Des propos indignes du maire d’une grande ville
31 octobre 2012
Québec, le
mercredi 31 octobre 2012 Chassez le naturel et il revient
au galop, dit ladage. Une fois de plus, le maire Régis Labeaume y
est allé dune diatribe à lendroit des employés de la deuxième
plus grande ville du Québec. Pour les représentants syndicaux des
cols bleus, de tels propos sont tout simplement indignes de la
fonction quil occupe.
«Que le
maire sen prenne à notre syndicat ou aux syndicats en général,
cest une chose. Mais quand il sattaque directement aux salariés,
aux employés eux-mêmes, il dépasse les bornes, a commenté le
président du syndicat des employés manuels (SCFP 1638), Marc-André
Dufour. Le maire devrait se
montrer digne de sa fonction.»
«On peut comprendre,
a-t-il ajouté, que le maire soit
frustré de tous ses revers juridiques face aux cols bleus. Mais de
notre côté, nous navons pas lintention de le suivre sur cette
voie et de proférer des insultes à tout vent. On va laisser ça au
maire qui semble vouloir en faire sa marque de commerce.»
En ce qui concerne les deux employés visés par les propos du maire,
il appert que les deux absences sont pleinement justifiées. Un des
deux employés est maintenant en arrêt de travail pour une semaine
sur ordre de son médecin. Quant à lautre, il avait été incapable
de compléter son quart de travail samedi en raison de ses malaises
(la veille de labsence dénoncée par le maire). Le contremaître
responsable était dailleurs bien au fait de létat de santé de ce
dernier employé. Dautre part, au plus tard dimanche matin, la
Ville savait que les deux employés en question ne pourraient
assumer leurs quarts qui commençaient respectivement à 15 et 16
heures.
Du côté syndical, on se demande ce que cherche le maire en jetant
constamment de lhuile sur le feu. «Soit il ne contrôle pas ses émotions et son
caractère, soit il cherche délibérément laffrontement avec les
cols bleus. Mais dans un cas comme dans lautre, ce nest pas
glorieux», a ajouté le président du syndicat affiliés au
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
Non sans humour, du côté syndical, on se dit quon «va maintenant attendre le moment où le maire
va présenter ses excuses pour mieux recommencer le
lendemain».
Négociations retardées
Prévue pour ce matin, la séance de négociation entre la Ville de
Québec et les cols bleus a été annulée, en raison de la tempête
médiatique. «Nous avons avisé la
conciliatrice que nous ne pourrions être à la table des
négociations ce matin, a précisé le négociateur et conseiller
syndical Eddy Jomphe, ajoutant du même souffle que « le tout va se
poursuivre demain comme cela était prévu; nous pouvons
difficilement vous répondre à vous les médias et être à la table en
même temps.»
Toujours en négociation
Les cols bleus sont au nombre denviron 1350 et navaient pas
exercé de droit de grève depuis plus de 25 ans.
Les rencontres de négociation entre les parties ont repris en
septembre et se déroulent en présence dune conciliatrice du
ministère du Travail.
Depuis le 24 mai, les cols bleus sont en grève légale des heures
supplémentaires, le tout encadré par les dispositions légales sur
les services essentiels. Ils sont sans contrat de travail depuis le
31 décembre 2010. Les négociations entre les cols bleus et la Ville
de Québec ont commencé en février 2011. En novembre 2011, les cols
bleus ont demandé lintervention dun conciliateur du ministère.
Rappelons que les pourparlers entre les parties sétaient rompus
abruptement le jeudi 12 avril quand les cols bleus avaient
découvert une note interne du directeur général de la Ville
préfigurant des compressions à grande échelle. Tout en
reconnaissant lexistence de ce document, le maire Labeaume en
avait minimisé limportance disant quil ne sagissait que du
travail « dun fonctionnaire », rien de plus quun « document de
travail ». Le 17 avril, la Ville a tout de même procédé à la mise à
pied de 162 employés auxiliaires.
Cette manuvre avait été contestée devant la CRT qui avait conclu
quil sagissait dun lock-out illégal et de représailles à
lendroit des syndiqués
(http://www.crt.gouv.qc.ca/uploads/tx_crtdecisions/2012_QCCRT_0198_01.pdf).
Tout en notant que la population navait pas reçu les services
auxquels elle était en droit de sattendre, la CRT avait ordonné le
retour au travail des 162 auxiliaires.
Le 17 avril, plus de 950 employés cols bleus ont participé à un
vote secret et ont accordé à leur direction syndicale le mandat de
déclencher la grève au moment jugé opportun.
Autre revers pour la Ville
Le 9 octobre 2012, un arbitre du travail a donné raison au syndicat
des cols bleus dans un litige concernant la sous-traitance dune
partie de la cueillette des ordures ménagères. La décision porte,
entre autres, sur lapplication de la clause 23.02 du contrat de
travail collectif des cols bleus. Cette clause stipule que «
lemployeur sengage à maintenir la quantité de travaux
actuellement effectués par les employés ».
Voici quelques extraits de la décision arbitrale. La sentence
arbitrale peut être consultée dans son intégralité à ladresse
http://scfp.qc.ca.web5.cbti.net/librairies/sfv/telecharger.php?fichier=19598
.
Le SCFP
Comptant plus de 111,000 membres au Québec, le SCFP représente
environ 70% de lensemble des employés municipaux au Québec, soit
31,110 membres. Le SCFP est de plus présent dans les secteurs
suivants : les affaires sociales, les communications, léducation,
lénergie, les sociétés dÉtat et organismes publics, les
transports aérien et urbain, le secteur mixte, ainsi que les
universités.