La société civile exige un débat public, maintenant!
13 octobre 2011
Montréal, le
jeudi 13 octobre 2011 À laube de ce qui pourrait être la
dernière ronde de négociations de lAccord économique et commercial
global entre le Canada et lUnion européenne (AÉCG), le Réseau
québécois sur lintégration continentale (RQIC) et ses partenaires
exigent un débat public, large et informé, avec la participation
des divers secteurs sociaux ainsi que de nos représentant-e-s
élu-e-s à lAssemblée nationale avant toute signature de laccord.
LAÉCG est laccord le plus ambitieux jamais
négocié par le Canada. Ses visées vont non seulement plus loin que
lALÉNA, mais elles sont aussi plus préoccupantes: pour la première
fois, on négocie des domaines entiers relevant de la compétence des
provinces et des pouvoirs municipaux et qui, pour le Québec,
représentent des services publics majeurs.
«Au moment même où des
négociateurs discuteront en notre nom sans navoir jamais reçu de
mandat de la population, nous voulons dénoncer publiquement cette
façon de faire antidémocratique. Compte tenu de limportance des
enjeux, il est grand temps de briser le secret des
négociations», a affirmé en conférence de presse Régine
Laurent, lune des porte-paroles du RQIC, aussi présidente de la
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ.
«Le gouvernement Charest est
partie prenante des tractations, et nous exigeons quil rende
publiques les offres que le Québec a déposées à la table de
négociations», a ajouté madame Laurent.
Depuis juin dernier, malgré les demandes en ce sens au premier
ministre et une demande daccès à linformation, il a été
impossible pour le RQIC davoir accès à ces offres dune importance
capitale.
Selon la dernière version du texte de laccord, rendue accessible
grâce à une fuite, les services en matière de santé, déducation,
délectricité, de télécommunications, deau potable, de culture et
les marchés publics qui y sont associés nont pas été exclus des
discussions. «Au départ, on a
tenté de justifier les pourparlers avec lEurope comme une
opportunité pour nos entreprises daccéder au marché européen et
pour créer des emplois ici. Aujourdhui, le négociateur en chef
Pierre-Marc Johnson ne parle plus que dattirer les capitaux
étrangers. Pour financer les projets mégalomanes du Plan Nord de
Jean Charest? Pour privatiser la gestion de leau? Quel en sera le
prix?», sinterroge Denis Bolduc, secrétaire général au
Québec du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
Selon les fuites, lAÉCG inclurait une disposition de protection
des investissements similaire à celle du chapitre 11 de lALÉNA,
qui permettrait à une entreprise étrangère de poursuivre un
gouvernement lorsquelle estime quune politique publique affecte
ses profits. «Si nos soupçons se
confirment, lAÉCG restreindra notre capacité dadopter des mesures
qui protègent lenvironnement, à mettre en uvre des politiques qui
favorisent lemploi et le développement local et il effritera nos
politiques publiques en matière déquité et de répartition de la
richesse», selon Alexa Conradi, présidente de la Fédération
des femmes du Québec (FFQ), une organisation membre du RQIC.
Notre souveraineté politique, économique, énergétique, alimentaire,
environnementale, et même culturelle, est en jeu. «Tout cela sans que les parlementaires soient
consultés», déplore Jean-Martin Aussant, député indépendant
de Nicolet-Yamaska. «Le
gouvernement ne doit pas sacrifier sa souveraineté devant des
intérêts économiques circonscrits, il doit informer la population
des véritables enjeux de laccord».
Selon Claude Vaillancourt, coprésident dAttac-Québec et aussi
porte-parole du RQIC, «un tel
accord ne règlera strictement rien de ce qui préoccupe la
population : la détérioration de lenvironnement, la pauvreté, les
inégalités, la collusion entre lentreprise privée et les partis
politiques. En dérèglementant et en donnant plus de pouvoir aux
grandes entreprises, il ne fait que perpétuer ce qui a été à
lorigine de la crise qui nous affecte encore».
Lopposition à un accord entre le Canada et lUnion européenne
prend sa force dans la construction dun front commun des
mouvements sociaux des deux côtés de lAtlantique. «Dans cet esprit, nous rendons aujourdhui
publique une déclaration commune entre les organisations sociales
du Québec et de la France sur lAÉCG», a annoncé Frédéric
Viale, dAttac-France, en visite au Québec. «Cette déclaration dénonce en particulier
lapproche de coopération transatlantique de lAÉCG pour le seul
bénéfice des grandes entreprises privées et met en quelque sorte la
table pour les actions qui se tiendront à Ottawa du 17 au 21
octobre prochain», a ajouté ce représentant des groupes
français et membre du grand réseau européen From Seattle to Brussels.