Quebecor achète Radiomédia – LE SCFP S’INQUIÈTE DE LA CONCENTRATION DE LA PRESSE
3 septembre 2002
Montréal, le mardi 3 septembre 2002 Le Groupe TVA inc. et
Radio Nord Communications ont annoncé aujourdhui quils se
portaient acquéreur des six stations de Radiomédia et de CFOM-FM à
Québec. Cette acquisition, dune valeur de plus de 12 millions de
dollars, doit maintenant être approuvée par le Conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).
Les dangers de la concentration
Le Syndicat canadien de la fonction publique est concerné au
premier chef par cette transaction, puisquil représente la
majorité des employés des stations impliquées dans cette vente et
lensemble des syndiqués de CKAC.
Cest pourquoi le Conseil provincial du secteur des communications
(CPSC) du SCFP tient à exprimer son inquiétude face à cette
transaction. Depuis maintenant plusieurs mois, les nombreuses
acquisitions dans le secteur des communications réduisent
considérablement le nombre de joueurs majeurs et, par conséquent,
réduisent dautant la diversité des sources dinformation. « Si
rien nest fait, on aura bientôt au Québec une information
contrôlée par deux ou trois grosses corporations qui auront une
influence démesurée sur lopinion publique. Ensemble, ils pourront
faire la pluie et le beau temps. En ce qui concerne Quebecor Média,
la situation est presque alarmante. Quebecor possède déjà le
Journal de Montréal, le Journal de Québec, une
cinquantaine dhebdos, des dizaines de magazines comme le 7
Jours ou Le Lundi, une maison dédition, des portails
Internet, LCN et TVA. Si on ajoute à cela 7 stations de radio, dont
CKAC – la plus importante radio privée dinformation et la tête
dun réseau provincial – il y aura une concentration de médias sans
précédent dans les mains dun seul propriétaire. Il nous semble que
les dangers concernant la diversité de linformation, la pluralité
des points de vue et lindépendance des salles de nouvelles et des
journalistes sautent aux yeux », affirme Jacqueline Turgeon,
présidente du CPSC.
Le SCFP rappelle que, malgré toutes ses promesses devant le CRTC,
Quebecor ne respecte pas ses engagements concernant lindépendance
des salles de nouvelles de TVA et du Journal de Montréal.
Dailleurs, le syndicat représentant les journalistes de TVA a
déposé une plainte à cet effet auprès du CRTC. Pour le CPSC, il y a
là un exemple flagrant dun empire médiatique qui peut utiliser le
même contenu dans divers contenant. « Pour réduire les coûts, la
tentation est grande de récupérer une nouvelle provenant dun autre
média. Imaginez un peu entendre une nouvelle le matin à CKAC, la
lire ensuite dans le Journal de Montréal ou sur canoe.qc.ca,
la voir plus tard à LCN et finalement dans un reportage en fin de
soirée à TVA. Sil sagit dun événement, il pourrait aussi être
annoncé dans un magazine ou dans votre hebdo régional
Cest un
pouvoir exagéré et une influence potentiellement dangereuse. Le
CRTC doit prendre ses responsabilités et défendre lintérêt public.
Cette acquisition na pas de bon sens », ajoute Jacqueline
Turgeon.
Le visage local des médias dinformation est aussi en jeu.
Récemment, la station CHRC de Québec a subi dimportantes coupures
dans la production démissions locales et se voit maintenant dans
lobligation de diffuser des émissions de CKAC, qui est basée à
Montréal. Il sagit dune situation inacceptable qui a provoqué,
avec raison, un tollé dans la région de Québec. Le CPSC se demande
quelle sera la position de Quebecor face à la survie et au
développement des stations régionales.
Le SCFP sinquiète aussi des relations de travail
Larrivée éventuelle de Quebecor comme propriétaire inquiète aussi,
et à juste titre, les employés de Radiomédia représentés par le
SCFP. La réputation de Quebecor comme employeur nest plus à faire
et des exemples récents viennent le souligner. Passons rapidement
sur lintransigeance manifeste de Quebecor dans le conflit de
travail chez Vidéotron et soulignons simplement que les relations
de travail se sont également rapidement détériorées à TVA où les
négociations pour le renouvellement de la convention collective
navancent pas. Pour le CPSC, il est clair que Quebecor nest pas
un bon citoyen corporatif et ne mérite pas la confiance du CRTC et
de la population. Au contraire, il sagit dun employeur qui, la
plupart du temps, brise la paix industrielle dans les entreprises
quil acquiert. « Depuis 1994, les relations de travail sont
saines à Radiomédia et nous espérons que cela se poursuivra,
affirme Gilles Mathieu, conseiller syndical des employés de CKAC.
Malheureusement, lannonce de ce matin naugure rien de bon pour
nos membres. Nous ferons tout ce quil faut pour maintenir un bon
climat de travail et de bonnes relations avec la partie patronale,
mais on ne peut pas dire que la confiance règne. »
Comptant 7 000 membres dans les communications au Québec, le SCFP
est présent dans plusieurs autres secteurs, notamment la santé et
les services sociaux, léducation, les transports urbain et aérien,
les sociétés dÉtat et organismes publics québécois,
lhydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100 000
membres, le SCFP est le plus important affilié de la FTQ.