Le SCFP dénonce le manque de rigueur de l’IEDM
31 janvier 2011
Montréal, le
lundi 31 janvier 2011 La «note économique» publiée ce
matin par lInstitut économique de Montréal ne tient pas la route
selon le Syndicat canadien de la fonction publique. «Certaines affirmations sont complètement
fausses, souligne Serge Morin, directeur-adjoint au SCFP.
Par exemple, dire que ladhésion
à un syndicat est obligatoire, cest mal connaître le Code
du travail. Contribuer à
lassociation qui défend nos conditions de travail est la règle,
cest vrai, mais devenir membre est un choix individuel. Ce sont
deux choses distinctes.» Le SCFP rappelle que le juge Rand,
à qui on doit la formule du même nom, avait statué que les salariés
qui bénéficient des avantages dune convention collective doivent
faire leur part pour faire vivre lassociation qui les représente,
et quune autre règle ne serait pas équitable. Dailleurs, un
jugement de la Cour suprême en 1991 avait confirmé que cette
formule respecte la liberté dassociation.
Une
méthodologie douteuse
«Si on veut comparer les régimes
québécois et européens, il faut le faire de façon rigoureuse et
mettre toutes les données dans lanalyse», lance Pierre-Guy
Sylvestre, économiste au SCFP. Ce dernier indique quil nest pas
scientifique de comparer les lois du travail dun seul État, le
Québec, avec un groupe de 47 pays européens. «Il faudrait se pencher rigoureusement sur
chaque cas despèce, vérifier quelles sont les lois du travail, les
cadres de négociation et la méthode de financement des syndicats.
On ne peut mettre les législations du travail de la Suède et de la
Turquie dans le même sac.»
En ce qui concerne la participation des syndicats aux débats
publics, là encore la vision de lIEDM est tronquée, selon le SCFP,
et ne tient pas compte de laspect démocratique de la
représentation syndicale. «Les
membres du syndicat influencent les décisions de lexécutif et il
est possible de choisir quelles causes supporter. Les membres ont
accès aux rapports financiers. Il ne faut pas perdre de vue que les
interventions ou les décisions dappuyer un groupe sont le résultat
dun exercice démocratique», rappelle Pierre-Guy Sylvestre.
Ensuite, lIEDM avance des données de sondages pour justifier ses
prétentions. Des prétentions, selon le SCFP, qui sont plus
idéologiques que fondées sur des observations objectives. Dautant
plus, que lIEDM na que deux sources, une enquête réalisée pour le
Journal de Montréal et le
National Post, dune part,
et, dautre part, un sondage commandé pour lIEDM lui-même.
«Dautres données provenant de la
même enquête réalisée pour les deux journaux nous apprennent quune
majorité des syndiqués pensent que leurs cotisations sont bien
dépensées et que 63% des répondants estiment que les syndicats ont
une contribution positive pour la prospérité du pays»,
nuance léconomiste du SCFP.
Une législation avantageuse pour
tous
Aux yeux du SCFP, en sattaquant ainsi au Code du travail, lIEDM sattaque
également à la classe moyenne du Québec et au modèle québécois.
Pour le syndicat, ce nest pas un hasard si la société québécoise
est à la fois la plus syndiquée et la plus équitable, soit celle
qui répartit le mieux sa richesse. «Les syndicats contribuent à cette réalité.
Grâce à nos négociations, des centaines de milliers de personnes
ont de meilleurs salaires, des assurances qui les protègent et des
retraites décentes. Ces gens-là, cest une grosse partie de la
classe moyenne, celle qui consomme et paie des taxes. Si on fait
reculer les syndicats, ce sont toutes ces familles qui vont
reculer», explique Lucie Levasseur, présidente du
SCFP-Québec. Dailleurs, une récente étude de léconomiste Pierre
Fortin, dévoilée par Jean-François Lisée, concluait quau chapitre
des revenus, 99% des Québécois font mieux que 99% des Américains.
«Nos lois du travail et notre
environnement économique ne doivent pas être si mal que cela! Au
lieu dune anomalie, si nous étions plutôt un modèle à
suivre?», de conclure la présidente.
Comptant près de 110,000 membres au Québec, le SCFP est présent
dans plusieurs secteurs dactivités, entre autres, la santé et les
services sociaux, léducation, les universités, les municipalités,
lénergie les transports urbain et aérien, les communications, les
sociétés dÉtat et organismes publics québécois. Il est aussi le
plus important syndicat affilié de la FTQ.