Réaction de la FTQ au projet de loi sur l’article 45 – «Ce gouvernement veut ouvrir les hostilités sur tous les fronts» – Henri Massé, président de la FTQ
13 novembre 2003
Québec, le jeudi 13 novembre 2003 – Le président de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, M. Henri
Massé, a vivement réagi au contenu du projet de loi modifiant
l’article 45 du Code du travail déposé aujourd’hui à l’Assemblée
nationale. «C’est clair que ce gouvernement veut ouvrir les
hostilités sur tous les fronts. Nous ne l’avons pas menacé d’un
automne chaud ou de guerre nucléaire, mais nous pouvons lui
promettre une solide riposte face à un projet de loi tout aussi
inutile qu’irresponsable».
Un mépris pour les décisions des
tribunaux
«En diluant considérablement la portée de l’article 45 du Code
du travail qui encadre la sous-traitance, ce gouvernement s’attaque
non seulement aux conditions de travail des travailleuses et aux
travailleurs, mais aussi aux dizaines de décisions de tribunaux et
de la Cour suprême qui, depuis 40 ans, ont validé et précisé les
conditions d’application de cet article.»
Une menace à la paix sociale et industrielle
Le président de la FTQ estime qu’en réduisant la période où les
parties peuvent s’entendre sur de nouvelles conditions de travail,
période qui était d’un an ou à l’échéance de la convention, et en
énonçant des conditions floues pour l’application de l’article 45,
le gouvernement Charest ouvre la porte à des conflits potentiels
importants.
«À terme, on menace une paix sociale et industrielle installée
depuis des décennies pour le simple motif de remplir une promesse
électorale faite aux amis du pouvoir», a martelé M. Massé.
Un projet qui vise les travailleurs les plus fragiles
«L’effet le plus pervers de ce projet de loi est qu’il vise
directement les travailleurs les plus fragiles sur le marché de
l’emploi, les moins spécialisés. Il ne faut pas s’étonner, dans ce
contexte, que nous puissions voir un lien direct entre la volonté
du gouvernement d’isoler certaines catégories d’emploi, dans la
santé par exemple, pour mieux les offrir en pâture à une
sous-traitance de cheap-labour. L’article 45 ne protégera plus les
petits travailleurs qui seront les premiers à faire les frais de
ces modifications inacceptables», a ajouté le président de la
plus importante centrale syndicale québécoise qui compte plus d’un
demi-million de membres.
Bar ouvert pour la sous-traitance de cheap labour
«Des entreprises américaines et canadiennes se bousculent déjà
aux portes pour s’accaparer les activités d’entretien, de
cafétérias, de buanderie tant dans le secteur public que dans le
secteur privé. Des sociétés d’État comme Hydro-Québec sont déjà
assiégées par des entreprises qui veulent gérer les services comme
la paie, la gestion des ressources humaines et tout ce qui ne
touche pas directement la production ou la distribution
d’électricité. Plusieurs de ces entreprises sont représentées
directement ou indirectement auprès du gouvernement dans son
processus de réingénierie.
Le message que le gouvernement envoie aujourd’hui à ces
entreprises, c’est que le bar est ouvert, servez-vous, ça ne vous
coûtera pas cher et surtout, vous n’aurez plus à vous soucier des
conditions de travail de vos nouveaux employés», a affirmé M.
Massé.
Un agenda pro-patronal
«Ce gouvernement a clairement fait son lit avec le patronat. Le
1er mai dernier, le ministre du Travail disait qu’il nous
reviendrait sur de nombreux sujets comme la prévention en
santé-sécurité, les décrets dans le vêtement, etc. Mais le
téléphone n’a jamais sonné. Derrière son discours de compassion se
profile clairement un agenda pro-patronal.»
«Dans les semaines et les mois à venir, c’est clair que nous
allons renforcer nos clauses de protection sur la sous-traitance
dans les conventions collectives.
La FTQ promet une riposte à la hauteur
«Nous avons été relativement tranquilles depuis l’élection du
gouvernement Charest. Mais nous pouvons lui promettre aujourd’hui
que nous ne le laisserons pas impunément démolir la maison. C’est
la paix sociale qu’il remet en question et notre riposte sera à la
hauteur. Encore une fois, ce n’est pas une menace mais une
promesse», a conclu le président de la FTQ.