QUÉBÉCOR-VIDÉOTRON-TVA : NON À UNE CONCENTRATION MADE IN QUEBEC
15 février 2001
Québec, jeudi 15 février 2001 – D’entrée de jeu, le
regroupement des syndicats SCFP du réseau TVA, le plus important
réseau privé francophone au Canada, exprime publiquement la vive
inquiétude de ses quelque 1000 membres, dont plus d’une centaine de
journalistes, quant à la concentration de la propriété de presse.
Les syndicats soulignent au gouvernement les dangers inhérents à la
concentration de la presse pour l’intérêt public, dangers qui
constituent même une » menace aux principes démocratiques
fondamentaux de notre société « , peut-on lire dans le préambule du
mémoire déposé à la Commission de la culture.
Une apparente multiplication des sources
d’information
» La libre circulation de l’information demeure l’un des fondements
de la démocratie mais il faut prendre garde de ne pas confondre la
multiplication des contenants, favorisée par les récentes
transactions, dont celle entre Québécor et Vidéotron-TVA, et
l’apparente multiplication des sources d’information. Dans les
faits, on ne cesse de restreindre les contenus « , a souligné M.
Armand Dubois, journaliste au réseau TVA et porte-parole du
regroupement des syndicats.
Un nivellement par le bas des contenus
» Avant même l’annonce de la présente commission parlementaire, le
gouvernement avait fait son lit en indiquant publiquement qu’il
n’interviendrait pas dans la transaction Québécor-Vidéotron-TVA.
» Dans ce cadre, nous considérons notre intervention, aujourd’hui,
comme un effort de sensibilisation du public face au problème très
préoccupant de la réduction des sources d’information, du
nivellement par le bas des contenus « , a ajouté le porte-parole.
Québec peut et doit légiférer
» Mais nous n’en achetons pas pour autant l’aveu d’impuissance à
intervenir de la ministre Maltais, impuissance soi-disant fondée
sur la compétence fédérale sur la radiodiffusion et les
télécommunications. S’il est vrai que le Québec ne peut légiférer
qu’en matière de presse écrite, il est tout aussi vrai que sans
l’intervention du puissant bras économique du gouvernement, la
Caisse de dépôt et de placement (CDP), à hauteur de plus de deux
milliards de dollars, cette transaction n’aurait jamais vu le jour.
» Non seulement le gouvernement du Québec peut et doit légiférer
pour à tout le moins encadrer la concentration des entreprises de
presse et limiter la propriété croisée comme cela se fait chez nos
voisins du Sud, dans un marché autrement plus vaste, mais il peut
encore reconsidérer sa position face à la transaction
Québécor-Vidéotron-TVA et intervenir à cet effet à l’occasion des
audiences du CRTC qui débuteront le 26 mars prochain « , a laissé
entendre Armand Dubois.
Propriété québécoise, oui ! Concentration made in Quebec, non
!
» Nous sommes certes sensibles aux efforts du gouvernement pour
conserver sous propriété québécoise des entreprises essentielles à
la diffusion de notre culture, à un traitement spécifique de
l’information. Mais ces efforts ne doivent pas devenir un
laisser-passer pour une concentration distincte made in Quebec,
terreau fertile pour l’instauration de la pensée unique. Il n’est
pas inutile en ce sens de rappeler ce passage de notre mémoire « , a
mentionné le porte-parole.
» L’État ne peut rester oisif et adopter à l’égard des médias les
mêmes règles qu’envers d’autres entreprises. Dans un régime
démocratique, les médias ont un rôle essentiel à remplir, qu’il
faut protéger. Il est primordial de conserver une pluralité de
sources d’informations. Au Québec encore bien davantage
qu’ailleurs, puisque l’histoire le démontre, nous devons notre
survie, en tant que société francophone en terre d’Amérique, à la
résistance que nous avons mené contre tous les assauts grâce à
cette liberté de parole qui nous caractérise. Grâce aussi à notre
ouverture d’esprit qui ne peut être tributaire que d’une
information riche et éclairée de la connaissance des autres. C’est
du choc des idées que germe la vérité; de la pensée unique on ne
peut que récolter l’asservissement et le totalitarisme. » (p.10)
Soyons conséquents avec le projet de société proposé
» Lorsque le gouvernement actuel nous parle d’un projet de société
porteur de valeurs sociales, culturelles et économiques à la fois
spécifiques et ouvertes sur le monde, il doit se montrer conséquent
et intervenir pour éviter que la diversité des nouvelles, des
opinions, des idées ne devienne qu’un leurre entretenu par une
concentration qui ne fait que multiplier les canaux de diffusion de
l’information sans valeur ajoutée au niveau des contenus et des
sources « , a conclu M. Dubois.