MédiaMatin Québec ne sera pas bâillonné
26 avril 2007
Québec, le jeudi 26 avril 2007 Les
lockoutés du Journal de Québec persistent et signent. Les
mises en demeure de Quebecor et la demande dinjonction les
intimant de cesser la publication du MédiaMatin Québecles
laissent de marbre. Ils ont dailleurs eu gain de cause cet
après-midi lorsque la demande dinjonction provisoire de Quebecor a
été rejetée par la Cour supérieure. Déterminés à poursuivre leur
moyen de pression et rassurés sur la légalité et la légitimité de
leur action, les membres du SCFP continueront donc à éditer, tous
les matins de la semaine, le nouveau journal gratuit de la
Capitale. «Nous ne sommes pas étonnés outre mesure par cette
tentative de nous bâillonner. Cependant, la manuvre ne brille pas
par sa subtilité. On cherche à nous intimider même si nous sommes
dans notre bon droit. Cela ne nous inquiète pas du tout, au
contraire on y voit une bonne nouvelle, cest la démonstration que
notre moyen de pression fonctionne. Notre réponse à leur lock-out
leur fait mal. Cest tout», affirme Denis Bolduc, porte-parole
des lockoutés.
Dans sa demande, lemployeur prétend que les
syndiqués, en préparant et publiant un journal concurrent, ont
commis un acte de déloyauté. Quebecor suppose également que la
préparation de ce quotidien aurait empêché les comités de
négociation syndicaux de jouer leur rôle avec diligence. Des
allégations qui nimpressionnent guère les représentants syndicaux.
«Doit-on rappeler que cest lemployeur qui nous a mis à la rue
pour tenter de nous forcer à accepter des reculs dans nos
conditions de travail? Doit-on souligner à nouveau que nous
navions pris aucun vote de grève avant que Quebecor ne provoque le
conflit? Nous avons toujours négocié de bonne foi et cherché un
compromis raisonnable. Pour ce qui est du moyen de pression choisi
par nos membres, il est légal et ce nest pas Quebecor qui va
dicter notre ligne daction», lance Denis Bolduc.
Les syndicats soulignent que les spécialistes en relations du
travail qui se sont prononcés sur la question depuis hier vont dans
le même sens que les avocats du SCFP. Rappelons que notre régime de
relations du travail au Québec est basé sur des pressions
économiques réciproques lors de conflits de travail. Mettre des
employés en lock-out représente une pression économique exercée par
lemployeur; effectuer des moyens de pression qui peuvent infléchir
la rentabilité de lentreprise constituent une réponse légitime et
prévue pour les syndiqués.
«Nous avons trouvé un moyen de pression original, pacifique,
efficace et apprécié de la population. Nous allons tout mettre en
uvre pour poursuivre cette action tant quun règlement acceptable
ne sera pas obtenu», de conclure Denis Bolduc.
Les quelque 280 salariés travaillant au Journal de Québec,
une division de Corporation Sun Media, sont représentés par quatre
syndicats (Bureau, Imprimerie, Rédaction, et Représentants
publicitaires), tous affiliés au Syndicat canadien de la fonction
publique (SCFP-FTQ). Seul le syndicat des représentants
publicitaires en est venu à une entente avec lemployeur, entente
adoptée par une courte majorité de 54,5%. Tirant à 104,000
exemplaires en semaine et à 127 000 le samedi, le Journal de
Québec est le premier quotidien de la Capitale nationale.
En plus des employés du Journal de Québec, le SCFP compte
7000 membres dans les communications au Québec et est présent dans
plusieurs autres secteurs, notamment la santé et les services
sociaux, les universités, léducation, les transports urbain et
aérien, les sociétés dÉtat et organismes publics québécois,
lhydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100,000
membres, le SCFP reste le plus important affilié de la FTQ qui,
elle-même, est la plus imposante centrale syndicale au Québec avec
500,000 membres.