Le conciliateur ajourne les pourparlers
14 décembre 2000
Trois-Rivières, le mercredi 13 décembre 2000- Le conciliateur
Thomas Hayden a ajourné momentanément les pourparlers en vue du
renouvellement de la convention collective des chargés de cours de
l’UQTR.
Compte tenu de la tournure qu’ont pris les
échanges entre les deux Parties hier, le syndicat des chargés de
cours (SCFP-FTQ) accepte de bon gré cet arrêt momentané, même s’il
déplore le manque de sérieux affiché par la partie patronale lors
des dernières rencontres. Les négociations reprendront aussitôt que
le conciliateur convoquera à nouveau les Parties.
Alors que les étudiants sont privés de cours, le conseil exécutif
du syndicat est très déçu de l’attitude des représentants patronaux
qui, ces derniers jours, ont multiplié les tentatives pour faire
éclater la table de négociation. Hier, les manuvres patronales
sont devenues tout simplement loufoques. « Les patrons ont
constamment fait marche arrière, revenant plusieurs fois sur leur
parole, mais hier, c’est devenu tout simplement ridicule », a
commenté le président du syndicat, M. Robert Bellerose.
Par ailleurs, le syndicat s’étonne des propos tenus par monsieur
François Héroux qui n’a participé à aucune rencontre de négociation
et qui témoignait au Nouvelliste que le ton était resté « correct »
de chaque côté de la table. En fait, il est plus juste de dire que
les incidents et les accrochages se sont multipliés toute la
journée, hier, à la table des négociations.
Des décideurs absents
Pour le syndicat, il est évident que les deux représentants
patronaux à la table ne disposent d’aucune marge de manuvre pour
régler quoi que ce soit. Parce qu’ils ne possèdent pas de mandat,
les porte-parole de l’UQTR multiplient les caucus avec leurs
propres patrons. Ces consultations patronales prennent souvent des
heures et retardent d’autant le bon déroulement des négociations.
Après un mois de grève, tandis que la haute direction de l’UQTR se
plaint toujours de l’absence des chargés de cours en classe, les
véritables décideurs patronaux ne daignent toujours pas se
présenter à la table des négociations.
Des négociations au ralenti
C’est à pas de tortue que les pourparlers progressent. Hier
(mardi), au moment de conclure un texte simple, après plus d’une
heure de consultation avec la haute direction, l’UQTR a refusé un
texte qui précisait « l’UQTR entreprendra toutes les démarches? » et
a proposé comme seul texte acceptable « l’UQTR entreprendra les
démarches? ». Le plus sérieusement du monde, le porte-parole
patronal a alors affirmé qu’il refusait le mot « toutes », ce qui a
suscité l’éclat de rire général à la table syndicale.
Par ailleurs, lors de la séance de lundi, un des deux représentants
patronaux a dû s’absenter de la table pour des raisons de santé
d’un de ses membres de la famille, laissant seul à la table le
porte-parole patronal. Le syndicat comprend cette situation
d’urgence et ne tient aucunement rigueur à qui que ce soit d’une
telle situation.
En début de séance hier (mardi), les représentants patronaux ont
présenté un projet de lettre d’entente à être signée. Plus tard,
dans la journée, le syndicat a apposé sa signature au bas de la
lettre d’entente comme prévu. Le porte-parole patronal a d’abord
hésité à apposer sa propre signature pour finalement le faire, mais
seulement après que son collègue lui a signifié qu’il « faut être
conséquent avec soi-même ». Puis, le document signé a été jeté par
terre avant d’être récupéré par le porte-parole syndical qui a
demandé « de ne plus recommencer ça ». Mais, l’histoire ne s’arrête
pas là. Quelques minutes plus tard, après un autre interminable
caucus patronal, le représentant de l’UQTR a demandé de retirer la
lettre qu’il venait pourtant de signer ! Il ne désirait plus signer
son propre document !
Pour le Syndicat, une telle attitude nuit à la bonne marche des
négociations et n’avait pour but que de ralentir les actuelles
négociations qui malgré tout n’ont cessé de progresser depuis le
début de la grève. Il n’y a pas à douter que cette attitude visant
à ralentir les négociations constitue de la provocation à l’endroit
des étudiants et entraîne l’Association générale des étudiants à
pousser les hauts cris. Rappelons par ailleurs que la rectrice
avait assuré à la présidente de l’AGEUQTR, au début de la grève,
que monsieur Héroux irait joindre son équipe de négociateurs à la
table, ce qui ne s’est jamais réalisé comme on le sait.
Si la table syndicale est composée de cinq personnes, dont le
président du syndicat, du côté de l’UQTR il n’y a que deux
personnes, le directeur des relations de travail monsieur Éric
Hamelin (le 7e à ce titre à l’UQTR dans les 12 dernières années) et
un cadre affecté aux relations de travail, monsieur Marc-André
Gilbert. En aucun moment, depuis le début des négociations, la
partie patronale n’a élargi sa table. Même après un mois de grève,
ni le vice-recteur François Héroux ni la rectrice Claire De La
Durantaye n’ont cru bon de participer aux discussions. Lundi matin,
monsieur Marc-André Gilbert déclarait à un chargé de cours venu
manifester : « Je ne suis qu’un pion dans cette histoire. »
Jean Charest appuie les revendications des chargés de cours
En entrevue sur les ondes de CHLN hier (mardi), le chef de
l’Opposition officielle et du parti libéral du Québec Jean Charest
a appuyé les demandes des chargés de cours. Monsieur Charest a
déclaré : « Je peux vous confirmer que ces gens-là travaillent très
fort. Il y a un problème depuis très longtemps qui touche non
seulement la rémunération, mais l’organisation du travail sur
l’université parce que s’ils portent plus de 50% de l’enseignement
à un coût moindre, c’est donc dire qu’il y a un déséquilibre dans
le fonctionnement. Et ça veut dire que les chargés de cours ont une
cause juste à défendre et qu’il faudra, effectivement, des
ressources pour les appuyer. » Monsieur Charest a aussi ajouté qu’il
« va falloir les payer plus cher parce qu’ils ne sont pas rémunérés
à un coût très élevé ».