Saint-Jean-sur-Richelieu – Les cols bleus font passer leur message
3 mai 2002
Saint-Jean-sur-Richelieu, le 3 mai 2002 Le 29 avril
dernier, la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a eu la surprise de
voir lensemble de ses cols bleus se réunir à 13 h 00 dans le
garage situé sur le boulevard du Séminaire, et cesser toute
activité. Ce débrayage surprise ne sest pas produit pour rien.
Selon le président de la section locale 3055 du SCFP, Marco
Raymond, cela dénote le ras-le-bol général des cols bleus face à
lattitude autoritaire de ladministration, « La Ville ne
respecte pas la convention collective et se croit tout permis.
»
Deux événements récents semblent avoir mis le
feu aux poudres. Premièrement, la municipalité a décidé de façon
unilatérale de modifier lhoraire de trois employés et de les faire
travailler de nuit. La Ville lavait déjà fait pour un autre col
bleu, mais dans ce cas, il y avait eu entente avec lemployé et le
syndicat tel que prévu par la convention. Pour les trois employés
en question, la Ville na pas respecté le refus des employés et
leur a ordonné de rentrer dans la nuit du dimanche au lundi (28 au
29 avril). Les trois employés nont pas respecté cet ordre, ont
logé un grief, et sont rentrés normalement au travail le lundi
matin. À ce moment, leur supérieur les a avertis quils étaient en
retard, quils subiraient une coupure de salaire et des mesures
disciplinaires.
En parallèle, ladministration avait aussi assigné un employé
auxiliaire (temporaire) de Saint-Jean aux travaux publics à
Iberville, à cause dun surcroît de travail. Cet employé devait
normalement commencer son assignation temporaire lundi matin le 29
avril. Il ne sest jamais présenté. Le syndicat conteste ce type
dassignation, surtout dans les circonstances actuelles où il
manque un poste permanent aux Travaux publics à Iberville. En
effet, en février dernier, un col bleu y a pris sa retraite et
depuis, la Ville na jamais comblé le poste, contrairement aux
dispositions de la convention collective de cette ancienne
municipalité. « Évidemment quil y a plus de travail à
Iberville, a déclaré Marco Raymond, il manque un employé! On ne
prendra pas les employés auxiliaires de Saint-Jean pour empêcher le
comblement dun poste à Iberville. »
Lundi après-midi, les cols bleus des cinq villes fusionnées ont
donc entrepris leur débrayage pour protester contre ces deux
situations. Rapidement, une rencontre entre la direction de la
Ville et les dirigeants syndicaux a eu lieu pour tenter de trouver
un terrain dentente. Les représentants de la municipalité ont
alors manifesté une certaine ouverture à propos du protocole
dintégration des différentes conventions collectives. Les parties
se sont donc entendues sur une fenêtre de 15 jours de négociations
sur le sujet, avec recours à un arbitre en cas déchec des
pourparlers. Par contre, la partie patronale a présenté une fin de
non-recevoir sur la question des changements dhoraire et des
assignations temporaires.
En labsence de progrès sur les deux principaux points en litige,
les parties se sont donc retrouvées le lendemain (1er mai) devant
le Conseil des services essentiels. Après plusieurs heures de
discussion, où le syndicat a eu la possibilité de faire
lhistorique des 15 derniers mois devant les membres du Conseil,
les parties sont finalement parvenues à une entente qui a fait
lobjet dune décision, et non dune ordonnance, du Conseil des
services essentiels. Cette entente prévoyait le retour au travail
des employés ce qui a été fait la journée même à 16 h 00 une
réprimande à tous les employés ayant participé à la grève illégale,
et un arbitrage accéléré pour les deux griefs déposés concernant
les changements dhoraire sans consentement et lassignation dun
employé auxiliaire à Iberville. Si elles ne parviennent as a régler
ces deux griefs, les parties se retrouveront devant un arbitre, au
plus tard le 31 mai 2002. Le président des cols bleus, Marco
Raymond, sest dit satisfait du résultat, « On a réussi à faire
passer notre message : on ne tolère pas le manque de respect envers
nos membres et la convention collective. On sest aussi assuré que
nos deux griefs vont être entendus bientôt et que la Ville ne
pourra pas faire traîner les choses en longueur .» Le
représentant des cols bleus était aussi heureux davoir pu éviter
des mesures disciplinaires contre ses membres.
Par contre, Marco Raymond en veut à ladministration dêtre revenue
sur sa parole en ce qui concerne le protocole dintégration, «
On est très déçus de lattitude de la Ville dans ce dossier. Mardi,
on sétait entendus sur un délai de 15 jours de discussion, avec
audience devant un arbitre en cas de désaccord. Mercredi, sans
raison, le mécanisme arbitral avait disparu et la Ville avait
oublié ce quelle nous avait dit la veille. Il est difficile de
travailler sérieusement dans de telles conditions. Comment avoir
confiance en son interlocuteur quand il fait volte-face et revient
sur sa parole? » À cet égard, le syndicat a déjà indiqué quun
appel durgence va être logé au Commissaire du travail pour quil
règle lui-même la question du protocole dintégration.