Vers la grève à l’Université de Sherbrooke?
15 mars 2005
Sherbrooke, le mardi 15 mars 2005 – Le
syndicat du personnel de soutien de l’Université de Sherbrooke
(UdeS), affilié au Syndicat canadien de la fonction publique
(SCFP-FTQ), pourrait bientôt exercer des moyens de pression pouvant
aller jusqu’à la grève illimitée. Une résolution en ce sens sera
soumise aux membres du syndicat, demain au cours d’une assemblée
générale pour faire le point les négociations avec l’institution
universitaire. Conformément aux statuts du syndicat, cette
proposition devra être confirmée par l’ensemble des membres au
cours d’un référendum qui, le cas échéant, se tiendra le 22 mars.
Appelé à commenter la situation, le président
du syndicat, Alain Aubé, a déploré la lenteur des négociations pour
le renouvellement de la convention collective, échue depuis le 31
mai 2004. «Après 14 séances de négociation, tout est bloqué.
Rien n’est réglé en ce qui concerne les salaires et ce n’est guère
mieux pour les aspects normatifs, a-t-il commenté.»
Les discussions qui achoppent peuvent se résumer en trois grands
blocs. Tout d’abord, le dépôt patronal sur les salaires apparaît
nettement insuffisant à la partie syndicale. Ensuite, plusieurs
dossiers normatifs majeurs n’ont pas encore fait l’objet d’entente
à la table; on parle principalement de sous-traitance, d’exigences
et d’affichage de postes, de tests pour l’obtention de ces postes,
des assurances pour les employés temporaires, de la durée de la
semaine de travail et d’une clause-passerelle entre les employés de
soutien de la recherche et ceux de l’unité générale. Un troisième
bloc de désaccord touche 11 articles. Ces 11 articles ne sont
toujours pas réglés et constituent autant d’irritants pour la
partie syndicale. «Que l’employeur refuse toujours de régler ces
points relève de l’entêtement, explique Alain Aubé.
L’employeur retient délibérément le règlement de ces 11 points.
D’ailleurs, lors de la dernière rencontre, nous avons fait savoir à
nos interlocuteurs que s’ils voulaient qu’on poursuive les
pourparlers, ils avaient tout intérêt à régler ces 11 points qui ne
soulèvent pas de débats entre nous.»
Se comparer avec les grandes universités
Du côté des employés, on trouve pour le moins étonnant que les
comparaisons avancées par la partie patronale à la table des
négociations soient toujours celles de l’Université du Québec à
Rimouski (UQAR). «C’est quand même étonnant qu’on nous réfère
toujours à l’UQAR, mais que sur la place publique le recteur
n’arrête pas de nous comparer avec les grandes universités et de
dire que sommes numéro un, laisse tomber Alain Aubé.»
Des moyens de pression
Des moyens de pression légers ont déjà été entrepris par les
employés la semaine dernière. Dès 7h30 le 8 mars dernier, de
nombreuses affiches électorales du recteur – on se souviendra que
Bruno-Marie Béchard s’était porté candidat lors des dernières
élections fédérales – légèrement remaniées, ont été affichées dans
certains pavillons de l’université. Le coup n’a pas dû passer
inaperçu puisque dès 8h45 l’administration avait fait décrocher
toutes les affiches. La même journée, des membres du personnel
avaient manifesté en divers points du campus.
Le SEESUS
Le Syndicat des employées et employés de soutien de l’UdeS (SEESUS)
compte environ 1100 membres. Deux unités de négociation distinctes
regroupent ces 1100 personnes, soit l’unité 74 qui regroupe quelque
1000 employés et l’unité 98 pour les 120 autres membres du
personnel affecté à la recherche. Les deux tiers sont des femmes.
Le SEESUS est une composante importante du secteur universitaire du
SCFP qui représente 15,000 membres dans le secteur de l’éducation,
dont 8000 dans les universités, principalement des employés de
soutien. Comptant au total près de 100,000 membres au Québec, le
SCFP est présent dans plusieurs autres secteurs d’activités, comme
la santé et les services sociaux, les municipalités,
l’hydroélectricité, les transports urbain et aérien, les
communications, les sociétés d’État et organismes publics
québécois. Il est aussi le plus important syndicat affilié de la
FTQ.