Fonds canadien de télévision – LE SCFP S’INTERROGE SUR LA PERTINENCE DU SYSTÈME
7 mai 2003
Montréal, le mercredi 7 mai 2003 – Dans la saga entourant le
manque à gagner de 25 millions du Fonds canadien de télévision,
devant la réaction des producteurs, des diffuseurs et la
valse-hésitation des ministres Copps et Manley, peu d’intervenants
se sont questionnés publiquement sur le bien-fondé du système
actuel. Le Conseil provincial du secteur des communications (CPSC)
du SCFP, lui, fait une proposition originale : pourquoi ne pas
profiter de la crise actuelle pour réfléchir sur le meilleur moyen
de soutenir la production télévisuelle au pays?
Nous souhaitons tous un financement adéquat
pour des productions télévisuelles diversifiées et créatrices.
Mais, la subvention publique de producteurs privés est-elle la
meilleure solution? On peut légitimement en douter, surtout que les
producteurs recevant des sommes importantes de l’État n’ont, par la
suite, aucun compte à rendre sur leur utilisation. «Nous
pataugeons depuis des années dans un système où l’imputabilité des
principaux acteurs est nulle. C’est extraordinaire quand on y
pense! L’État verse des sommes importantes à des gens qui, par la
suite, en font ce qu’ils veulent, pourvu qu’il y ait une émission
de télé en bout de ligne», affirme Jacques Denommé, le nouveau
président du CPSC.
Cette situation, pour le moins étrange, peut entraîner toutes
sortes de dérapages et d’excès. Normalement, on ne distribue pas
les fonds publics sans avoir un certain contrôle sur ce qu’il en
advient. C’est un état de fait également dénoncé par certains
comédiens, forcés de s’exprimer sous le couvert de l’anonymat pour
ne pas subir les représailles des producteurs indépendants (voir le
Journal de Montréal du 30 avril, page 71).
Jacques Denommé doute toutefois de la gravité réelle de cette
crise, «Si les coupures annoncées sont si terribles, pourquoi
donc les producteurs indépendants n’ouvrent-ils pas leurs livres
comptables pour nous démontrer, noir sur blanc, la fragilité de
leur situation financière et l’impossibilité qu’ils ont de
continuer à produire certaines émissions? Depuis des années, les
producteurs privés dégagent une importante marge de profit,
pourquoi ne pas la réduire un peu pour sauver certaines
émissions?».
Les économies théoriquement engendrées par la production
indépendante n’ont jamais été prouvées et le Fonds subit
aujourd’hui ses premières compressions. Il est peut-être temps,
selon le CPSC, de miser sur les productions internes, sur les
artisans qui font de la télévision depuis des années et qui ont
démontré leur savoir-faire. Sans la concurrence déloyale des
producteurs indépendants, présentement érigée en système, il est
tout à fait possible d’envisager un tel virage, ce qui est
d’ailleurs le vu des travailleurs du milieu. Cela serait un moyen
efficace et peu coûteux pour les contribuables d’assurer une
production télévisuelle dynamique et originale.
Comptant 7000 membres dans les communications au Québec, le SCFP
est présent dans plusieurs autres secteurs, notamment la santé et
les services sociaux, l’éducation, les transports urbain et aérien,
les sociétés d’État et organismes publics québécois,
l’hydroélectricité et les municipalités. Avec près de 100,000
membres, le SCFP est le plus important affilié de la FTQ.