Santé et services sociaux – Vaste campagne en faveur du système public
27 mars 2002
Montréal, le 27 mars 2002 Aujourdhui, dans le hall du
Complexe FTQ, le président de la centrale, Henri Massé, et les
porte-parole du Syndicat canadien de la fonction publique
(SCFP-FTQ) ont inauguré une exposition sur lavenir du système
public québécois de santé.
Lexposition, constituée dune douzaine de
panneaux de grande dimension, se veut un outil de sensibilisation
aux menaces de privatisation qui planent actuellement sur les
systèmes de santé québécois et canadien. Alors même que la
Commission Romanow tient ses audiences, cette exposition fera le
tour des régions du Québec, dans des lieux publics et des milieux
de travail.
« Depuis quelques années, a déclaré Henri Massé, on laisse
entendre que le système public est inefficace, trop coûteux et
incapable de répondre aux besoins de la population. On pointe du
doigt les listes dattente. On fait de grosses manchettes avec
lengorgement des urgences comme si, il y a quelques années,
lurgence des hôpitaux était aussi rapide quun McDo. On affirme
que le système public est dans une impasse et quil ny a quune
solution : le recours au secteur privé. Nous nous inquiétons de ces
attaques répétées, car elles minent la confiance des citoyens et
détruisent la crédibilité dun des meilleurs systèmes au monde.
»
Qui a intérêt à discréditer le système public?
La thèse de la privatisation est soutenue par des gens comme Don
Mazankowski, celui-là même qui remettait récemment au gouvernement
albertain un rapport proposant de privatiser de grands pans du
système de soins de cette province.
« Il y a des liens que nous ne pouvons nous empêcher de faire, a
déclaré le président du SCFP-Québec, Mario Gervais. Ce Monsieur est
administrateur et conseiller de la société dassurance Great-West,
propriété de Power Corporation,
qui possède entre autres le
quotidien La Presse
où léditorialiste en chef, André Pratte, a
louangé le rapport
»
Au Québec, un des chefs de file de ce courant de privatisation est
Claude Castonguay, le père de lassurance-maladie, qui a été
président du Groupe dassurance la Laurentienne de 1982 à 1989.
« Mais il est moins direct et plus ratoureux que son pendant
albertain, de commenter Mario Gervais. Rempli de générosité,
Monsieur Castonguay offre la « collaboration et le soutien du
secteur privé » pour « venir en aide » au secteur
public. Une sorte de partenariat privé-public pour prendre encore
plus de place. Il sagit dune proposition tout à fait insidieuse.
»
Quels coûts augmentent?
Le SCFP et la FTQ ne nient pas que les coûts de la santé
augmentent. Mais il ne suffit pas de comparer les budgets bruts
année après année. Il faut voir où se situent les augmentations.
Les données du premier rapport annuel de lInstitut canadien
d’information sur la santé sont fort éloquentes. On y apprend que
la part des dépenses des médecins et celle des hôpitaux et autres
établissements a diminué par rapport aux dépenses totales de santé
au Canada ces 20 dernières années. Par contre, pendant la même
période, la part des dépenses pour les médicaments a presque
doublé!
« Alors, de commenter Marcel Girard, président du Conseil
provincial des affaires sociales du SCFP, ce ne sont pas ceux et
celles qui prodiguent les soins, c’est-à-dire nous en grande
partie, qui sont responsables de l’augmentation des coûts et des
déficits des hôpitaux. Il faut regarder ailleurs, ce quomettent de
faire, bien sûr, les tenants de la privatisation. De plus,
ajoute-t-il, même si le ministère de la Santé et des Services
sociaux est une grosse machine, il sy exerce un contrôle des coûts
qui ne pourrait avoir son équivalent dans un contexte de
privatisation. »
Tableau
Pourcentage des dépenses totales de santé publiques et privées au
Canada, par affectation de fonds, en 1979 et 1999 (prévisions)
Année 1979 1999
Médecins 14,9 % 13,9 %
Hôpitaux 42,5 % 31,6 %
Médicaments 8,6 % 15,2 %
Source : Premier rapport annuel, Institut canadien d’information
sur la santé, p. 16
Des solutions, il y en a
Les porte-parole syndicaux ont fortement insisté sur le fait que
des solutions simples et pratiques sont à portée de main, pour
autant quon veuille bien les appliquer et voir plus loin que le
bout de son nez.
Le président de la FTQ a cité en exemple le cas des soins à
domicile. « Le rapport Anctil a clairement établi qu’avec des
soins à domicile adéquats, l’État peut épargner jusqu’à 60 % des
coûts qu’il assumerait en centre d’accueil ou en hospitalisation.
Voilà donc une piste intéressante pour répondre aux besoins, tout
en faisant des économies. Nous avons le choix entre une hausse
contrôlée de ces coûts ou leur explosion! »
De leur côté, Mario Gervais et Marcel Girard ont insisté sur toute
la question de lorganisation du travail comme voie de solution. Au
moment où il est question de confier aux infirmières certains actes
médicaux actuellement réservés aux médecins, il faut aussi songer à
alléger leur tâche. « Pourquoi ne pas confier plus de
responsabilités aux infirmières auxiliaires? Pourquoi ne pas donner
la majorité du travail administratif à des commis généraux? Ce sont
des pistes prometteuses qui amélioreraient la qualité des soins et
réduiraient sensiblement la pression sur le personnel et la hausse
des coûts. »
« Quand on analyse froidement les choses, a conclu le président
de la FTQ, on saperçoit que cest le Québec qui dépense le moins
per capita pour la santé. De plus, depuis dix ans, les dépenses de
santé, calculées en fonction du produit intérieur brut, ont diminué
au Canada. En 1999, elles représentaient 9,9 % du PIB, alors que
chez nos voisins du sud, le royaume du secteur privé, elles étaient
de 12,9 %.»