SANTÉ : APRÈS LE DÉFICIT ZÉRO, DÉMOCRATIE ZÉRO !
9 mai 2001
Québec, mardi 8 mai 2001 Le gouvernement québécois a
manifesté lintention de modifier dès ce printemps la Loi sur la
santé et les services sociaux. (
) Ainsi, il veut pouvoir nommer
lui-même à lavenir tant les administrateurs des Régies régionales
que leurs PDG, de même que près de la moitié des
administrateurs des établissements, peut-on lire dans le préambule
dune pétition, lancée aujourdhui à lintention des députés de
lAssemblée nationale, par le Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP-FTQ).
Un déficit démocratique inacceptable
« Les représentants des travailleurs, ceux-là mêmes qui alertent le
public et les médias sur les abus du système, seraient carrément
exclus de discussions où le huis clos deviendrait la règle. Il
sagit là dun déficit démocratique inacceptable.
« Bernard Landry avait déclaré quaprès latteinte du déficit zéro,
on reviendrait plus près des principes socio-démocrates. Si ce
rapprochement signifie de museler le public et les représentants
des travailleurs en tarissant une source dinformation essentielle
sur lutilisation dune partie importante des fonds publics, nous
devons le dénoncer », a déclaré Claude Généreux, président du
SCFP-Québec.
Un retour des lobbys ?
« Nest-il pas ironique de constater que louverture aux
travailleurs et au public des conseils dadministration sest faite
sous un gouvernement libéral que le ministre des Finances de
ladministration péquiste suivante, Bernard Landry, avait fustigé
pour ne pas avoir mené à bien léquivalent des réformes de
droite de Thatcher au Québec.
« En sassurant quil ny ait plus de chiens de garde sur
les conseils dadministration des établissements publics, ce
gouvernement prépare le terrain à un recul de plusieurs dizaines
dannées. Ainsi, chaque gouvernement voudra installer le plus
rapidement possible des administrateurs qui seront du bon
bord. Avec la pression du secteur privé sur le système, on peut
imaginer la frénésie des lobbyistes, devant une telle
culture du secret et du huis clos », a ajouté M. Généreux.
Louverture des conseils dadministration a eu des effets
concrets
Que ce soit à lHôpital Anna-Laberge de Châteauguay, ou encore au
Centre Lucille Teasdale, à Montréal, la présence active de
représentants des travailleurs sur les CA a permis de rendre
imputables des administrations qui, autrement, géraient des pans
importants du Trésor public sans rendre de comptes.
« En ayant accès aux réels décideurs et aux vrais chiffres quant à
létat des finances dun établissement, on peut faire partie de la
solution des problèmes, on peut alerter lopinion publique,
organiser la pression pour un financement adéquat. On a réussi à
régler de nombreux problèmes, à éviter des fermetures de lits en
réadaptation, à mobiliser les bénéficiaires, leurs familles et la
population pour améliorer les ressources dans notre centre », a
affirmé Louise Ferland, présidente de la section locale 2884, au
Centre Lucille-Teasdale.
Le double discours gouvernemental
« Il est plutôt troublant quà peine deux semaines après avoir
réclamé plus de transparence dans les négociations entourant la
ZLÉA, au Sommet des Amériques, ce même gouvernement sapprête à
jeter un voile plus ou moins opaque sur les lieux où sadministre
pratiquement un très important budget gouvernemental, celui de la
santé et des services sociaux.
« Il est clair que par sa manuvre annoncée, le gouvernement veut
mettre en place des béni-oui-oui qui ne contesteront pas
lapplication régionale et locale des fameuses orientations
ministérielles et qui ne mordront certainement pas la main qui les
a placés là où ils sont.
« Mais au-delà de cette façon de faire du gouvernement Landry sur
La Gouverne des Régies régionales et des établissements du réseau
de la santé, il faut sinquiéter de cette dérive démocratique, de
cette culture du secret qui risque de sétendre à tous les lieux de
décision de ladministration publique si on laisse faire dans la
santé », a conclu Claude Généreux.