Grève des chauffeurs d’autobus à Sherbrooke – LES CHAUFFEURS VEULENT UNE VRAIE NÉGOCIATION
3 septembre 2002
Sherbrooke, le mardi 3 septembre 2002 – Les chauffeurs
d’autobus de la Société de transport de Sherbrooke (STS) ont
débrayé à compter de 5 heures 15, ce matin. Outre le transport
adapté qui n’est pas affecté par la grève, il n’y aura donc pas de
service de transport en commun à Sherbrooke aujourd’hui. Par ce
débrayage, les chauffeurs veulent dénoncer les tergiversations de
l’employeur à la table des négociations.
Pas de pause-café pour les chauffeurs
d’autobus!
Contrairement aux autres employés de la STS, les chauffeurs n’ont
pas droit à l’usuelle pause-café pendant leur journée de travail,
ni non plus à une pause-repas. Dans l’esprit des chauffeurs
d’autobus, la STS abuse de sa position d’autorité quand elle refuse
de discuter de sujets comme les pauses-café et les pauses-repas. Du
côté des chauffeurs, on parle de deux pauses-café de 15 minutes par
jour. Les chauffeurs estiment cette demande tout à fait raisonnable
d’autant plus que les autres employés de la STS bénéficient déjà de
telles pauses.. Après quatre mois de négociation, l’employeur n’a
toujours pas répondu au syndicat sur ce point.
« C’est ce genre de comportement à la table des négociations qui
alimente la colère des chauffeurs », fait remarquer Jean-Pierre
Roy conseiller syndical. « Sur des enjeux aussi simples que la
prise de pauses-café, quand l’employeur n’a rien à dire, c’est
décourageant », poursuit Jean-Pierre Roy. « Il n’y a pas
grand monde qui accepterait de travailler toute une journée sans
disposer de cinq minutes pour aller aux toilettes et d’un peu de
temps pour manger », fait remarquer le représentant syndical.
« La grève, c’est la réponse des chauffeurs au manque de sérieux
du dépôt patronal de jeudi dernier », ajoute encore le
représentant du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
Une reprise du service n’est pas exclue
Rappelons qu’en juin, la partie syndicale avait signifié un avis de
grève pour le 28 juin. Cet avis devait par la suite être retiré à
la suite à la séance de négociation du 21 juin. À ce moment, la
partie syndicale considérait que la STS s’était engagée à tenir
compte des points soumis par le syndicat et avait promis de faire
ses devoirs, entre autres, sur la question de la parité (entre les
employés) au sein de la STS et sur la question de l’équité
salariale. Or, à la séance de négociation du 29 août, la partie
patronale n’a pas respecté son engagement du mois de juin, ce qui a
remis le feu aux poudres et provoqué l’arrêt de travail de ce
matin.
Toutefois, pour le syndicat, la grève commencée ce matin n’est pas
illimitée, mais plutôt d’une durée indéterminée. Il n’est donc pas
totalement exclu que les chauffeurs puissent repousser leur grève
et reprendre le service dans les prochains jours, comme ils l’ont
fait en juin. Mais pour cela, les représentants syndicaux devront
être en mesure de convaincre leurs membres que l’employeur
s’apprête réellement à faire des offres sérieuses et
substantielles.
Des enjeux plus sensibles que d’autres
La pomme de discorde entre la STS et les chauffeurs d’autobus
touche plusieurs points. Parmi ceux-ci, outre la question des
pauses déjà évoquée, on retrouve l’amplitude des journées de
travail, la question salariale, la reconnaissance des années
accumulées au transport adapté ou scolaire, la sous-traitance, le
transport par navette aux différents points de travail, ainsi que
les demandes patronales sur l’introduction de chauffeurs à temps
partiel. Cette dernière question a d’ailleurs fait l’objet de deux
négociations précédentes, dont la dernière marquée elle aussi par
une grève.
La Ville de Sherbrooke sous-finance la STS
Un chauffeur d’autobus reçoit une rémunération fixe de 18,65 $
l’heure, peu importe l’ancienneté. Le comité d’équité salariale
formé par la STS a conclu que le salaire du chauffeur devrait se
situer autour de 22 $ l’heure. Quand on compare la STS avec les
autres sociétés de transport ailleurs au Québec, il ressort que les
salaires des chauffeurs de la STS sont en retard sur les autres.
À Sherbrooke, la part municipale du budget de la STS n’est que de
26 %, loin derrière les 35 % de Longueuil, les 42 % de Québec ou
les 53 % de Laval, toutes des villes qui fournissent un service de
transport en commun à leurs citoyens. C’est dans ce contexte que
les chauffeurs de la STS réclament la parité avec les autres
chauffeurs du transport urbain, ailleurs au Québec et affirment
qu’ils font actuellement les frais du sous-financement de la STS
par la Ville.
Le contrat de travail des chauffeurs d’autobus de la STS est échu
depuis le 28 février 2002 et les parties sont en négociation depuis
quatre mois. Le 11 juin dernier, c’est à l’unanimité que les
chauffeurs d’autobus ont confié à leur exécutif syndical le mandat
d’entreprendre des moyens de pression pouvant aller jusqu’à la
grève. La prochaine séance de négociation entre les parties est
prévue pour le jeudi 5 septembre.
Outre les quelque 115 chauffeurs de la STS regroupés au sein de la
section locale 3434, le SCFP représente 6 500 membres dans le
transport urbain au Québec. En plus de ce secteur d’activité, le
SCFP est présent dans 10 autres secteurs, entre autres, les
universités, la santé et les services sociaux, l’éducation, les
municipalités, le transport aérien et les communications. Comptant
au total près de 100 000 membres au Québec, il est le plus
important syndicat affilié de la FTQ.