ministre d’étendre cette permission par la suite. En
procédant ainsi, discrètement et par étape, en rassurant faussement
la population, le gouvernement poursuit son entreprise de
démantèlement des services sociaux et de santé ouvrant de
nombreuses brèches favorisant la privatisation des services jusqu’à
maintenant gratuits.
Il faut rappeler, en effet, que le projet de loi 33 fait suite aux
autres pièces adoptées par le gouvernement Charest depuis trois
ans, en dépit de
l’opposition de plusieurs organismes et experts et en imposant le
bâillon. En effet en 2003, le ministre Couillard a procédé ainsi à
l’adoption du projet de
loi 25 qui fusionnait les établissements de santé d’un territoire,
du projet de loi 30 qui limitait le droit de négocier des
travailleuses et travailleurs au palier national et au projet de
loi 31 qui favorisait la sous-traitance.
La fusion des établissement de santé et de services sociaux créant
les nouveaux Centres de santé et des services sociaux (CSSS) a
transformé l’organisation du travail et la prestation des services
dans les régions et les quartiers. De plus en plus, les services à
domicile, de même que l’hébergement des personnes en perte
d’autonomie sont donnés en sous-traitance ou à contrat au privé.
Cette privatisation comporte de graves dangers pour la qualité et
l’accessibilité des services et elle ouvre la porte à l’imposition
de frais aux usagers.
Les projets de réorganisation et de privatisation du gouvernement
sont une menace à l’universalité des soins de santé. Depuis plus de
trente ans maintenant, le système de santé et de services sociaux
québécois repose sur l’égalité de tous les citoyens d’obtenir des
soins indépendamment de leur statut et de leur revenu. Avec
l’adoption d’une série de lois sous le bâillon qui favorisent le
secteur privé, le gouvernement a mis en place une nouvelle
configuration des soins de santé qui rompt avec les principes
d’universalité, d’accessibilité et d’égalité.
La mise en place de cette contre-réforme Couillard-Charest démontre
la volonté de ce gouvernement de saccager les services publics.
Déjà, on observe des coupures de services, une diminution des
services de prévention, des reculs importants de la participation
démocratique, une démobilisation du personnel, des pertes
d’efficacité et des démissions de gestionnaires. La Coalition
Solidarité Santé a d’ailleurs en main une compilation d’exemples de
ratés, un « dossier noir » en quelque sorte, illustrant les impacts
de cette façon de faire sur les services et la population.
Pour les organisations syndicales et communautaires, cette
contre-réforme est aux antipodes des vraies solutions. Ces
organisations refusent totalement l’ouverture plus grande faite au
secteur privé, et réitèrent leur demande de retirer le projet de
loi 33. Pour la Coalition Solidarité Santé et ses organisations
membres, le système public de soins de santé et de services sociaux
demeure la façon la plus efficace et la plus équitable de fournir
des services accessibles et universels à la population
québécoise.