QUEBECOR FRANCHIT UNE NOUVELLE ÉTAPE DANS LE DÉMANTÈLEMENT DE VIDÉOTRON
13 juin 2002
Montréal, le jeudi 13 juin 2002 On vient de faire un pas
de plus vers le démantèlement de Vidéotron. La compagnie a en effet
annoncé la vente de son édifice du 405 Ogilvy à Montréal et,
semble-t-il, également du mobilier qui sy trouve. Vidéotron va
donc reconstruire son centre dappels dans ses entrepôts du parc
industriel de Saint-Hubert.
« Ça na pas de bon sens, plus de la moitié
des employés de Vidéotron vont devoir déménager pour se retrouver,
pour la plupart, au beau milieu dun parc industriel à
Saint-Hubert, un endroit difficile daccès pour les travailleurs
», souligne Pierre Dupuis, directeur du SCFP et vice-président
de la FTQ.
Pour le SCFP, Quebecor se livre à un véritable travail de
démolition de Vidéotron, lun des joyaux de lindustrie québécoise,
une entreprise de pointe dans le secteur des télécommunications.
Après avoir annoncé la vente de 650 techniciens à un sous-traitant
et affiché sa volonté de sabrer dans les acquis des employés,
Quebecor vend Vidéotron par morceaux et prolonge un conflit de
travail qui risque de lui coûter très cher. Le SCFP rappelle que
lÉtat québécois est un acteur important dans ce dossier – la
Caisse de dépôt et de placement est co-propriétaire de Quebecor
Média – et quil est grand temps que le gouvernement prenne ses
responsabilités avant que cela ne dépasse les bornes.
« La Caisse de dépôt est complice de cette situation,
rappelle Pierre Dupuis. En voulant éviter à tout prix que
Vidéotron ne soit vendue à Rogers Communications, la Caisse est
allée chercher Pierre Karl Péladeau pour créer, avec lui, Quebecor
Média, qui a ensuite acheté Vidéotron et TVA. Dans cette aventure,
la Caisse a englouti près de 3 milliards de dollars. Déjà, un
milliard de ces dollars, provenant de lépargne des travailleurs
québécois, a été radié des comptes à jamais. Jusquoù la Caisse de
dépôt laissera-t-elle faire Pierre Karl Péladeau? Combien de temps
encore laissera-t-on Quebecor démanteler cette compagnie et jouer
avec les économies des Québécois? Non seulement les dirigeants de
la Caisse et le gouvernement du Québec doivent-ils répondre à nos
questions, mais ils doivent de plus intervenir auprès de Quebecor
pour faire cesser le massacre. »
La Caisse de dépôt et placement a le mandat de faire fructifier
lépargne des Québécois en réalisant des investissements
structurants pour léconomie de la province. Le directeur du SCFP
se demande si la Caisse joue véritablement son rôle dans ce
dossier, et ajoute : « La Caisse sest empêtrée dans une
aventure dangereuse qui risque de nuire non seulement à 2 200
travailleurs et travailleuses, mais au développement de tout un
secteur de léconomie québécoise. Dès le début de la négociation,
Pierre Karl Péladeau souhaitait un règlement où Quebecor serait
gagnante et le syndicat perdant. Avec le scénario qui se dessine,
cest tout le monde qui va être perdant, y compris les actionnaires
de la Caisse ».
Force est dadmettre quau cours des 25 dernières années, les
gouvernements successifs ont créé chez nous un véritable « modèle
québécois ». Ce modèle repose, entre autres, sur la loi
anti-briseurs de grève et diverses politiques qui assurent une
certaine paix sociale et facilitent les relations de travail
harmonieuses. Pour le SCFP, Quebecor, par toutes ses actions, remet
en question le consensus social au Québec et veut instaurer un
modèle basé sur laffrontement et lutilisation systématique de la
sous-traitance et des briseurs de grève. Co-propriétaire à 45% de
Quebecor Media, la Caisse de dépôt est complice, par son silence,
de cette stratégie anti-ouvrière.
Le déménagement dimportantes activités à Saint-Hubert va également
à lencontre des efforts du gouvernement du Québec et de la Ville
de Montréal, qui tentent, depuis plusieurs années, de contrer
létalement urbain et de créer sur lîle un pôle économique majeur
dans le domaine des technologies de pointe, notamment celui des
télécommunications. Mais pour ce faire, il faut attirer et garder
des entreprises à Montréal, pas déménager des activités en
banlieue.
Pour le SCFP, un gouvernement qui se prétend social-démocrate ne
peut tolérer quun employeur soutenu financièrement par la Caisse
de dépôt piétine ainsi le consensus social québécois. Un
gouvernement qui se prétend social-démocrate ne peut qualifier
Quebecor de bon citoyen corporatif quand cette entreprise utilise
des briseurs de grève de façon systématique, ce qui risque fort de
radicaliser deux milliers de travailleurs en grève.
« Le SCFP exige que la Caisse de dépôt et le gouvernement du
Québec sortent de leur mutisme et condamnent lutilisation de
briseurs de grève et le démantèlement de Vidéotron auxquels se
livre Quebecor », de conclure Pierre Dupuis.
Au Québec, le SCFP représente 7 000 membres dans le secteur des
communications (Radio-Canada, Réseau TVA, Global, TQS, Radiomédia,
Telus, Vidéotron, Cogéco, TV5, ONF, Journal de Québec, etc). Le
SCFP est présent dans plusieurs autres secteurs, notamment la santé
et les services sociaux, léducation, les transports urbain et
aérien, les sociétés dÉtat et organismes publics québécois,
lhydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100 000
membres, le SCFP est le plus important affilié de la FTQ.