Système de santé – LE PRIVÉ N’EST PAS LA SOLUTION
26 janvier 2004
Montréal, le lundi 26 janvier 2004 – Le Syndicat canadien de
la fonction publique (SCFP) conteste vivement les conclusions d’un
sondage rendu public aujourd’hui par l’Institut économique de
Montréal, selon lequel les Québécois seraient en faveur d’un
système de santé privé parallèle. Or, toutes les enquêtes
indépendantes menées depuis plusieurs années, révèlent qu’au
contraire, la population est tout à fait consciente de la valeur de
notre système public de santé et souhaite que les gouvernements en
assurent le financement de manière adéquate.
Le SCFP rappelle que l’Institut économique de
Montréal (IDEM) est un féroce partisan des privatisations et du
démantèlement des services publics. D’ailleurs, en octobre dernier,
la Coalition Solidarité Santé dénonçait publiquement les liens
étroits entre le Parti libéral du Québec et l’IDEM et demandait que
l’Institut soit reconnu pour ce qu’il est : non pas un organisme de
charité mais bien un lobby en faveur des compagnies privées.
De plus, le sondage IDEM cache mal ses intentions. Les répondants
devaient signifier s’ils accepteraient que l’accès aux soins soit
accéléré pour ceux qui sont en mesure de payer, et ce, tout en
maintenant le système actuel de santé gratuit et universel. Or,
on sait très bien qu’un système de santé privé parallèle, au seul
bénéfice des riches, ne pourrait être instauré sans amputer
dangereusement le système public. Qui essaie-t-on de tromper?
«On ne peut créer un secteur parallèle et maintenir ce qui
existe pour tous les citoyens. C’est impossible. Un système privé
pomperait d’importantes ressources du réseau public. Où le privé
trouverait-il ses médecins, ses infirmières, ses spécialistes? Dans
le réseau public bien sûr! On se retrouverait avec un système pour
les riches et des listes d’attentes encore plus longues pour les
autres, dans un réseau public dégarni», affirme Marcel Girard,
président du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS).
D’autres provinces canadiennes ont tenté des expériences
similaires, mais sans grand succès. En Alberta, par exemple,
l’ajout du privé n’a profité qu’aux plus fortunés. Les plus pauvres
et la classe moyenne font toujours face à des engorgements dans les
urgences et à de longue listes d’attentes. Aux États-Unis, le
système privé de santé coûte terriblement cher à l’ensemble du
pays, les familles déboursent des milliers de dollars chaque année
pour des assurances privées et près de 35 millions de personnes
n’ont aucune assurance. Depuis longtemps, la population du Québec a
fait d’autres choix et défend un système de santé public, gratuit
et universel, c’est-à-dire un réseau accessible à tous, qui ne
favorise pas les plus riches et qui ne laisse tomber personne.
Enfin, le SCFP rappelle que, de son étude approfondie de notre
système de santé, la Commission Romanow a conclu que le recours au
privé n’est pas la solution. Bien au contraire, la Commission juge
qu’il faudrait un réinvestissement important dans notre réseau
public pour assurer des soins de qualité à tout le monde. «Notre
réseau public a trop souffert des réformes, des coupures et des
mises à la retraite. Le désengagement des gouvernements a touché
directement les malades. On ne peut plus s’amuser à multiplier les
postes de cadres, il faut réinvestir, moderniser l’équipement, les
installations et miser sur ceux et celles qui donnent des services
direct aux patients», de conclure Marcel Girard.
Le SCFP représente quelque 20,000 membres dans la santé et les
services sociaux au Québec. En plus de ce secteur d’activité, le
SCFP est présent dans 10 autres secteurs, entre autres,
l’éducation, les municipalités, le transport urbain, le transport
aérien, les sociétés d’État et organismes publics québécois,
l’hydroélectricité et les communications. Comptant au total près de
100,000 membres au Québec, il est le plus important syndicat
affilié à la FTQ.