Plus de questions que de réponses
2 septembre 2004
Trois-Rivières, le jeudi 2 septembre 2004
– Alors que, à compter de mardi, le Conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) se
penchera sur la transaction concernant le réseau Radiomédia, pour
les employés de CHLN, l’avenir de la station de radio devient de
plus en plus nébuleux. Et les récentes sorties publiques de la
direction de Corus ont apporté plus d’interrogations que de
réponses.
«C’est très inquiétant, a commenté
Robert Pilotte, animateur-vedette de CHLN. On se demande ce
qu’il restera de CHLN. La production locale sera limitée à 4 heures
par jour, c’est-à-dire 20 heures par semaine, et on ne sait pas ce
qu’il adviendrait d’une émission d’affaires publiques comme Omnibus
ou encore de la nouvelle émission de retour à la maison. C’est
vraiment très inquiétant. On voit mal comment cela pourrait être un
plus pour la Mauricie, a-t-il ajouté.»
Dans une lettre ouverte parue vendredi dernier dans le quotidien Le
Nouvelliste, la direction de Corus écrivait que «CHLN, la seule
station AM de la région, serait axée uniquement sur
l’information à raison de quatre heures locales par jour, soit
entre 7 h et 9 h le matin, de 12 h à 13 h et de 17 h à 18 h. [?] La
formule serait orientée «nouvelles d’abord» et affaires publiques
si nécessaire.» (C’est nous qui soulignons.)
Le plan de Corus
Selon le plan de Corus Entertainment, la salle de nouvelles de
CKAC, la tête du réseau Radiomédia, passerait de 20 à trois
journalistes. La plus vieille radio privée francophone deviendrait
une station «sport et santé». D’autre part, Corus a précisé exclure
tout contenu controversé ou politique de la programmation de CKAC.
Est-ce à dire que la discussion des décisions gouvernementales en
matière de santé n’aurait plus sa place? Et qu’en serait-il de
CHLN? Est-ce que ces restrictions seraient imposées à tout le
réseau ? Autant de questions qui restent, à ce jour, sans réponse.
Toujours selon Corus, CHLN pourrait s’alimenter en contenu à trois
sources externes pour compenser la perte de production locale. Ces
trois sources seraient INFO 690, CKAC (ses trois journalistes) ou
le nouveau FM parlé 98,5. Ces trois sources étant montréalaises, on
estime que le contenu diffusé sur les ondes trifluviennes sera
nécessairement très «montréalisé».
La FTQ s’inquiète elle aussi
Manon Lupien, présidente du conseil régional FTQ
Mauricie-Centre-du-Québec, nourrit les mêmes inquiétudes que le
personnel de CHLN. «Déjà qu’une partie de la population est
privée de ses nouvelles locales à la télévision, ce serait vraiment
dommage qu’en plus nous perdions nos émissions de radio
locales, a-t-elle déploré. Dans les rencontres que je fais, peu
importe les secteurs, que ce soit dans l’éducation, les services
sociaux ou encore les municipalités, les gens me disent qu’ils
veulent plus de contenu local, pas moins, a précisé Manon Lupien
qui a assuré les employés de CHLN du soutien de la FTQ. D’ailleurs,
a-t-elle ajouté, il faut féliciter la direction locale de CHLN
qui a récemment décidé d’ajouter une nouvelle émission en fin
d’après-midi.»
Des appuis
À la grandeur du Québec, les appuis en faveur des employés de
Radiomédia se sont multipliés. La campagne Internet Sauvons
Radiomédia a permis d’obtenir l’appui de 7200 personnes à ce jour.
Localement, au sanctuaire Notre-Dame-du-Cap, une pétition a
recueilli près de 1000 noms avant d’être transmise au CRTC.
Plusieurs groupes ont aussi soulevé de vives inquiétudes au sujet
de la transaction qu’examinera le CRTC. Parmi eux, soulignons la
Fédération professionnelle des journalistes du Québec et le
gouvernement du Québec qui, de façon exceptionnelle, s’est adressé
au CRTC. De nombreux appuis sont aussi venus de députés (ou de
caucus) de tous les partis politiques provinciaux.
CHLN et Radiomédia
Fondée en 1937, CHLN a d’abord été la station du journal Le
Nouvelliste pour devenir, au fil des années, la station de
référence en Mauricie. CHLN a accueilli derrière ses micros de
jeunes animateurs dont les noms font désormais partie de la grande
histoire québécoise, Félix Leclerc, Lise Payette, Pierre Bourgault
et Georges D’Or y ont travaillé. Aujourd’hui, CHLN reste la seule
station de radio parlée de Trois-Rivières et l’un des principaux
lieux des débats publics de la Mauricie.
Le réseau Radiomédia est né en 1995 de la fusion des réseaux
Télémédia et Radio Mutuel. Cette fusion visait à consolider
financièrement les grandes stations de radio AM du Québec et leurs
services d’informations. Il est le seul réseau privé d’information
radio d’envergure nationale au Québec. Ce service est une source
indépendante et dessert une cinquantaine de stations de radio dans
toutes les régions de la province.
Le SCFP
Le SCFP représente la majorité du personnel du réseau Radiomédia
(CKAC, CHRC et CHLN) et compte au total 7000 membres dans le
secteur des communications au Québec. Il est présent, entre autres,
dans les domaines de la télévision (réseau TVA, Radio-Canada, Can
West Global, Radio-Nord, TQS), de la radio (CKAC, CHRC, CHLN,
CIMF), de la téléphonie (Télus Québec), de la télédistribution
(Vidéotron, Cogéco), de la cinématographie et la postproduction
(ONF, Covitec, Technicolor), ainsi que de la presse écrite (Journal
de Québec, La Presse, quotidien Métro).