Journée d’action pour la santé et la sécurité dans les ports
15 octobre 2009
Montréal, le
jeudi 15 octobre 2009 Aujourdhui, les débardeurs
québécois lancent un cri du cur, les accidents se multiplient sur
leurs lieux de travail et les employeurs font la sourde oreille.
Tôt ce matin, des dizaines de membres du SCFP des ports de Québec,
Trois-Rivières, Bécancour, Sorel et Montréal portaient un chandail
noir, couleur de deuil, pour symboliser la menace qui plane chaque
jour sur leur vie et leur santé.
Des
événements en cascade
Au cours des trois dernières années, les débardeurs ont constaté un
accroissement des incidents liés à la sécurité, et un laxisme
marqué de la partie patronale sur ces questions. Par exemple, un
jeune travailleur a eu la jambe sectionnée par un câble au port de
Bécancour en décembre 2007. Cela a donné lieu à une enquête
policière et le Procureur général pourrait bien déposer des
accusations criminelles. De plus, à Trois-Rivières depuis 2007, on
a relevé une douzaine dincidents sérieux : entorses, blessures au
cou ou au dos, hernies, lacérations, contusions, ou mains ou doigts
écrasés.
À Sorel, même réalité, même types daccidents, et dautres encore :
doigts sectionnés, blessures au crâne ou à la jambe causées par une
chute de matériel, ou parce quon est heurté par la charge dun
chariot élévateur.
À Montréal, en février 2008, un débardeur sest retrouvé suspendu à
un conteneur à plus de 60 pieds dans les airs, il sen est
heureusement sorti indemne.
Un laisser-aller inquiétant
À Montréal toujours, le syndicat dénonce aussi labsence dun plan
de circulation et de délimitation des zones à risque. Plusieurs
fois par année, des conteneurs de cinq tonnes tombent dune hauteur
de plus de 25 pieds à cause des bourrasques de vent. Selon le
syndicat, lemployeur ne prend aucune précaution à cet égard car,
jusquà maintenant, cela na pas fait de victime.
Enfin, à Québec, les syndiqués se plaignent de devoir travailler en
présence de matières dangereuses ou cancérigènes sans que toutes
les précautions ne soient prises. Citons par exemple, le nettoyage
trop rare des filtres des masques à gaz, labsence de sas ou de
douches conformes, la présence dans lenvironnement de matières
toxiques volatiles.
«On ne devrait pas perdre sa vie
à la gagner, lance Michel Bibeault, directeur-adjoint du
SFCP au Québec. Aujourdhui, on
sonne lalarme. La situation se dégrade et on ne sent, dans la
plupart des ports, aucune volonté de redresser la barre pour offrir
aux débardeurs des conditions de travail sécuritaires. Sinon, on se
renvoie la balle en se chicanant sur qui est le véritable employeur
et on sévit contre les délégués en santé et sécurité. Cest très
préoccupant et totalement inacceptable.»
Un employeur qui tente dimposer
le silence
La situation la plus scandaleuse pour le SCFP, cest au port de
Québec quon la retrouve. Deux représentants en santé-sécurité du
syndicat local ont subi des représailles de la part de lemployeur.
Lun deux a été suspendu pour près de trois mois et lautre a été
carrément congédié. «On ne peut
tolérer que des militants syndicaux soient punis parce quils
tentent dassurer la sécurité de leurs collègues. De toute
évidence, il y a de très graves lacunes en ce qui concerne la
sécurité dans les ports québécois. Ce nest pas en ignorant le
problème ou en bâillonnant ceux qui cherchent à le régler que lon
va protéger adéquatement ces travailleurs et travailleuses qui
exercent un métier exigeant et dangereux. Admettre les dangers
inhérents à cette profession doit entraîner lobligation de mettre
en place les précautions qui simposent pour le bien-être de nos
membres», de conclure Lucie Levasseur, présidente du
SCFP-Québec.
Comptant près de 105,000 membres au Québec, le SCFP est présent
dans plusieurs secteurs dactivités, entre autres, la santé et les
services sociaux, léducation, les universités, les municipalités,
lénergie les transports urbain et aérien, les communications, les
sociétés dÉtat et organismes publics québécois. Il est aussi le
plus important syndicat affilié de la FTQ.