Le point sur les négociations au Journal de Québec
27 juin 2008
Québec, le
vendredi 27 juin 2008 Les discussions entre Quebecor et
les représentants des employés du Journal de Québec sont suspendues. Tôt
jeudi matin, après 24 heures de négociation continue dans les
bureaux du ministère du Travail à Québec, les syndiqués ont
présenté un dépôt global à la partie patronale. Quebecor a reçu le
dépôt syndical mais ne la pas accepté. La suite dépend maintenant
de Quebecor.
Dautre part, les employés du Journal de Québec ont été convoqués en
assemblée syndicale pour le mercredi 2 juillet.
Dans un communiqué émis mercredi, la partie syndicale a écrit
quelle nentendait pas commenter lévolution des discussions tant
que cette ronde de négociation se poursuivait. Toutefois, suite aux
déclarations publiques sur le conflit faites par Pierre Karl
Péladeau jeudi, la partie syndicale tient à préciser ceci: loffre
globale syndicale de règlement a été formulée quelques heures avant
la tenue de lassemblée des actionnaires de Quebecor et le dépôt
syndical couvre lensemble du dossier. La partie syndicale sétonne
des propos du grand patron de Quebecor sur le multiplateforme,
alors que ce sujet nétait plus un enjeu dans les discussions avec
les représentants de Quebecor.
Rappel du lock-out au Journal de Québec
Les employés de bureau et de la rédaction du Journal de Québec sont sous le coup
dun lock-out décrété par lemployeur le 22 avril 2007. Avant le
déclenchement du lock-out, aucun des trois syndicats navait
demandé de mandat de grève à ses membres ni même exercé de moyens
de pression. Aucun conflit de travail navait eu lieu depuis la
fondation du Journal de
Québec en 1967. Au printemps 2006, tous les employés
syndiqués du Journal avaient accepté de reconduire la convention
collective pour un an en partenariat avec lemployeur pour mieux
affronter son concurrent, Le
Soleil, qui passait au format tabloïd. En solidarité avec
leurs collègues jetés sur le trottoir par la décision de
Quebecor/Corporation Sun Media, les employés de limprimerie ont
voté la grève à 97%.
Au moment du déclenchement du conflit, le Journal de Québec dégageait des
profits nets annuels denviron 25 millions de dollars, était le
numéro un dans son marché et poursuivait sa progression. Selon les
données de lAudit Bureau of Circulations (ABC) (organisme
spécialisé dans l’évaluation de la distribution des quotidiens
partout sur le continent nord-américain), au moment de lannonce du
lock-out, le Journal de
Québec était celui qui avait à ce moment connu la plus forte
progression au Canada (soit 2,5%, pour la période de six mois se
terminant le 31 mars 2007, du lundi au vendredi, pour les
quotidiens de plus de 100,000 exemplaires).
La brutalité de ce lock-out, malgré la très grande profitabilité de
lentreprise, a fait dire aux syndiqués que Quebecor/Sun Media
pratique à leur endroit du «terrorisme économique».
Aucun piquet de grève na été érigé par les syndiqués depuis le
début du lock-out. Depuis le 24 avril 2007, les employés en conflit
publient et distribuent cinq jours semaine 40,000 exemplaires du
MédiaMatinQuébec, un
quotidien gratuit quils ont créé pour rappeler leur cause à la
population de Québec. Quebecor/Corporation Sun Media a entrepris
plusieurs recours judiciaires pour empêcher la publication du
MédiaMatinQuébec. Toutes
ces démarches ont échoué.
Malgré le conflit, le Journal de
Québec continue dêtre publié. Il est imprimé principalement
à Mirabel plutôt quà Québec.
Selon lédition du Soleil
du 14 juin 2008, le Journal de
Québec nest plus le numéro un dans son marché. Le Soleil affirme avoir vendu plus de
1,025,315 exemplaires de plus que son concurrent de Vanier durant
lannée qui venait de sécouler.
Le 27 janvier 2008, les syndiqués ont proposé de faire trancher le
conflit par un arbitre, comme cela est prévu au Code du travail. Dans un communiqué
laconique, Quebecor a immédiatement fait savoir quelle refusait
cette proposition darbitrage.
Dans une décision rendue le 23 août 2007, en application de
larticle 109 du Code du
travail du Québec (dispositions anti-scabs), la Commission
des relations du travail (CRT) du Québec a ordonné à la direction
du Journal de Québec de
cesser de recourir aux services de quatre personnes qui
remplissaient les fonctions de salariés en conflit.
Dautres plaintes concernant lutilisation de travailleurs illégaux
ont été déposées par les syndicats en octobre et novembre 2007. Au
total, ces plaintes visent 17 personnes. Des audiences sur ces
plaintes ont eu lieu devant la CRT. Elles se sont terminées le 2
juin. On est toujours en attente dune décision de la CRT. Lors des
premières audiences, le rédacteur en chef du Journal de Québec,
Serge Gosselin, a déclaré sous serment quil nestimait
«pas pertinent» de savoir
qui sont les auteurs des articles provenant de Canoë et publiés
dans son quotidien en lock-out. Dautre part, dans son témoignage
Sylvain Chamberland a expliqué que cest à la demande de Pierre
Karl Péladeau lui-même quil a lancé son agence à la fin mai 2007,
soit un mois après le début du lock-out.
Par ailleurs, le 17 juin 2008 le Journal de Québec, le portail Internet
Canoë et le journaliste de Canoë Hubert Lapointe ont été condamnés
pour avoir, à lété 2007, divulgué le nom dune victime dagression
sexuelle malgré une ordonnance de non-publication de la Cour. Le
Journal de Québec et Canoë ont été condamnés à payer des amendes
totalisant 23,000$, après avoir plaidé coupables à une accusation
davoir transgressé une ordonnance de non-publication du tribunal
en divulguant lidentité dune victime dagression sexuelle. Hubert
Lapointe a également reconnu sa culpabilité à la même accusation.
Il sest engagé à verser un don de 10,000$ à un organisme daide
aux jeunes défavorisés de la basse-ville de Québec.
Aussitôt condamnés, le Journal de
Québec et Canoë sont de nouveau accusés de la même
infraction criminelle. Le Directeur des poursuites criminelles et
pénales a déposé trois chefs daccusation contre Bernard Plante, un
employé de lagence Nomade dont les textes alimentent le site Web
Canoë, ainsi que les pages du Journal de Québec depuis que la
direction du quotidien a mis ses employés de la rédaction en
lock-out. Le journaliste de 52 ans est inculpé davoir omis de se
conformer à une ordonnance de non-publication rendue par le
tribunal, et ce, à trois reprises, soit le 3 avril, le 30 avril et
le 6 mai 2008.
Hubert Lapointe et Bernard Plante étaient tous deux au nombre des
17 personnes visées par les plaintes syndicales sur lemploi de
scabs.