Tout le monde en souffre
25 mai 2011
Montréal, le
mercredi 25 mai 2011 Réunis en colloque aujourdhui à
Montréal, une centaine de travailleurs du réseau de la santé, du
milieu communautaire ainsi que des universitaires québécois et
français font un constat alarmant sur limpact des dernières
réformes en santé et services sociaux au Québec.
Loin daméliorer les soins à la population,
les nouveaux modes de gestion, inspirés de grandes entreprises
comme Toyota, ont des effets dévastateurs sur la santé mentale des
travailleurs du réseau public. Du coup, la capacité de répondre aux
besoins urgents de la population est sérieusement minée et des
pressions sexercent sur le milieu communautaire, les aidants
naturels et les familles.
Pour Guy Jolicoeur, du Syndicat canadien de la fonction publique
(SCFP), «le manque de confiance
envers les travailleurs et travailleuses, qui transparait avec
linstauration de processus de contrôle dignes dune chaîne de
production, réduit lautonomie professionnelle et la capacité de
donner des soins personnalisés et adaptés à la population».
Le milieu communautaire constate, sur le terrain, dimportants
problèmes daccès aux soins, notamment pour les personnes âgées.
Selon Sébastien Rivard, coordonnateur du Regroupement
intersectoriels des organismes communautaires (RIOCM),
«le milieu communautaire ne peut
tolérer de voir des personnes âgées laissées pour compte par les
CSSS. Le gouvernement du Québec doit réinvestir de toute urgence
dans les services sociaux au lieu de se concentrer uniquement sur
des réformes de gestion.»
Du côté des universitaires, Angelo Soares de lécole des Sciences
de la Gestion de lUQAM, et Dominique Lhuilier, du Centre de
recherche sur le Travail et le Développement à Paris, le courant
mondial dominant en gestion publique produit des effets délétères
sur les travailleuses et travailleurs par la domination des
processus dencadrement au détriment de la reconnaissance du
travail réel.
Pour mettre fin à la souffrance de celles et ceux qui donnent et
qui reçoivent les soins, il faut abandonner cette idéologie
industrielle de gestion dans nos services sociaux publics et
revenir à une gestion plus humaine où la capacité de prendre soin
reste au centre des préoccupations.