LE MÉTRO : UN JOURNAL SANS JOURNALISTES
15 mai 2002
Montréal, le mercredi 15 mai Le journal Métro, un
quotidien distribué gratuitement dans les stations du métro de
Montréal, se retrouve sans un seul journaliste. Hier, la direction
de lentreprise les a tous mis à la porte sans aucun préavis, et
ils ont dû quitter les lieux sur le champ. Une des employée visée
devait dailleurs partir sous peu en congé de maternité. La
décision, selon toute vraisemblance, sest prise en catastrophe
lors du conseil dadministration du 13 mai.
Le 29 avril dernier, le Syndicat canadien de
la fonction publique (SCFP), a déposé une demande daccréditation
pour représenter les journalistes, les pupitreurs, les graphistes
et les employés de bureau de Métro. Selon Marc Ranger,
conseiller syndical, la volonté de Transcontinental de briser la
démarche de syndicalisation est la seule explication possible. «
Cest un geste sauvage. On cherche à intimider les employés qui
restent et qui vont maintenant vivre dans linsécurité. Cest de
lanti-syndicalisme primaire et nous allons prendre tous les moyens
pour dénoncer ce comportement », a-t-il déclaré.
Le représentant du SCFP rappelle que dès le 1er mai, deux jours
après la demande daccréditation, le directeur de la division
Publications Métropolitaines, Jean Mongeau, a convoqué tout le
personnel de Métro pour les encourager à laisser tomber le
syndicat. Dans les semaines suivantes, plusieurs employés ont été
victimes de harcèlement, se faisant subitement reprocher de ne pas
écrire suffisamment de textes, pas assez rapidement. « Dès le
départ, la direction de Métro a manifesté son hostilité
envers la démarche de ses employés. Mais là, les patrons viennent
de dépasser les bornes : ils punissent des employés qui souhaitent
se syndiquer en les mettant à la porte! Cest un chantage éhonté.
Et comment le journal va-t-il fonctionner sans journalistes? Il y a
fort à parier que la charge de travail de ceux qui restent va
augmenter et quon va voir une utilisation à outrance des articles
dagences de presse, comme le confirme dailleurs un mémo interne
daté du 14 mai », affirme Marc Ranger.
Laudition pour la demande daccréditation des employés de
Métro est prévue le 13 juin prochain, mais le syndicat
nattendra pas ce moment pour intervenir. « La décision de
Transcontinental est illégale et des plaintes vont être déposées
pour exiger la réintégration des employés congédiés sans motif. Le
syndicat va prendre tous les moyens à sa disposition pour bien
faire sentir à lemployeur quon ne tolère pas des gestes aussi
méprisants et brutaux », de conclure Marc Ranger.
Comptant 7 000 membres dans les communications au Québec, le SCFP
est présent dans plusieurs autres secteurs, notamment la santé et
les service sociaux, léducation, les transports urbain et aérien,
les sociétés dÉtat et organismes publics québécois,
lhydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100 000
membres, le SCFP est le plus important affilié de la FTQ.