Le gouvernement doit rejeter le rapport Ménard et initier un véritable débat public sur la santé
27 juillet 2005
Montréal, mercredi 27 juillet 2005 –
«Nous ne cautionnerons jamais un rapport qui fait état de
recommandations et de conclusions qui n’ont pas fait l’objet de
discussions au sein du comité formé dans la foulée du Forum des
générations.» Les chefs syndicaux de la FTQ, de la CSQ et de la
CSD, MM. Henri Massé, Réjean Parent et Claude Faucher, font
notamment référence à l’introduction de partenariats public-privé
(PPP), à la privatisation des activités dites périphériques et à la
constitution d’une caisse-santé dont la nécessité n’a jamais été
démontrée de façon rigoureuse.
Des plans teintés d’alarmisme
«Un édifice construit sur des bases douteuses et selon des plans
teintés d’alarmisme ne peut tenir debout très longtemps. Le
scénario élaboré par le rapport Ménard repose sur des prémisses qui
ne tiennent compte ni d’une capacité de payer des futurs retraités
qui s’est améliorée, ni de leur espérance de vivre mieux et en
meilleure santé», a indiqué Réjean Parent.
La panacée des PPP
«Alors que personne depuis deux ans ne nous a apporté même le
bout de la queue d’une expérience réussie de PPP dans le secteur de
la santé, et bien au contraire si on regarde le fiasco du projet de
la résidence St-Charles à Québec, on ne comprend pas que tout au
long du rapport et sans qu’il n’y ait eu de véritable discussion
sur le sujet, on nous propose encore ce modèle comme une
panacée», a souligné pour sa part Claude Faucher.
La charrue avant les boeufs
«C’est à croire que ce rapport est directement inspiré d’une
idéologie de privatisation étrangement calquée sur des arguments
avancés par le gouvernement Bush pour privatiser la sécurité
sociale aux États-Unis.
«C’est d’autant plus troublant que le gouvernement Charest a
lui-même demandé un délai dans l’application du jugement Chaouli
pour pouvoir en évaluer les impacts sur la survie du système public
de santé. N’est-ce pas ce qu’on appelle mettre la charrue devant
les bufs», a renchéri Henri Massé.
Dans les coulisses : la loi 30
Quant à la privatisation des activités dites périphériques comme
les services de buanderie, d’alimentation, d’entretien ménager,
administratifs, etc., les leaders syndicaux n’y voient que la suite
logique de l’arsenal législatif mis en place sous le bâillon par le
gouvernement Charest en décembre 2003. En effet, le véritable motif
pour le démantèlement des unités d’accréditation était de rendre
possible l’impartition des services connexes : «Nous l’avions
prédit à l’époque, nous en avons maintenant la preuve
manifeste».
Un rapport à mettre au rancart
Dès la mise sur pied du comité de travail sur la pérennité des
services de santé, les intervenants syndicaux, Pierre Dupuis,
Louise Chabot et Claude Faucher, respectivement vice-présidents-es
de la FTQ, de la CSQ et de la CSD, avaient mis en garde contre
l’utilisation d’un scénario catastrophiste sur le vieillissement de
la population et sur l’état des finances publiques pour asseoir des
conclusions qui relèvent davantage du lieu commun que d’une
véritable analyse rigoureuse de la situation.
Les organisations syndicales avaient accepté de bonne foi de
participer aux travaux du comité, conscientes de la nécessité de
trouver de nouvelles sources de financement du système de santé et
de proposer des pistes de solution prometteuses sur la base d’une
discussion large et approfondie.
Mais comme les travaux du comité ont été bâclés sur un certain
nombre de sujets d’importance et que certains n’ont même pas fait
l’objet de discussion, «nous ne pouvons que demander au
gouvernement de rejeter ce rapport et d’initier dans les meilleurs
délais un véritable débat public et démocratique sur une question
aussi vitale pour la population du Québec», ont conclu Henri
Massé, Réjean Parent et Claude Faucher.