Moratoire sur le transfert des patients de l’hôpital Rivière-des-Prairies – UNE DÉCISION SANS EFFET ?
27 mai 2003
Montréal, le mardi 27 mai 2003 – Les employés de l’Hôpital
Rivière-des-Prairies (SCFP 313) félicitent le nouveau ministre de
la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, pour sa prise
de position en ce qui concerne le transfert des personnes atteintes
de déficience intellectuelle. Le ministre semble avoir bien saisi
l’aspect idéologique de la désinstitutionnalisation, qui, par le
passé, a souvent été effectuée au détriment de la santé des
patients. Il s’agit en effet de personnes très fragiles, qui ont
besoin de sécurité, de stabilité et de soins spécialisés.
Cependant, malgré les engagements clairs du
ministre et la création d’une commission d’examen, les employés de
l’hôpital sont toujours aussi inquiets. En effet, la Régie
régionale et l’hôpital continuent actuellement le processus de
transfert, comme si la commission n’existait pas. Le syndicat
craint que la Régie régionale dénature les décisions du ministre et
se serve de la commission pour confirmer des décisions déjà prises.
Dans cette éventualité, le moratoire du ministre et la commission
d’examen n’auraient été que des écrans de fumée. « Nous demandons
de suspendre d’urgence le transfert des patients jusqu’à ce que la
commission d’examen ait statué sur le sort de tous les patients.
Des erreurs ayant eu de graves répercussions ont été commises
depuis le début du processus, auquel nous demandons au ministre de
mettre fin, pour éviter de nuire à d’autres personnes », affirme
Jean Millette, président du SCFP 313, le syndicat qui représente la
majorité des travailleurs de l’établissement. Le SCFP tient à
s’assurer que les décisions prises sont les meilleures et
garantissent aux patients une qualité de vie égale ou supérieure à
ce qu’ils ont en ce moment.
Pour les syndiqués, il existe une solution simple et acceptable
pour tous : transférer les patients uniquement si les parents
l’autorisent. Ces derniers, pour le bien de leurs enfants,
pourraient ainsi décider de les garder à l’hôpital
Rivière-des-Prairies, dans un environnement connu avec un personnel
expérimenté dont la qualité des soins est reconnue par tous. Dans
certains cas, des travailleurs de l’hôpital s’occupent des mêmes
bénéficiaires depuis plus de vingt ans. Briser ce lien aurait
assurément des effets désastreux. Or, l’utilisation de centres
extérieurs présentement rattachés à l’hôpital, comme La Traversée,
pourrait assurer la continuité des liens avec les patients. Selon
le syndicat, dans ce genre de situation, les parents sont souvent
les meilleurs juges en ce qui a trait au bonheur et à la vie de
leurs enfants.
D’autre part, une attention particulière doit être portée aux
nombreux patients qui dépendent de la Curatelle publique. « La
plupart des patients qui risquent d’être déménagés n’ont personne
pour les défendre! Qui s’assurera qu’on ne diminue pas leur qualité
de vie en les transférant? Dans ce dossier la Curatelle n’est
malheureusement pas neutre et est, depuis le départ, favorable à ce
processus. Quelqu’un doit veiller à ce que les décisions prises par
les administrations publiques ne se fassent pas au détriment de la
santé et de la qualité de vie des personnes atteintes de déficience
intellectuelle », soutient Serge Lalonde, vice-président du Conseil
provincial des Affaires sociales (CPAS).
Le SCFP représente quelque 20 000 membres dans la santé et les
services sociaux au Québec. En plus de ce secteur d’activité, le
SCFP est présent dans 10 autres secteurs, entre autres,
l’éducation, les municipalités, le transport urbain, le transport
aérien, les sociétés d’État et organismes publics québécois,
l’hydroélectricité et les communications. Comptant au total près de
100 000 membres au Québec, il est le plus important syndicat
affilié de la FTQ.